Le jeune Morlaye Camara, considéré comme l’assassin présumé de son ami, Mohamed Sylla, a été présenté aux médias ce lundi, 23 septembre 2024, par les services de sécurité de Coyah. La présentation a eu lieu au commissariat central de police, en présence du préfet, du président de la délégation spéciale de Coyah, des services de sécurité et de défense de la préfecture. Une histoire d’argent, de la monnaie étrangère, est à l’origine du différend entre les deux, poussant Morlaye Camara à poignarder Mohamed Sylla, au mois de juin 2024. Le suspect a reconnu les faits et expliqué ce qui s’est passé dans cette affaire, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.
Le commissaire central de police de Coyah, le Commissaire divisionnaire Mansa Mady Condé, a expliqué les circonstances dans lesquelles Mohammed Sylla a été tué et comment Morlaye Camara a été arrêté. « C’est le 7 septembre 2024, à 20 h qu’un certain Abdoul Karim Sylla est venu nous annoncer la disparition de son fils Mohamed Sylla. En nous indiquant que le nommé Morlaye Camara connaissait quelque chose dans la disparition de Mohamed Sylla, nous avons aussitôt constitué une équipe mixte d’enquête. C’est ainsi que nos hommes ont pu interpeller Morlaye Camara à Kindia. Sur les faits, le nommé Morlaye Camara nous a déclarés qu’il avait ramassé un porte-monnaie qui contenait une somme de 600 000fg et deux billets de monnaie étrangère et un téléphone Samsung A14. Il a pris les 600 000 qu’il a empochés. Il est parti vendre le téléphone à 800 000 francs guinéens. Sur les 800 000 GNF, il a pris 250 000 pour donner à Mohamed Sylla. Après trois jours, il demande à Mohamed Sylla, où sont les deux billets. Mohamed Sylla lui dit avoir donné les deux billets à son grand et qu’il est parti à Conakry pour la monnaie. Deux mois plus tard encore, il lui demande la même chose. Quand il a vu que c’est toujours les mêmes paroles, il lui a demandé de l’accompagner dans son village natal à Forécariah. Mohamed Sylla a accepté. Ils sont partis ensemble jusqu’à la hauteur du district de Forodougou où il a demandé à Mohamed de descendre de la moto. Puis, il lui a demandé où sont les deux billets. En pleine discussion, il a pris le couteau pour poignarder Mohamed Sylla sur le thorax. Mohamed a couru en criant. Il est parti tomber dans un ravin. Il est venu encore le poignarder trois fois dans son ventre. Mohamed a succombé. Il l’a traîné dans le ravin. Après il a pris la moto, direction Kindia. Après interpellation, il reconnaît qu’il est l’assassin de Mohamed Sylla. Sur ce, nous lui avions demandé de nous montrer où se trouve le corps. Il ne nous l’a pas montré. Il a fallu la mobilisation des populations du district de Forodougou et l’appui du commissaire urbain de Farmoria pour retrouver le corps qui était en décomposition avancée, les ossements éparpillés. De là, nous avons informé le procureur de la République près du tribunal de première instance de Coyah qui a demandé aux autorités locales de Forodougou de l’intégrer et c’est ce qui fut fait. Au nom des forces de sécurité et de défense, nous rassurons les populations de Coyah que la priorité c’est leur sécurité », a déclaré l’officier de police Mansa Mady Condé.
Interrogé par notre reporter, le présumé assassin, Morlaye Camara, a donné les raisons qui l’ont poussé à faire son acte. « Je venais souvent à Coyah ici. Un jour, je suis venu derrière lui ici à Coyah. A mon arrivée, il m’a dit de l’accompagner à leur base. A notre retour, on était sous la pluie et on courrait. Il était devant, moi j’étais derrière. Dans ma course, j’ai vu un sac par terre. Je l’ai ramassé et je l’ai informé que j’ai ramassé un sac. Arrivé devant un kiosque Orange Money, nous avons ouvert le sac. Dans le sac, il y avait un porte-monnaie à l’intérieur duquel se trouvait une somme de 600 000 francs guinéens, un téléphone Android et deux billets de monnaie étrangère. Moi, je ne suis pas allé à l’école, je ne connais pas la différence des billets des monnaies étrangères. Sur les six cent mille francs guinéens, il n’y a pas eu de problème. Mais c’est autour des deux billets de monnaie étrangère. Il me dit de ne pas moi-même aller faire la monnaie. Mais plutôt de donner à son grand qui a l’habitude de faire la monnaie à l’aéroport. Il m’a laissé sur place pour aller appeler son grand. A l’arrivée de ce dernier, j’ai pris les deux billets que j’ai remis à Mohamed qui, à son tour, les remis à son grand. Sur le champ, celui-ci a dit, je cité, » petit, avec ces deux billets, ton avenir est garanti. Sauf vous les jeunes actuels, vous gaspillez l’argent. Si non, ton avenir est fait. C’était un samedi. Le dimanche, après avoir enlevé la puce dedans, je suis allé vendre le téléphone au km 36, car le propriétaire a passé toute la nuit à appeler. Après la vente, je lui ai remis une somme 250 mille francs guinéens sur les 800 000. Je lui ai dit que si le grand envoie la monnaie, je te donnerai aussi un autre montant. Mais depuis ce jour, son grand a disparu avec mes deux billets et il est resté introuvable. Après toutes les démarches pendant plus de deux mois sans avoir mon argent, je suis donc venu rester à Coyah dans sa famille du 26 au 28 Août 2024, date à laquelle Mohamed est revenu à la maison. La nuit-là, je lui ai demandé la situation. Il m’a dit qu’il ne voyait plus son grand. Je lui ai demandé à ce qu’on parte ensemble chez son grand. Il a dit encore qu’il ne connait pas chez lui. Avec ses versions, j’étais très en colère. J’ai mis ma moto en gage pour 100 000 GNF et j’ai demandé à son père de me prêter 100 000. Ce qui fait 200 000. J’ai demandé à ses parents pour qu’il m’accompagne dans notre village qui se trouve dans la préfecture de Forécariah. Arrivé là-bas, dans un lieu isolé, je lui ai demandé de garer. Puis je lui ai aussi redemander la situation de mon argent. Il n’a rien dit de clair. Nous avons chaudement et longuement discuté. J’étais très en colère. J’ai pris le couteau et je l’ai poignardé dans le ventre. Il a couru, il est parti tombé dans un ravin où je suis allé lui donner encore deux autres coups de poignard. Après cela, j’ai pris la moto et je suis allé à Kindia chez mon oncle. Quand la police a arrêté mon père et ma mère, mon oncle m’a arrêté pour me déposer à la gendarmerie », a expliqué le suspect.
Le préfet et le président de la délégation spéciale de Coyah ont remercié les services de sécurité et de défense pour le travail abattu avant de leur demander de redoubler d’efforts pour dénicher les malfrats partout où ils se trouvent.
Le substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Coyah a appelé les populations à coopérer avec les services de sécurité. « Les bandits sont dans les quartiers. Il faut les dénoncer », a lancé le magistrat.
Depuis Coyah, Etienne Tamba Tenkiano pour Guineematin.com