Comme annoncé précédemment, Tamba David Tonguino est à la barre du tribunal correctionnel de Dixinn ce mardi, 17 septembre 2024. Jugé dans la même affaire que Pépé Francis Haba, Simon Pierre Camara, Bienvenue Théa, et autres, pour atteinte et menace à la sécurité publique, le prévenu risque 3 ans d’emprisonnement. Telle est la peine requise à son encontre par le représentant du ministère public pour des faits qu’il a niés lors de sa déposition, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Tamba David Tonguino, qui a comparu à la dernière minute dans cette procédure, est accusé d’avoir projeté, avec d’autres, de manifester le jour du délibéré dans le procès du massacre du 28 septembre 2009. Un délibéré qui a eu lieu le 31 juillet dernier avec de lourdes peines infligées à certains accusés.
L’audience de ce mardi a été marquée par la diffusion du contenu d’un enregistrement audio où l’on appelait à sortir manifester contre une éventuelle condamnation des accusés dans le procès du massacre du 28 septembre.
Après un débat houleux sur la communication des éléments de preuves, l’audio « incriminant » Tamba David Tonguino a été écouté par les parties. « S’il n’y a pas d’argent, d’accord. Mais ceux qui ont de l’argent, mettez ça en place, les autres vont mettre leur vie en danger. Mais, il faut qu’on manifeste », entend-on dans l’audio.
Confronté à cet audio, le prévenu reconnaît avoir entendu une voix qui ressemble à la sienne. « L’une des voix ressemble à ma voix. J’entends la voix dire de sortir manifester. Barrer la route… j’ai participé à la réunion de Sonfonia, je le confirme. Mais, je ne confirme pas que c’était ma voix par laquelle on tenait des propos allant dans le sens du désordre social. Cette voix qui s’est retrouvée dans l’audio, je ne sais même pas si c’est ma voix. J’ai dit qu’elle ressemblait à ma voix… »
« Est-ce que le fait de dire qu’on va manifester est une infraction ? Est-ce que participer à une réunion est un crime ? », a demandé un des avocats du prévenu, en l’occurrence Me Moussa Traoré. « J’étais dans un état d’ébriété total. Si ce sont mes propos, je n’avais pas l’intention de le faire alors. Je suis avec l’ONG MPPD qui œuvre uniquement pour la paix. Je veux dire au président que je veux juste justice », a dit Tamba David Tonguino.
Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public, après avoir rappelé l’infraction avant de parler du MPPD. « Le MPPD a été créé quelque temps après l’ouverture du procès sur les massacres du 28 septembre 2009… Il a tenu des propos graves, des propos incendiaires. Ce dossier n’a rien à voir avec le racisme. Ces gens sont poursuivis pour avoir menacé de troubler l’ordre et la sécurité publique. Tous les éléments constitutifs de l’infraction sont établis. C’est pourquoi, le ministère public requiert de retenir le prévenu dans les liens de la prévention. Pour la répression, de le condamner à 3 ans, de prononcer des peines complémentaires, interdiction de participer à la vie associative et politique pendant une durée de 3 ans. Propose la publication de sa condamnation au journal officiel de la République ».
Selon la défense, le ministère public est en difficulté pour fournir des preuves. Pour l’avocat, Tamba David Tonguino était dans un état d’ébriété. « On ignore si c’est véritablement sa voix. Est-ce que participer à une réunion est une infraction ? Je dirais non. Est-ce que c’est une infraction d’appartenir à une association ? Non. C’est un montage… On vous demande d’entrer en condamnation alors que les faits ne se sont pas produits. La seule preuve qui a été présentée par le parquet est l’audio… On est dans le monde moderne où les gens sont capables d’imiter ou de falsifier la voix de quelqu’un… Nous vous prions d’écarter l’audio qui a été écouté. Je vous prie de renvoyer monsieur Tonguino des fins de la poursuite pour délit non constitué en application de l’article 544 du code procédure pénale », a plaidé la défense. En cas de condamnation, l’avocat demande des circonstances atténuantes en application des articles 117, 116 du code pénal.
Pour sa propre défense, Tamba David Tonguino va demander sa libération : « sur aucune des plateformes je n’ai publié un message visant à troubler l’ordre public… Je demande au Tribunal de me libérer ».
Le verdict du tribunal est attendu impatiemment par les parties au procès.
À suivre !
Kadiatou Barry pour Guineematin.com