Soudan : l’UNESCO sonne l’alarme face aux menaces de trafic illicite de biens culturels

Paris, le 12 septembre 2024 – L’UNESCO est vivement préoccupée par les récents rapports faisant état de possibles pillages et dégradations perpétrés par des groupes armés dans plusieurs musées et institutions patrimoniales du Soudan, dont le Musée national. L’Organisation appelle la communauté internationale à faire tout son possible pour protéger le patrimoine soudanais de la destruction et du trafic illicite.

Depuis le début des hostilités en avril 2023, l’UNESCO suit de près l’impact de cette crise sur le patrimoine soudanais, ses institutions culturelles et ses artistes. Au cours des dernières semaines, les menaces sur la culture semblent avoir atteint un niveau sans précédent, comme en témoignent les rapports de pillage de musées, de sites patrimoniaux et archéologiques et de collections privées.

L’UNESCO rappelle que toutes les parties ont l’obligation de respecter le droit international humanitaire en s’abstenant d’endommager, de piller ou d’utiliser des biens culturels à des fins militaires. L’Organisation est particulièrement préoccupée par les rapports de pillage du Musée national du Soudan, dont elle coordonnait la restauration depuis 2019 grâce à un financement de l’Italie. Il contient d’importantes antiquités, des statues ainsi que des collections archéologiques de grande valeur historique et matérielle.

Plusieurs autres collections majeures, témoignant de la riche histoire du Soudan, ont été signalées comme volées au Khalifa House Museum et au Nyala Museum. L’UNESCO est en train de vérifier l’ensemble des informations reçues pour évaluer l’étendue exacte des dommages.

L’UNESCO appelle de nouveau le public et les membres du marché de l’art, impliqués dans le commerce de biens culturels dans la région et à travers le monde, à s’abstenir d’acquérir ou de participer à l’importation, à l’exportation ou au transfert de biens culturels en provenance du Soudan. Toute vente ou déplacement illégal de ces biens entraînerait la disparition d’une partie de l’identité culturelle soudanaise et compromettrait le redressement du pays.

Formation de la police des pays voisins

L’UNESCO va continuer à renforcer ses actions pour prévenir de tels trafics. D’ici la fin de l’année, elle organisera une formation au Caire (Égypte) pour les forces de l’ordre et les acteurs des systèmes judiciaires des pays limitrophes du Soudan. Grâce à l’imagerie satellitaire, l’Organisation surveille également l’état des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial – « Gebel Barkal et les sites de la région napatéenne » et les « Sites archéologiques de l’île de Méroé » – ainsi que d’autres sites historiques du pays.

Par ailleurs, l’UNESCO a contribué à mettre en œuvre de mesures d’urgence dans cinq musées archéologiques du Soudan[1] : les collections menacées ont été soigneusement emballées puis mises en sécurité, des abris sécurisés ont été spécialement aménagés plus de 1 700 objets ont été inventoriés et numérisés, etc.

Enfin, l’Organisation a apporté son soutien aux professionnels de la culture soudanais déplacés à l’intérieur du pays, en créant un centre à Port-Soudan leur permettant de poursuivre leurs activités artistiques en lieu sûr, et de travailler en réseau, discuter des défis communs, développer de nouvelles compétences et connaissances et interagir avec la communauté locale.

[1] Musée de Kerma, musée de Gebel Barkal, Red Sea Museum, musée de El Damer et musée de Sannar.

À propos de l’UNESCO

Avec 194 États membres, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture contribue à la paix et à la sécurité en promouvant la coopération multilatérale dans les domaines de l’éducation, de la science, de la culture, de la communication et de l’information. L’UNESCO coordonne un réseau de plus de 2000 sites inscrits au patrimoine mondial, de réserves de biosphère et de géoparcs mondiaux ; de plusieurs centaines de villes créatives, apprenantes, inclusives et durables ; et de plus de 13 000 écoles associées, chaires universitaires, centres de formation et de recherche. Basée à Paris, l’Organisation dispose de bureaux dans 54 pays et emploie plus de 2 300 personnes. Sa Directrice générale est Audrey Azoulay.

« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » – Acte constitutif de l’UNESCO, 1945.

Plus d’information : www.unesco.org

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