Poursuivi pour trafic illicite de migrants, Abdoulaye Condé a comparu devant le tribunal correctionnel de Dixinn lundi dernier. Dans ce dossier, il est accusé d’avoir acheté des faux billets d’avion à Hamidou Sanoh, Ibrahima Touré et Kadiatou Diallo pour un voyage pour les USA, via la Turquie et les USA, qui n’a pu se réaliser. Interrogé à la barre, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. A l’en croire, son rôle était tout simplement de les aider à obtenir des billets qui ont coûté 11 500 dollars, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Non détenu, Abdoulaye Condé est reproché d’avoir acheté des billets d’avion contenant des erreurs pour Hamidou Sanoh, Ibrahima Touré et Kadiatou Diallo, dans la perspective de leur projet de voyage.
Mais une fois à la barre, le prévenu a réfuté les faits de trafic illicite de migrants mis à sa charge. Selon lui, si les plaignants n’ont pas pu voyager parce qu’ils n’avaient pas obtenu de visa. « Je ne connaissais aucun d’entre eux. Ce sont eux qui sont venus vers moi. Le 14 septembre 2023, la maman de Kadiatou Diallo est venue me voir parce qu’elle voulait acheter un billet pour sa fille qui était à Dakar. Elle m’a dit qu’elle voulait la faire voyager via le Nicaragua. J’ai demandé à la dame si sa fille avait obtenu le visa, elle m’a dit que le billet pour le Nicaragua ne dure pas, d’engager le billet. Ils ont même pu voyager avec les billets de Dakar jusqu’en Turquie, parce qu’il n’y avait aucune erreur sur les billets. Mon rôle n’était en aucun cas d’émettre un visa. Je ne suis même pas habilité à le faire. C’est vrai qu’on m’a remis 5500 dollars pour acheter le billet de Kadiatou Diallo et 6000 dollars pour Amadou Sanoh, parce que vous savez, les billets pour un même trajet peuvent varier. Dès fois, un billet que tu as acheté à 1500 $ le matin par exemple, peut être vendu à 2000$ le soir. C’est comme ça. Et dans ce cas précis, je n’ai commis aucune infraction. J’ai acheté les billets sans même rien obtenir en retour parce que le peu qu’on gagne dans ça, ce sont les agences qui nous le donnent, juste pour nous encourager si on leur envoie des clients. Moi, dans cette affaire, j’ai rempli ma part du marché », a expliqué le prévenu.
Lors des débats, le ministère public a affirmé que le prévenu a contribué à un voyage illégal. « En achetant ces billets, vous saviez que ces personnes n’avaient pas obtenu le visa. Vous avez participé dans un projet de voyage illicite », a déclaré le procureur Lamine Touré.
« Non, je ne savais pas qu’ils n’avaient pas obtenu le visa. Et même si c’était le cas, cela n’est pas de mon ressort », a répliqué le prévenu.
« Donc, pensez-vous que vous êtes habilités à revendre des billets ? Avez-vous une agence de voyage qui vous permet de fournir des billets à des particuliers ? », est revenu à la charge le ministère public.
« On n’a pas besoin d’avoir une agence de voyage pour acheter des billets à quelqu’un. En plus, les personnes qui sont venues vers moi savaient que je n’étais pas un agent de voyage. Ils savent tous que j’ai une boutique de costumes et que c’est dans ça que j’évolue. Le contrat qui nous liait était l’achat de billets, et j’ai fait ma part du marché. Aussi, je l’ai fait de bonne foi sans rien obtenir d’eux », a répondu Abdoulaye Condé.
Prenant la parole, l’avocat du prévenu a tenu à rappeler devant ce tribunal que les plaignants ont été renvoyés en Guinée faute de visas et non de billets. « Une fois en Turquie, ces personnes ont été renvoyées faute de visas et non faute de billets. Dans les dossiers versés devant ce tribunal, il n’est nullement écrit que les billets contenaient des erreurs. Comment ont-ils pu voyager de Conakry à Istanbul ? Parce que les billets étaient en bonne et due forme. Sinon, c’est à partir de l’aéroport de Conakry qu’on allait les recaler. Monsieur le président, vous comme moi, nous savons qu’on ne peut pas monter dans un avion sans un billet valide. Ce qu’a fait Abdoulaye Condé n’a rien d’illégal », a lancé l’avocat du prévenu.
Déclarant que les débats sont clos dans ce dossier, le tribunal a renvoyé l’affaire à la date du 23 septembre 2024 pour les réquisitions et plaidoiries.
Mariama Barry pour Guineematin.com