De nombreux acteurs politiques et de la société civile dénoncent certains contenus de l’avant-projet de la nouvelle constitution présenté par le Conseil National de Transition (CNT). De la limitation d’âge aux candidatures indépendantes à la présidentielle en passant par une éventuelle candidature des dirigeants actuels de la transition, les critiques sont acerbes. Le Parti africain de Guinée (PAG), dirigé par le doyen Elhadj Mansour Kaba, ne va pas du dos de la cuillère et prédit un rejet de la nouvelle constitution lors du référendum si des changements ne sont pas apportés à l’avant-projet. Il l’a dit à l’occasion d’une conférence de presse animée ce samedi 14 septembre 2024 à la maison de la presse sise de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers ses reporters.
Dans la journée du lundi, 29 juillet 2024, le Conseil national de transition (CNT) a procédé à la présentation de l’avant-projet de la nouvelle constitution. Depuis, plusieurs voix se lèvent pour exprimer « des manquements » par rapport audit avant-projet. C’est le cas du Parti africain de Guinée (PAG), dirigé par Elhadj Mansour Kaba.
A l’occasion de cette conférence de presse, ce candidat malheureux à l’élection présidentielle de 1993, a déclaré qu’il il y a plusieurs imperfections dans cet avant-projet denouvelle constitution. Il s’agit notamment d’un manque de « Préambule » qui devait contenir clairement la mention de la non candidature du Président du CNRD, du CNT et des membres du gouvernement. « Il s’agit de rappeler dans ce préambule les garanties promises selon lesquelles ni le Président de la transition, ni aucun membre du CNRD, du gouvernement et du CNT ne pourra être candidat aux diverses élections qui mettront fin à la transition. Ces principes ont également été retenus par la CEDEAO », dit-il.
Par ailleurs, Elhadj Mansour Kaba, âgé de 84 ans, parle d’une discrimination dans l’avant-projet de la nouvelle constitution sur la base de l’âge des candidats aux différentes élections et surtout celle présidentielle. « Le projet de constitution du CNT introduit une discrimination par l’âge des candidats aussi bien pour les jeunes âgés de moins de 35 ans que pour les vieilles personnes âgées de plus de 80 ans. Cette discrimination est intolérable car elle retire aux citoyens la liberté de voter pour les candidats de leurs choix. Le rôle d’une Constitution n’est pas d’organiser cette discrimination arbitraire et attentatoire aux droits fondamentaux des citoyens guinéens. Il faudra fixer des conditions draconiennes de santé mentale et physique, de probité morale ainsi que d’autres conditions financières pour les candidatures aux différentes élections communales, municipales, législatives et présidentielles. Mais il faut laisser aux citoyennes et aux citoyens le libre choix en matière de candidature et d’élection. On ne fait pas une constitution pour régler des comptes », assène le vieux routier de la politique.
Enfonçant le clou, le président du PAG a dit être opposé aux candidatures indépendantes à l’élection présidentielle. « Avec les grands projets miniers qui sont en cours de réalisation dans notre pays, la candidature à l’élection présidentielle ne doit en aucun cas être autorisée pour des individus incontrôlables et incontrôlés. Même si certains partis politiques sont dirigés par des leaders à la recherche d’un poste de président d’organisations politiques, ceux-ci finissent tout de même par agir sur le terrain et se faire connaitre avec le temps. Mais un candidat libre sorti de l’ombre du jour au lendemain ne peut être comparable à un candidat présenté par un parti politique fonctionnant légalement et dans la durée. Avec l’autorisation des candidatures libres, notre pays sera livré à des groupes mafieux qui utiliseront des chevaux de Troie dociles et apatrides. Ce sera le meilleur moyen de chasser les investisseurs dont notre pays a un besoin vital », argumente monsieur Kaba.
En outre, le président du PAG a souligné que dans cet avant-projet de la nouvelle constitution, il manque une protection des biens de l’État et des biens privés contre l’appétit des gouvernants. « En République de Guinée, les femmes et les hommes qui exercent une portion du pouvoir d’État se comportent souvent comme des hors-la-loi. D’où la nécessité de légiférer sur les limites des pouvoirs de nos gouvernants. Les plus belles formulations généreuses des termes du projet de constitution ne serviront à rien, tant que ces problèmes d’égalité des citoyennes et des citoyens devant la Loi ne trouveront pas une application honnête et sincère. »
Avant de conclure, le président du Parti africain de Guinée demande au Conseil national de la transition (CNT) d’envisager un éventuel rejet de la constitution sous cette forme lors du référendum. « Le CNT devra prévoir le cas du rejet majoritaire de la Constitution sous sa forme actuelle. On a beau vouloir minimiser le rôle des partis politiques dans les prises de décision dans notre pays, il est évident que si un nombre important de partis politiques rejette le projet de constitution du CNT, le referendum sera un fiasco retentissant. Il faudra alors se poser la question que faire alors ? Le projet de constitution qui est en cours de présentation aux différentes forces vives du pays ne ressemble nullement à la Guinée et ne peut non plus servir de liant pour l’unité nationale. Il faudra que les membres du CNT reprennent rapidement leur copie en y apportant les modifications indispensables. Sinon, le peuple de Guinée, dans sa grande majorité, rejettera cette constitution en votant NON, comme en septembre 1958 ».
Boubacar Diallo et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com