Le prévenu, Issiaga Camara, est traduit en justice par l’Ambassade de la République Démocratique du Congo (RDC) en Guinée. Cet ancien employé de ladite Ambassade est poursuivi pour des faits d’escroquerie, faux et usage de faux. Il lui est reproché d’avoir « établi et livré des faux visas » à des ressortissants guinéens au préjudice de l’Ambassade de la RDC en Guinée. Cette affaire a été jugée devant le tribunal de première instance de Kaloum où le prévenu Issiaga Camara a été déclaré coupable des faits à lui reprochés. Il a été condamné ce lundi, 23 septembre 2024, à 10 mois dont 6 mois assortis de sursis, et le paiement d’une amende d’un million de francs guinéens. Le tribunal l’a également condamné à payer à la partie civile (l’ambassade de la RDC) 20 millions de francs guinéens pour réparation de tout préjudice, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Dans sa déposition, le prévenu -qui est en détention depuis le 16 septembre 2024- a plaidé coupable. Il a reconnu les faits en soutenant qu’il était dans des difficultés financières.
« J’ai commencé à délivrer les visas le 9 mai 2024. J’ai délivré 5 visas seulement. Ceux qui me demandaient étaient en contact direct avec moi. On m’a interpellé avec les cachets, les tampons et autres matériels. Mais, c’est ma situation financière qui n’était pas bonne. C’est ce qui m’a poussé à faire ça », a expliqué le prévenu à la barre.
Prenant la parole pour présenter ses plaidoiries, le conseil de la partie civile, maître Halimatou Camara, a fait savoir que c’est la crédibilité de l’institution qui est en jeu. Pour elle, cela est une énorme perte pour l’ambassade. Elle a laissé entendre que le prévenu pris « la main dans la patte » ne bénéficiera d’aucune circonstance atténuante. Vu les préjudices subis par l’ambassade, l’avocate réclame 2 milliards de francs guinéens pour réparation de tous préjudices confondus.
« C’est une affaire rocambolesque. C’est un Guinéen qui travaille à l’ambassade de la République du Congo. Il a pris les sceaux de l’ambassade pour établir des faux visas. Il s’est accaparé le spécimen de l’ambassade pour confectionner lui-même des documents. Il en fait un trafic parallèle. Il s’est permis de falsifier les signatures, les cachets de l’ambassade. Il a même falsifié la signature de l’ancien chargé d’affaires de l’ambassade. Donc, c’est une énorme perte pour l’ambassade de la République Démocratique du Congo. C’est la crédibilité de l’institution qui est en jeu. C’est quand des ressortissants guinéens ont été interceptés que la chargé d’affaires a alerté monsieur Issiaga. Par la suite, une enquête est ouverte. Et finalement, Issiaga Camara a été interpellé pendant même qu’il est en train de faire des documents pour d’autres. Il a reconnu avoir fait 5 visas. Il a été pris la main dans la patte. Issiaga Camara n’a aucune échappatoire. Au-delà d’avoir falsifié les insignes de l’ambassade, il a aussi falsifié les signatures. Cela constitue des circonstances aggravantes. A mon humble avis, il n’y a aucune circonstance atténuante en sa faveur. Donc, il n’y a aucune échappatoire. On est en face d’une personne qui se décharge de ses agissements alors qu’il a agi tout seul. Nous vous demandons de vous prononcer sur les dommages et intérêts. Nous réclamons 2 milliards de francs guinéens pour tous préjudices confondus », a plaidé maître Halimatou Camara.
Sur la même lancée, le procureur a, dans ses réquisitions, qualifié les faits de « très graves ». Il a fait remarquer que l’établissement des visas relève de la souveraineté des Etats. Et cela est « non négociable ». Il estime que le prévenu a agi dans le but de ternir l’image de la Guinée. Et, il demande au tribunal de le retenir dans les liens de la prévention tout en le condamnant à 2 ans dont un an 6 mois assortis de sursis.
« Issiaga Camara était un employé de l’ambassade de la République Démocratique du Congo. Il recevait régulièrement son salaire, mais il s’est livré à la fabrication des faux visas. Cet individu qui a bénéficié de la confiance de cette ambassade a terni l’image de notre pays. Il a reconnu que c’est lui-même qui a établi ces faux visas. En plus de ça, on a retrouvé avec lui les spécimens de l’ambassade qu’il utilise pour établir les documents. Le support est là. Il a essayé de faire ça dans le but de ternir l’image de notre pays. Il a porté atteinte à notre pays. Les faits sont très graves… Il s’est fait passer pour un diplomate, alors qu’il n’avait aucune qualité. Il était même suspendu. Il ne travaillait plus à l’ambassade… C’est pourquoi nous vous demandons de le retenir dans les liens de la prévention de faux et usage de faux et escroquerie. Pour la répression, vous le condamnerez à 2 ans dont un an et 6 mois assortis de sursis. C’est un délinquant primaire et en plus un père de famille. Accordez-lui des circonstances atténuantes liées à sa personne », a requis le procureur.
En rendant la décision sur siège, le tribunal a déclaré Issiaga Camara coupable des faits mis à sa charge. Il écope 10 mois dont 6 mois assortis de sursis et le paiement d’une amende d’un million de francs guinéens. Sur l’action civile, le prévenu a été condamné à payer 20 millions de francs guinéens à la partie civile pour réparation de tous préjudices. Le tribunal ordonne également la restitution des passeports et ordonne la confiscation des matériels (scellés) saisis.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com
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