Depuis 2010, l’Alliance mining commodies (AMC) ou bauxite de Koumbia bénéficie d’un permis d’exploitation. Conformément au Code minier guinéen, toute société minière qui évolue dans une localité, en attendant le démarrage de son exploitation paie aux populations impactées une taxe superficiaire. L’AMC qui évolue dans les communes rurales de Wendou M’Bour et de Koumbia, donne chaque année une enveloppe d’environ un milliard de francs guinéens.
A Koumbia, sur les cinq Districts impactés, à savoir Madina-Guilédji (où tous les secteurs sont impactés), Guidali (om dix et secteurs sont concernés), Taguira et Kembéra (qui comptent chacun deux secteurs couverts) et Hakkoudé Thiandhi (un secteur concerné), les populations disent avoir peu bénéficié sinon rien du tout de l’utilisation de ces montants.
Cette année, la remise du chèque a été faite à Wendou M’bour pour un montant de 933 millions 811 mille 220 francs guinéens (GNF), le vendredi 9 août 2024. Et 559 millions 132 mille 295 GNF sont revenus à la commune rurale de Koumbia.
Comme toujours, les responsables de l’AMC, saisissent de l’occasion pour rappeler de la destination et de l’utilisation des montants. Amadou Keïta, le Directeur général adjoint de l’AMC n’a pas dérogé à la règle le 9 août dernier.
« Le paiement de cette taxe est un moyen de participer au développement des communautés impactées de la préfecture de Gaoual en particulier, et de la Guinée en général. Nous souhaitons que ces taxes soient une contribution au financement des plans de développement locaux des communautés impactées par notre projet et qu’elles soient gérées avec une parfaite transparence dans l’intérêt des communautés concernées ».
Rencontré par un journaliste de Guineematin.com, le 13 septembre 2024, à Guilédji, Boubacar Baldé, le Président du District de Madina-Guilédji a déploré le manque d’information et surtout l’opacité qui entourent l’utilisation de ses montants depuis 14 ans.
« Cette année, je ne suis pas au courant sur la remise d’un quelconque montant par l’AMC. L’année dernière quand-même, j’ai appris que Koumbia avait reçu quelque chose de 500 millions et quelque. Et cet argent, je ne suis pas au courant de comment il a été distribué pour apporter quoi que ce soit aux populations de notre District. l’AMC ne m’a pas tenu au courant et personne d’autre ne m’a donné l’information. Honnêtement, je n’en sais rien. Ça fait 14 ans que l’AMC donne cette taxe, mais je ne connais absolument rien de son utilisation. Le pont réalisé à Fossou, ce n’est pas l’AMC qui l’a travaillé. C’est plutôt CBG qui a travaillé là-bas. Je ne connais absolument pas l’argent de que AMC a donné. D’habitude, la mairie avant qu’elle ne reçoive de l’argent auprès de l’AMC, nous demande qu’est-ce qu’on a besoin. On leur expose nos urgences comme l’école et autres, mais finalement, on ne voit rien. Même si elle fait un travail, on ne nous dit pas que c’est tiré de l’argent de l’AMC. Les boutiques et magasins construits aussi au marché de Koumbia, les hangars et autres, toujours au marché, demandez bien, vous verrai aucun citoyen de notre District parmi les bénéficiaires. Je pense que c’est la même chose chez les autres localités impactées d’ailleurs, à part Hakkoudé Thiandhi. A chaque qu’il y a la répartition du montant, on ne nous invite pas et nos problèmes ne sont pas pris en compte. On connaît qu’il y a 5 districts impactés, mais quand l’argent arrive, nos populations ne voient rien et ne reçoivent rien dans notre District », a fait savoir ce responsable local.
Plus loin, Boubacar Baldé se demande où va cet argent et au compte qui ?
« Je veux vraiment savoir où part cet argent ou comment ces districts en profitent. Nous, on demande vraiment qu’on aide. Les écoles sont anciennes comme celle de Madina-Guilédji qui mérite d’être restaurée. Si nous faisons partie des impactés, alors qu’on nous donne notre argent pour nous permettre de faire face aux problèmes de notre localité. On a même de l’espace pour construire une école professionnelle. Nous avons besoin d’un poste de santé. Je voudrais vraiment que durant mon passage à la tête de ce District laisser de bonnes traces. Nous saisissons cette occasion pour demander à la Délégation spéciale de nous dire de quoi servi l’argent de cette année reçu de l’AMC. Nous avons une école en hangar à Bholoy Lamy, une école à Fossou et l’école de Madi centre ui méritent toutes les attentions. Cet argent ne doit pas ailleurs que dans le développement des localités impactées, a fait savoir le Président du District le plus impacté de l’AMC, dans la commune rurale de Koumbia.
