C’est un ouf de soulagement pour les 2673 familles victimes des casses de Kaporo-rails, Kipé II et Dimesse, de 1998 et 2019, dans la commune de Ratoma, à Conakry. Un domaine de plus de 200 hectares a été identifié par les autorités de la transition à Wonkifon, dans la préfecture de Coyah, pour leur recasement. La remise officielle des titres fonciers et du plan d’aménagement de ces domaines au bénéfice des victimes est prévu ce samedi 14 septembre 2024. Leur porte-parole, Mamadou Samba Sow, interrogé par un reporter de Guineematin.com ce vendredi, 13 septembre, parle d’un « ouf de soulagement » de voir le Général Mamadi Doumbouya corriger cette erreur en les rétablissant dans leurs droits.
Dans son intervention, le porte-parole des victimes du déguerpissement de Kaporo-rails, Kipé II et Dimèse, Samba Sow, a d’abord évoqué les différentes démarches menées autour de cette affaire avant d’aboutir à ce processus. « C’est un long processus qui a démarré après l’éviction du pouvoir d’Alpha Condé. Au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre 2021, nous avons interpellé les nouvelles autorités, le président de la transition en personne pour lui demander de nous rétablir dans nos droits et de mettre main aussi sur les personnes, ceux qui sont derrière la destruction de nos maisons. Après, nous avons été conviés à prendre part aux assises nationales où nous sommes allés expliquer devant l’imam de Conakry, devant l’archevêque de la capitale, et Docteur Makalé et toute l’équipe, ce que nous avons subi, preuves à l’appui. Ainsi, les autorités ont dépêché une forte équipe qui est venue rencontrer le bureau des victimes à travers la Sonapi qui relève directement de la présidence, le ministère de l’environnement, le ministère de l’habitat et autres services de l’Etat. A l’issue de ces discussions, il a été convenu de trouver un arrangement pour résoudre définitivement ce problème de Kaporo rails qui est vieux de 26 ans pour les premières victimes et de 5 ans pour nous les dernières victimes, et donc un couloir de négociations a été ouvert. Il a abouti en 2023 au recensement de l’ensemble des familles victimes de 1998 et de 2019. L’Etat a recruté un cabinet international qui a identifié les familles, et les biens perdus », a-t-il rappelé.
Par ailleurs, Samba Sow a fait savoir qu’il s’agit de façon globale de 2 673 familles victimes des casses des régimes de Lansana Conté et Alpha Condé. Pour lui cette remise officielle des titres fonciers aux victimes est un acte fort, allant dans le sens de la réconciliation entre l’Etat guinéen et la population de Kaporo rails. « Nous avons, de façon globale, 2673 familles victimes de casses des deux régimes Lansana Conté et Alpha Condé. Maintenant, ce sont ces négociations-là qui sont en train d’aboutir. Un domaine de 200 hectares et quelques a été identifié à Wonkifon, dans la préfecture de Coyah pour le recasement de ces différentes familles. La remise officielle de ces titres fonciers et du plan d’aménagement de ces domaines est prévu ce samedi 14 septembre 2024 à Coyah. Par la suite, il y aura l’aménagement et le partage des différentes parcelles. Une commission mixte composée du collectif et des services de l’Etat sera créée pour trouver ensemble un montant de dédommagement pour l’ensemble des familles victimes. Donc, c’est un ouf de soulagement pour nous de voir que le chef de l’Etat Mamadi Doumboya a décidé de corriger cette erreur, de nous rétablir dans nos droits. Parce qu’on ne peut pas vous expliquer toute la souffrance que les familles victimes ont enduré. Beaucoup sont aujourd’hui décédés, beaucoup sont malades et d’autres sont en exil, et vivent dans la précarité la plus totale. Donc, c’est un acte symbolique fort, allant dans le sens de la réconciliation entre l’Etat guinéen et la population de Kaporo rails », a-t-il lancé.
En outre, le porte-parole des victimes de Kaporo-rails dit être convaincu par les différentes démarches, car dit-il, les victimes ont été associées à tous le processus. « Depuis le début, nous avons été convaincus par les différentes démarches. Nous avons été associés au travail qui s’est passé. C’est un travail sérieux qui a été fait. Pour identifier par exemple les maisons des victimes de 2019, l’Etat a mis à dispositions des images satellite du quartier prises avant la casse. C’est ce qui a permis d’identifier les différentes maisons et d’octroyer, s’il faut dire, des codes à chaque famille. Pour celles de 1999, ce n’était pas possible parce que ça date de très longtemps. Il n’y avait pas une technologie aussi avancée. Donc, nous sommes associés à tout le processus. Il y a eu une étude d’impact environnemental et social qui a été faite parce que tout ce projet de rétablissement des victimes dans leur droit est associé à la construction de la cité administrative de Koloma. C’est dans ce volet que nous avons été pris en charge. Donc, nous ne pouvons que remercier les autorités. A partir du moment où on va nous remettre les domaines, ça sera un important pas qui aura été franchi. Le reste fera l’objet de négociations, de plaidoyer pour que nous soyons rétablis dans nos droits », a expliqué Samba Sow.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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