Comme annoncé dans nos précédents articles, des individus armés ont attaqué des éleveurs de Kambambolou, exigeant à ce que ces derniers donnent chacun un bœuf. En l’absence du président du district, Satenin Camara, et après avoir rencontré plusieurs victimes de ces attaques, un journaliste de Guineematin.com est allé recueillir le témoignage du vice-président du district de Kambambolou, Baïlo Sanden. Ce dernier condamne avec la dernière énergie les agressions subies par ses concitoyens.
« Nous ici à Kambambolou et les gens de Kankody, nous avons le même district. Il a été séparé en deux et on a repris notre zone chacun de son côté mais il n’y a pas de frontières précises entre les deux districts. Ces jours-ci, il y a eu un programme pour nos vaches. Il a été écrit par les gens du district de Kankody que nous devions payer une vache de 2 ans désormais. C’est Tounkan Camara qui était à la tête de cette décision et c’est le principal instigateur du mouvement. Chaque éleveur doit donner une vache de 2 ans. Mais notre président de district, Satenin Camara a dit qu’on ne devrait pas le faire puisque cette règle ne s’appuie sur rien. C’est injuste et infondé. Moi-même je suis allé chercher à savoir pourquoi cela. Tounkan Camara dit que ma démarche est une insulte à son égard, ils ont failli frapper mon ami Ali Sandé qui me tenait compagnie. On m’a informé par le biais de Sory Galissa (le président du district de Kankody) que c’est une décision entre les jeunes et les vieux de Kankody. Il m’a informé qu’il y’a des gens en brousse qui ne sont ni de Kambambolou ni de Kankody. Sory Galissa (président du district de Kankody) souligne que les éleveurs de Kambambolou doivent payer mais les gens de Kankody ne sont pas concernés par la mesure, ce qui n’était pas possible à notre avis. Notre district devait payer et eux non. C’est ce que mon ami a refusé et a failli être frappé. Nous sommes partis avec des colas pour nous réconcilier entre nous et demander l’abandon de la mesure, ils ont accepté nos excuses. Et celui qu’on a rencontré nous a dit qu’il informera les autres pour donner actes à nos demandes », a expliqué ce responsable local de Kambambolou.
Malgré ces démarches conciliantes, les gens de Kankody sont restés inflexibles. Ils ont finalement mis à exécution leur menace en agressant les éleveurs de Kambambolou les jours suivants.
« Plus tard, ils sont venus voler les vaches, de l’argent des gens et gâter leur maison. Ce jour, notre délégation partie constater les dégâts a croisé sur son chemin certains assaillants qui ont été interpellés. Ces derniers se sont excusés et ont dit qu’ils ont été envoyés par Tounkan Camara et autres. Mais quand-même tout Kankody soutenait la mesure donc était fautif. Ils ont été entendus par les enquêteurs avant d’être relâchés sous la pression de la foule », a regretté Baïlo Sanden.
Vu qu’ils étaient impuissants face à la détermination de Tounkan Camara et ses hommes, les autorités locales de Kambambolou ont demandé aux victimes d’aller se plaindre à Gaoual.
« On a regroupé les victimes ici qui sont parties à Gaoual. Je rappelle que le président de la délégation est informé de ce problème tout comme le Sous-préfet d’ailleurs. Nous avons appris que certains sont arrêtés mais on n’a pas d’informations précises là-dessus. Lorsque Saïkou Oumar Kann, le président de la Délégation de Foulamory accompagné des gendarmes et des policiers est arrivé à Kankody, ils ont été encerclés et ils sont sortis de là difficilement. C’est après cela que des gens ont été convoqués à Gaoual y compris les premiers responsables. On apprend qu’ils sont mis aux arrêts là-bas mais on ne sait pas trop. Nous souhaitons vraiment que justice soit rendue et que les autorités viennent procéder à des délimitations entre les deux districts. On a besoin de ça. Nous insistons sur la nécessité de rendre justice sur ce dossier. Nos citoyens ont été agressés et violentés, leurs biens spoliés, ils méritent justice », a fait savoir le Vice-président du district de Kambambolou.
Déjà, selon Gbamon Kpoulomou, procureur près le Tribunal de Gaoual, 4 individus sont poursuivis pour vols et complicité de de vol, de dommage aux animaux, de violence et voie de faits. S’ils sont reconnus coupables, ils risquent une peine allant d’emprisonnement de 3 à 7 ans et d’une amende de cinq millions à dix millions de francs guinéens.
Abdallah BALDE et Mamadou Bailo Diallo pour Guineematin.com
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