La question du traitement de l’information par les médias de service publics est au centre des préoccupations dans un contexte où le public, ouvert au monde extérieur, est de plus en plus exigeant. C’est dans cette dynamique que Dr Bangaly Camara, ancien directeur général de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC) de Kountia, a animé une conférence de presse ce jeudi, 12 septembre 2024 à l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Conakry. La rencontre portait sur le thème « Gouvernance participative : levier de transformation des médias d’État en médias de service public efficaces et performants ». Dans son intervention, le conférencier a abordé le sujet sous plusieurs angles, explorant les contextes mondial, africain et guinéen. Il a également défini les concepts clés de gouvernance, gouvernance participative, médias d’État et médias de service public, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
S’agissant des défis rencontrés par les médias d’État en Afrique, et plus particulièrement par la Radio-télévision guinéenne (RTG), le conférencier a proposé des pistes de solutions. Il a notamment plaidé pour l’adoption de la gouvernance participative, afin de moderniser ces médias et les rendre plus performants.
Selon Dr Bangaly Camara, la gouvernance participative permet d’impliquer toutes les parties prenantes dans l’atteinte des objectifs communs de l’organisation. Ce mode de gestion libère les initiatives, encourage la créativité et l’innovation, et améliore l’engagement des employés. De plus, il favorise une meilleure circulation de l’information, une décentralisation des décisions, et crée un climat de confiance et de transparence, propice au développement individuel et collectif.
Abordant la transformation des médias d’État en Afrique, l’ancien DG de l’ISIC de Kountia a souligné que l’émergence de nouvelles sources d’information a profondément bouleversé le paysage médiatique. « L’espace médiatique national est aujourd’hui saturé de multiples canaux d’informations. Les publics, plus exigeants, s’intéressent à des contenus variés, souvent créés sur Internet, répondant à leurs besoins spécifiques. Face à cela, les médias d’État peinent à évoluer, toujours figés dans des pratiques héritées de l’ère révolutionnaire », a-t-il affirmé.
Dr Bangaly Camara a ensuite détaillé les obstacles psychologiques et organisationnels qui freinent la mutation des médias publics en Guinée. Il a évoqué trois principales influences contradictoires : l’ingérence de l’État dans la ligne éditoriale, l’absence d’indépendance des régulateurs, et les attentes élevées d’un public de plus en plus informé et critique.
Concernant la RTG, le conférencier a identifié un « facteur cognitif » : une culture d’entreprise solidement ancrée autour de la défense des intérêts du gouvernement, et de la présentation systématique d’une image positive du pays à l’extérieur. Cette culture, combinée à un climat de peur et d’incertitude parmi les journalistes, limite la liberté d’expression et entrave la professionnalisation des médias publics.
En conclusion, Dr Bangaly Camara a noté que la ligne éditoriale actuelle de la RTG est en décalage avec les valeurs de liberté d’expression et d’objectivité. Selon lui, cette ligne, exclusivement centrée sur la préservation de la paix et de l’unité nationale, empêche toute tolérance envers des opinions divergentes. Les journalistes de la RTG se retrouvent ainsi dans une situation où l’impartialité et l’objectivité deviennent presque impossibles, leur travail étant orienté vers la promotion des actions gouvernementales, au détriment de l’éthique professionnelle. Il a enfin évoqué d’autres freins à la modernisation, notamment le manque d’infrastructures techniques et managériales.
Mamadou Laafa Sow et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com
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