La gestion des ordures devient un combat de titan à Conakry. Cette problématique est loin de trouver une solution pérenne et les rues débordent de déchets de tout genre dans la capitale guinéenne. Pourtant, cela ternit l’image de la ville, pollue l’environnement, sans compter les problèmes de santé que ça va apporter. Mais la question est de savoir, à qui la faute ? Un reporter de Guineematin.com a fait le tour de la commune de Matoto où le constat est très alarmant. Des responsables du secteur, interrogés à ce sujet, ont exprimé leur préoccupation devant cette problématique avant de préconiser des solutions pour sortir de l’ornière.
Mohamed Salif Soumah, chargé de l’entretien des voiries et du curage des caniveaux à la direction communale de l’assainissement de Matoto, a expliqué pour quelles raisons les ordures débordent le long des voies publiques.
« On a mis des PME en place qui sont chargées de faire abonner les citoyens, mais il y a des citoyens déjà abonnés qui se désabonnent parfois. En plus, certains refusent de s’abonner. Ils se servent des caniveaux ou des marigots pour jeter les ordures. Et un pays qui rentre dans un tel système, c’est un peu difficile à gérer. Les apports volontaires, c’est-à-dire les petites poubelles qui sont placées le long des routes sont installées pour permettre aux usagers de jeter les déchets. Par exemple, tu es sur la route, tu achètes un sachet d’eau, tu finis de boire, tu le jettes dans la poubelle. Mais actuellement, les gens qui sont sur l’autoroute se désabonnent, parce que pour eux, il y a des poubelles où ils peuvent déposer les ordures, alors que ces bacs à ordures ne sont pas du tout installés pour les déchets ménagers. Il y avait aussi des dépôts sauvages, mais là encore, les gens venaient déposer les ordures n’importe comment. Parfois même, les jeunes y brûlent des pneus et ce feu peut rester allumé pendant des jours, les riverains vont respirer cette fumée, ce qui n’est pas bon pour la santé. C’est pour cela qu’on a éliminé ces dépôts. Le gouvernement est en train de se battre pour que les débordements des ordures sur les rues diminuent. Par exemple, pendant le d’août, nous avons fait deux séances de curage au niveau du marché de Matoto. Cependant, les citoyens aussi doivent se mettre à la tâche. Ce sont ces ordures qu’ils déversent, qui bloquent le passage de l’eau au niveau des caniveaux, et c’est ce qui cause souvent les inondations », a-t-il expliqué.
Pour Mohamed Salif Soumah, la solution la plus adéquate pour éradiquer cette pratique est la sensibilisation des citoyens. « Il faut faire de la sensibilisation au niveau des populations. Avec les PME, on a commencé une expérience. Par exemple, prendre une zone fermée, s’il y a des apports volontaires, c’est-à-dire les petites poubelles qui sont placées le long des routes, on les enlève parce qu’ils n’aident pas du tout. Comme ça, on va de ménage à ménage pour expliquer aux citoyens qu’ils doivent s’abonner au niveau des PME et que lorsque ceux-ci refusent de venir prendre les ordures, il existe un numéro que vous pouvez appeler au niveau de la commune pour le signaler et qu’après ça, une mesure sera prise contre la PME en question. Je crois qu’avec cette méthode-là, les gens vont comprendre », pense ce chargé de l’entretien des voiries et du curage des caniveaux à la direction communale de l’assainissement de Matoto.
De son côté, Mohamed Lamine Kaba, le gérant de l’entreprise Belle Guinée, qui s’occupe de la pré-collecte des ordures, précisément des déchets ménagers, pense qu’en ce qui concerne la mauvaise gestion des ordures à Conakry, les responsabilités sont partagées.
« Nous avons commencé par sensibiliser les citoyens de nos quartiers respectifs, parce que chaque PME a une localité définie et nous avons un contrat avec la commune. Donc, nous sommes chargés de ramasser les ordures dans les ménages et de les acheminer vers les zones de tri et de transfert. Parlant de la cause du débordement des ordures, c’est parce que les ménages ne sont pas éduqués à la gestion efficace des déchets. Les ménages comprennent mal le système de gestion des PME. Il y a des gens qui refusent de s’abonner, tout simplement parce qu’ils n’ont pas la volonté d’être des citoyens modèles. Mais une partie des responsabilités revient aux PME qui ne sont pas sérieuses, il y a certaines qui sont parties chercher des contrats alors qu’elles ne sont pas équipées, ou sont concentrées à faire autre chose. Ce sont celles-là qui salissent notre image et partout où vous passez, les gens vous disent carrément, on ne s’abonne pas parce qu’avec les PME, ça finit toujours mal. Cela dit, une autre responsabilité revient à la commune. Les poubelles qui se trouvent sur les voies publiques, tant qu’elles sont installées, les routes ne seront pas propres. Tant que ces poubelles seront là, certains citoyens refuseront de s’abonner parce qu’ils se disent qu’ils ont un endroit où jeter les ordures. Donc, la commune ne doit pas fuir ses responsabilités », a martelé Mohamed Lamine Kaba.
Poursuivant, ce gérant de l’une des PME de Conakry a proposé des pistes de solutions : « la solution la plus adéquate est qu’on enlève les bacs à ordures. La commune doit insister pour qu’on désinstalle les poubelles placées au bord des routes, au niveau de la société Albayrak qui les a installées. Que la commune implique les chefs de quartiers et les chefs secteurs. Elle doit obliger les gens à s’abonner », a-t-il lâché.
Interrogé sur la question, Ousmane Diallo, un riverain rencontré à Matoto, conseille les citoyens à faire attention aux ordures.
« Je dirais tout simplement à la population de s’éloigner des ordures parce que c’est une pollution et cela nuit à la santé », dit-il.
Quant à Fernand Sakouvogui, il pense que les citoyens doivent abandonner les anciennes pratiques.
« L’Etat seul ne peut pas faire le travail en question, il faudrait que la population elle-même s’implique en abandonnant les anciennes pratiques. Par exemple, même si on voit que les poubelles sont remplies, on n’hésite pas à déposer les ordures par terre et pourtant il ne faut pas déposer les ordures n’importe où et n’importe comment. Je pense qu’il y a un manque de civisme et d’informations. Je crois qu’avec une sensibilisation, ça va s’arrêter, car c’est juste un comportement », a laissé entendre ce citoyen.
Mariama Barry Pour Guineematin.com