Mamadou Saliou Barry, coordinateur national de la maison des associations et ONGs de Guinée (MAOG) a tiré la sonnette d’alarme sur la marginalisation croissante des organisations non gouvernementales (ONG) en matière de financement. Selon lui, les ressources qui devraient soutenir les initiatives de développement communautaire et social sont détournées au profit des mouvements de soutien, souvent entretenus par les autorités du pays et certains leaders politiques.
Lors d’un entretien exclusif accordé à un journaliste de Guineematin.com hier, jeudi 12 septembre 2024, Mamadou Saliou Barry, a dénoncé le manque de financement adéquat pour les ONGs et associations, des structures pourtant essentielles pour le développement socio-économique du pays.
Or, selon le coordinateur national, ces ONGs et associations jouent un rôle important dans l’amélioration des conditions de vie des populations et la mise en œuvre de projets de développement durable. Cependant, à l’en croire, ces acteurs clés se trouvent très souvent relégués au second plan au détriment des mouvements de soutien qui, selon lui, bénéficient de l’attention des autorités et des fonds publics pour des fins politiques.
« Dans tous les départements ministériels, il y a toujours des volets de développement et de jeunesse, etc. Comme il s’agit de la jeunesse, je crois qu’il est plus important de mettre l’accent sur le ministère de la jeunesse où il y a des fonds d’appui au niveau des projets de jeunesse. Les jeunes, aujourd’hui, ont des projets de développement à tous les niveaux. Quand vous regardez au niveau de la MAOG, nous avons 4000 ONGs membres et affiliées. Cela veut dire qu’il y a une grande densité des organisations de la société civile. Donc, cela nécessite un appui technique et financier. Mais cela est devenu une habitude dans notre pays. On préfère financer les mouvements de soutien que de financer les projets de développement des organisations non gouvernementales. (…) 10 ans en arrière, ça a toujours été le cas. Quand les leaders politiques veulent se réunir, ils font face à la jeunesse, des femmes, et puis ils prennent de l’argent et des t-shirts qu’ils distribuent. Ce n’est pas normal. Tandis qu’en temps normal, tu ne vois pas ces genres d’appui des organisations de jeunesse. J’ai vécu dans une préfecture où les ONGs ont monté un projet d’assainissement qui ne coûte même pas 10 millions, mais qui a fait deux ans dans les tiroirs des autorités locales sans financement ni d’accompagnement technique », a-t-il affirmé.
Récemment propulsé à la tête de la maison des associations et ONGs de Guinée (MAOG), Mamadou Saliou Barry, entend pleinement jouer son rôle d’interface entre les autorités, les associations et ONGs de Guinée. C’est pourquoi il invite le gouvernement à faire plus en faveur de ces acteurs du développement. Ce, malgré des efforts déjà fournis à travers la création des fonds d’aide aux jeunes.
« Il y a des fonds aujourd’hui comme le FONIJ, ANVJ. Il y a plusieurs fonds qui ont été mis en place par l’État malgré la lenteur et la difficulté d’absorption de ces fonds. Nous voyons l’existence, mais il faut qu’ils soient proactifs dans l’appui des organisations non gouvernementales. Par endroits, l’État fait beaucoup d’efforts, mais il reste beaucoup à faire. Puisque nous sommes en période de transition, nous avons vraiment besoin d’être accompagnés afin de revenir sur des questions essentielles », a lancé le coordinateur national.
Dans son appel aux dirigeants et aux acteurs politiques, le coordinateur national de la MAOG a insisté sur la nécessité d’une prise de conscience collective. Il invite les autorités à repenser leurs priorités et à diriger davantage les fonds publics vers les jeunes porteurs de projets qui ont une vision à long terme pour le pays.
« L’engagement politique des jeunes, moi je l’encourage beaucoup. Mais le problème, je dirais aux autorités de penser aux ONGs, d’orienter les jeunes, de les encadrer sincèrement et de faire un suivi sur les appuis techniques. C’est-à-dire quand l’État accompagne, il faut mettre en place un organisme de suivi pour pérenniser cette action. À la veille des élections, vous pouvez venir vers ces mêmes jeunes que vous avez accompagnés pour vous accompagner dans notre processus électoral. Ce n’est pas exclu. Mais il ne faut pas maintenir les gens dans le besoin pour pouvoir toujours leur demander dans votre mouvement politique parfois qui finissent mal. Que ce soit au niveau des leaders des partis politiques, que ce soit au niveau des dirigeants qu’ils orientent leurs fonds au niveau de la réalisation des projets qui peuvent soutenir le développement de notre pays. Il faut que les gens arrêtent de prendre les jeunes qu’à la veille des élections. Pourquoi on ne peut se focaliser sur cette couche dans le cadre du développement de notre pays. Je voudrais que les autorités et les partis politiques travaillent beaucoup plus sur cet aspect », a-t-il indiqué.
En conclusion, le coordinateur de la MAOG a exprimé son souhait de voir émerger une gouvernance participative en Guinée, où les ONGs seraient consultées et impliquées dans l’élaboration des politiques publiques. Pour lui, le véritable développement passe par une coopération sincère entre les acteurs de la société civile, les autorités et les partenaires internationaux.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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