Ibrahima Sory Diallo un notable de Madina-Guiledji attend de savoir ce servira l’argent payé cette année par l’AMC.
« En février dernier, des représentants de l’AMC étaient venus jusqu’ici à Guilédji pour nous parler d’un programme. Ils ont fait des promesses, mais jusqu’à présent, on a rien vu de concret. Ils ont payé la taxe superficiaire depuis 14 ans, mais je ne vois aucune trace de cet argent dans ce District. Aucune activité ni aucun projet n’a été financé, à ma connaissance par l’argent issu de cette taxe. Avant, l’équipe partante nous disait que Madina-Guilédji a bénéficié d’un pont. Mais cet ouvrage a été réalisé sur les fonds de l’ANAFIC, ce qui est nettement différent de l’argent payé par l’AMC », a fait savoir Ibrahima Sory Diallo.
Ibrahima Diallo, l’un des membres de la jeunesse de Madina centre relevant du District Madina-guilédji demande à l’AMC de respecter scrupuleusement le Code minier guinéen. C’est notamment le contenu local.
« La société AMC doit travailler ici. On connaît que la société envoie de l’argent ici. L’année dernière, on a appris qu’elle a envoyé de l’argent, mais on ne connaît rien de ça. Même cette année aussi. On ne connait rien de l’utilisation de cet argent Nous demandons à l’AMC d’être plus exigeant sur l’utilisation de ces taxes dans les localités impactées. Nous les remercions et leur apportons notre soutien, à condition qu’ils respectent l’esprit et la lettre de la loi. On demande à tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de cet argent d’être justes et équitables. On connaît maintenant que AMC envoie de l’argent, mais on ne connait rien des fruits de cet appui à nos localités. Que le pouvoir chargé de ce secteur veille désormais à inclure nos Districts dans le choix des projets à financer pour qu’ils profitent des biens destinés à la communauté impactée », a conseillé Ibrahima Diallo.
Même son de cloche chez l’Imam ratib de Madina-Guilédji, Thierno Thierno Ibrahima Baldé, dit Alphadio Guilédji.
« La société AMC, on ne connaît rien de ça. Puisqu’elle ne vient pas nous dire comment est-ce que les choses se passent sur le terrain. C’est vous qui nous apprenez d’ailleurs que la société envoie de l’argent ici pour aider le District, notamment la population. On ne nous informe pas ni du partage du montant ni de son utilisation. Ce qui n’est pas bien. Même si l’argent vient ici, les responsables chargés du District ne nous font pas un compte-rendu. S’ils détournent ou pas, on ne sait pas. La population de Guilédji a besoin de s’unir, d’être solidaires entre elle. Quand on reçoit un bien au compte du District, il faut informer les gens. On a besoin que cet argent soit orienté dans les projets de développement de notre localité aussi. C’est par exemple pour la construction ou la rénovation des écoles, de postes de santé, de pistes rurales ou d’ouvrages de franchissement et autres nécessités. Si on recrute des gens aussi ici pour travailler à l’AMC, nous avons nos enfants qui chôment et qui cherchent de l’emploi. Il faut qu’on nous informe aussi pour qu’on exhorte les fils de Madina guiledji à postuler pour ça. C’est notre envie ici, la réussite de la population toute entière pour lutter contre la pauvreté », a fait savoir le religieux.
Interrogé sur l’utilisation de l’argent versé par l’AMC au compte de cette année, le Président de la délégation spéciale de Koumbia, Boubacar Mali Diallo, a expliqué que 50% du montant, au moins, est allé directement dans les localités impactées. Et une partie du montant est destiné au financement de la construction du logement du principal de collège de Koumbia et à la relance de la radio communautaire, la RCK.
Abdallah BALDE avec le décryptage de Fatoumata Bah pour Guineematin.com
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