Le conflit domanial qui a opposé les habitants de Gbérédou Baranama à ceux de Sanana, dans la préfecture de Kankan, a été d’une rare violence. Au-delà des cas de morts enregistrés, plusieurs personnes ont été grièvement blessées. Parmi ces blessés graves, un a eu les bras amputés à l’hôpital régional de Kankan mardi, 17 septembre 2024. Son grand frère, également blessé, a raconté les atrocités subies lors de ce déferlement de violences, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.
La soirée du 12 septembre 2024 a été marquée par des affrontements d’une rare violence suite à un conflit domanial dans la sous-préfecture de Gberedou Baranama. Pendant les heurts, un jeune de Sanana a été grièvement blessé à la machette.
La victime, transportée à l’hôpital régional de Kankan, a finalement été amputée des deux bras. Kaba Condé, grand frère de la victime, lui-même séquestré et blessé par les citoyens de Gbérédou Baranama, raconte les atrocités qui leur ont été infligées.
« Je revenais d’un décès à Binko à 16h et mon petit frère venait à Kankan pour un problème, ils (les citoyens de Gbérédou Baranama) nous ont attrapés, on ne savait même pas ce qui se passait. J’ai été arrêté avant mon frère. Ils nous ont d’abord envoyé chez le patriarche puis ce dernier nous a envoyés chez le sous-préfet. C’est le sous-préfet qui a demandé à ce qu’on nous envoie dans une école qu’il n’a pas de garde-corps pour assurer notre sécurité. À 23h, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais le maire est allé casser la porte et tous les jeunes sont sortis. Ils se sont jetés sur nous. Ils ont voulu couper la tête de mon petit frère, il a essayé de les repousser avec sa main, et ils ont coupé sa main. Quand mon frère est tombé, ils sont venus vers moi pour me couper la tête, j’ai soulevé ma main, puis ils l’ont blessé », a-t-il déclaré.
Selon Kaba Condé, il y avait deux autres jeunes avec eux, originaires de Sanana, froidement assassinés par leurs ravisseurs. « Il y avait deux jeunes avec nous. L’un a été fusillé parce qu’il a tenté de s’échapper en montant du toit de la classe de l’école où on était incarcéré. L’autre aussi a été fusillé a bout portant, il était couché au sol. Lorsqu’ils ont tué ces deux jeunes, ils sont d’abord partis pensant que mon petit frère et moi sommes morts. Puis ils sont encore revenus. Mon petit frère m’a dit de rester couché, de ne pas bouger, il était presque 00h. C’est seulement le matin, à 9h, quand le préfet et les forces de défense et de sécurité sont venus qu’on nous a secourus pour nous envoyer à l’hôpital ici. Malheureusement, les deux bras de mon petit frère ont été amputés et je suis sérieusement blessé… »
Selon nos informations, ces affrontements ont fait 5 morts et plusieurs blessés. Les forces de l’ordre ont précédé à plusieurs arrestations des deux côtés.
De Kankan, Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com