La commune rurale de Kolenté, située à 37 km du chef-lieu de la préfecture de Kindia, a été frappée par des pluies torrentielles ces derniers jours, entraînant des inondations sans précédent. Ces intempéries ont causé d’importants dégâts matériels, affectant les infrastructures et dévastant plusieurs hectares de champs. Dans une interview exclusive accordée à Guineematin.com à travers son envoyé spécial, Elhadj Macky Barry, président de la délégation spéciale de Kolenté, revient sur la situation et lance un appel à l’aide aux autorités et aux bonnes volontés.
Guineematin.com : des pluies torrentielles ont provoqué de graves inondations, entraînant des dégâts importants et la destruction de plusieurs hectares de champs. Pouvez-vous nous donner un bilan provisoire ?
Elhadj Macky Barry : le bilan provisoire, à ma connaissance, montre que depuis le 13 septembre 2024, une pluie torrentielle s’est abattue sur la commune rurale de Kolenté, causant des dégâts matériels très importants et emportant de nombreuses cultures. Plusieurs champs ont été ravagés. Dans le secteur de Maninkala, situé dans le district de Kolenté centre, aux environs de 4h du matin, les habitants se sont retrouvés piégés par l’eau. Dès que nous avons été informés, nous nous sommes rendus sur les lieux pour constater les faits. Sur place, nous avons vu que les voisins s’étaient fortement mobilisés pour aider à évacuer les bagages. Nous avons constaté que quatre cases en paille étaient complètement inondées et que cinq bâtiments en tôle s’étaient partiellement écroulés. Nous avons rapidement pris des mesures de sécurité pour ceinturer les périmètres inondés, afin de prévenir tout danger supplémentaire. Heureusement, il n’y a pas eu de pertes humaines à déplorer. Nous avons aussi érigé un barrage pour protéger le pont reliant ce secteur au projet agricole, empêchant ainsi les gens de traverser et évitant d’éventuels problèmes. L’autorité préfectorale, informée de la situation, s’est rendue sur place pour visiter les sinistrés, leur prodiguant des conseils utiles et nous demandant de renforcer les mesures de sécurité pour éviter de nouvelles catastrophes. Il est également important de souligner que nous avons reçu des informations sur d’autres inondations dans presque tous les districts de la commune, où de nombreux champs ont été totalement détruits. Certains ponts ont été coupés, interrompant la circulation pendant toute la journée. Nous avons dû envoyer des missions dans ces zones, mais il a fallu contourner certaines routes, car les ponts habituels étaient complètement submergés. Nous avons dû emprunter la route de Sira Foré, qui mène à Télimélé, pour atteindre Kabeleya, Kirita et les districts environnants.
Qu’en est-il de la situation dans le district de Maléya ?
Du côté de Maléya, un pont situé à environ un kilomètre du village a également été inondé. Là aussi, plusieurs hectares de champs ont été dévastés, totalement emportés par l’eau. La population, qui pratique majoritairement la culture maraîchère le long du fleuve, a tout perdu, car l’eau a débordé, emportant toutes les cultures de la zone. C’est dans cette zone que se trouvent un groupement agricole Limaniya et un jeune entrepreneur agricole exemplaire de la CR de Kolenté.
Quel message souhaitez-vous adresser aux sinistrés et à la population face à cette situation qui dépasse l’entendement ?
Mon message est très clair : il faut absolument tenir compte des études environnementales avant de s’installer quelque part et, surtout, éviter la coupe des arbres. En prenant ces précautions, on peut limiter les dégâts. Malheureusement, cette année, il faut dire la vérité, c’est une situation inédite. Le monde entier semble être victime de phénomènes climatiques extrêmes.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées dans la gestion de cette catastrophe ?
Nous rencontrons des difficultés, notamment pour accéder aux lieux affectés, car nous manquons de moyens de transport et d’équipements. Cela complique énormément notre tâche. Néanmoins, nous avons envoyé une mission à Kabeleya et Kirita, où un pont risque de céder. La population demande l’intervention de l’État pour éviter que les districts et les habitants de l’autre côté du pont ne soient isolés. Si le pont n’est pas reconstruit après ces pluies diluviennes, les camions et autres véhicules lourds qui le traversent risquent de le détruire, car il s’agit d’une infrastructure datant de l’époque coloniale.
Quel appel souhaitez-vous lancer aux autorités et aux personnes de bonne volonté ?
J’appelle la population de Kolenté au calme et à la retenue. Les autorités préfectorales nous ont demandé de dresser un état des lieux et de recenser tous les sinistrés, afin qu’un rapport soit rapidement transmis à la hiérarchie, pour permettre une intervention rapide. J’insiste également sur le fait que les citoyens doivent éviter de s’aventurer dans certaines zones inondées. Nous avons déjà observé des crocodiles dans les environs et, cette année, ils ont commencé à remonter plus fréquemment. Les inondations peuvent aussi attirer des serpents et d’autres animaux dangereux. Il est donc strictement interdit de rester dans les périmètres inondés tant que les autorités n’ont pas donné l’autorisation de revenir.
Un dernier mot pour conclure ?
Pour conclure, je tiens à remercier les autorités qui se sont déplacées pour venir en aide à la population en détresse. Heureusement, nous n’avons pas enregistré de pertes en vies humaines. Le fait qu’elles aient répondu rapidement aux appels et qu’elles se soient rendues sur place a beaucoup rassuré la population. Cela montre que, dans les moments difficiles, les autorités de haut niveau prennent nos difficultés au sérieux. Nous remercions également toutes les personnes impliquées dans la gestion de cette catastrophe. Enfin, nous lançons un appel aux ONG, aux personnes ressources et à toutes les bonnes volontés pour qu’elles viennent en aide à nos communautés.
De retour de Kolenté, Amadou Baïlo Batouala Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com
Tél. : (00224) 628 51 67 96