Les prévenus Seydouba Camara, Ibrahima Sory Sylla, Ibrahima Sory Soumah et madame Passé Camara risquent de lourdes peines d’emprisonnement au tribunal correctionnel de Dixinn. Ils sont poursuivis pour atteinte à la santé publique, complicité et corruption d’agent de sécurité. Il leur est reproché d’avoir détenu, transformé et altéré du cube Maggi impropre à la consommation, ramassé dans une décharge de Conakry. Des faits prévus et punis par les articles 880, 19 et 771 du code pénal. Au tribunal correctionnel de Dixinn, certains prévenus ont nié les faits mis à leur charge, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Les prévenus Passé Camara et Ibrahima Sory Soumah sont de nationalité léonaise tandis que Seydouba Camara et Ibrahima Sory Sylla sont guinéens. Ils sont tous sous mandat de dépôt, depuis le 13 mai 2024.
Madame Passé Camara, née en 1994, est poursuivie pour avoir détenu de cube Maggi avec l’intention de les transformer pour les revendre. Elle ne reconnaît pas les faits. Selon elle, c’était pour sa consommation personnelle. « Je vends du foufou. Yamkeni m’a dit de partir à Comboss. Je lui ai demandé quel côté de Comboss. J’ai pris des sacs vides où je mets le foufou. Les cube Maggi étaient jetés au dépotoir de Comboss mais ils m’ont dit que c’était bon. Nous sommes allés. J’ai pris une petite quantité pour ma consommation personnelle. Le jeune Ibrahima Sory a pris le sac et il a mis sur la moto. J’ai dit à Ibrahima Sory ici présent d’embarquer mon colis. C’est Ibrahima Sory qui est parti en première position. Ibrahima Sory et moi on discutait et la police est venue nous arrêter. Les autres prévenus sont venus intervenir pour nous et ils ont été mis aux arrêts », se défend-t-elle.
Même son de cloche chez le jeune Ibrahima Sory Sylla qui nie les faits mis à sa charge. « C’était vers 17h. C’était mon dernier voyage du jour. Je revenais du boulot. Je travaille à Gbessia. Je quittais Dar-Es-Salam pour Gbessia. J’étais de passage. Passé Camara et sa copine m’ont interpellé. J’étais pressé de rentrer pour garer. Ils ont dit avoir un colis. Ils m’ont dit d’aller à Dabondi. On a conclu pour le transport du colis à 100 000 GNF. J’ai pris deux demi sacs de 50 kg. J’ai envoyé et débarqué le colis. Après le débarquement, j’étais assis avec mon ami à côté. Comme celle-ci ne parlait pas le soussou, j’ai fait l’interprète entre un agent de sécurité et la dame. Comme c’est moi qui ai envoyé le colis, on m’a pris aussi. Je ne connaissais pas ce qu’il y avait dans les sacs. Il y avait 15 sacs en tout. J’ai débarqué le colis à Dabondi. Je n’ai pas demandé ce qui se trouve dans le colis. Celle qui m’a payé est en fuite. Madame Passé a collecté l’argent pour me payer », se justifie Ibrahima Sory Sylla, chauffeur de profession.
Par contre Seydouba Camara et Ibrahima Sory Soumah reconnaissent les faits de corruption à l’endroit d’un agent de la sécurité. Seydouba Camara s’explique : « Je n’étais pas là-bas lorsqu’elle a été mise aux arrêts. J’étais à Dixinn. Le lendemain, les parents de Passé Camara sont venus m’informer qu’elle et les petits sont aux arrêts. Comme nous sommes les sages d’ici, la famille de Passé m’a demandé à chercher à libérer leurs enfants. Nous avons eu 300 000 GNF en tout. On est venu pour demander pardon. Arrivé, on a remis l’argent au commandant. Il nous a dit, Ibrahima Sory Soumah et moi, de nous rendre à Gbessia. Une fois là-bas, le commandant a dit qu’on ne bouge plus, qu’on est mis aux arrêts. C’est comme ça que je suis entré dans cette affaire. C’est à Gbessia que j’ai appris que c’est à cause d’une affaire de Maggi qu’ils ont été pris. D’habitude, j’interviens pour d’autres affaires. Si c’est pour les affaires de coups et blessures volontaires, on demande 200.000 GNF », a fait savoir ce prévenu, âgé de 56 ans.
Dans sa version des faits, Ibrahima Sory Soumah a reconnu avoir participé à la corruption de l’agent. « J’étais couché à la maison. Ils m’ont appelé en me disant qu’il y a des léonais mis aux arrêts. Le doyen m’a dit de venir. On nous a dit que c’est un problème de maggi. Ils m’ont dit qu’on doit aller parler avec ceux qui les ont arrêtés. Ils ont cotisé de l’argent, 300.000. Lorsque nous sommes arrivés là-bas, le commandant nous a dit que ce n’est pas lui seul qui gère. Il nous a dit d’aller à Gbessia. Ensuite, il nous a fait savoir que c’est interdit ce que je faisais. Je suis allé avec le doyen. J’ai accompagné le doyen. Je reconnais que ce que j’ai fait n’est pas bien. On savait que c’était à cause du Maggi périmé qu’ils étaient pris >>, révèle ce pêcheur Léonais, né en 1982.
Suite à la fin des débats, le représentant du ministère public a fait ses réquisitions. « Le ministère public poursuit ces prévenus pour avoir atteint à la santé publique, complicité et corruption. Mme Passé Camara disait qu’elle était partie prendre pour sa consommation. 7 sacs et demi de 50 kilo pour sa consommation. À l’enquête préliminaire, elle avait dit qu’elle prenait pour rendre en poudre et vendre en Sierra Leone. Même si c’était pour sa consommation, elle met la vie des autres en danger. Le ministère public requiert de retenir Madame Passé Camara dans les liens de la culpabilité pour des faits de falsification et de détention de denrées périmées. Nous vous demandons de la condamner à 2 ans d’emprisonnement et à une peine d’amende d’un million de francs guinéens. S’il y a une pièce à conviction, le ministère public requiert que ces produits soient détruits. Quant à Ibrahima Sory Sylla, il est abusé par sa naïveté et son envie d’argent. Il ne connaissait pas le contenu de ses sacs. Poursuivi pour complicité, ne retenez rien contre lui. Seydouba Camara est le négociateur ou le corrupteur, et Ibrahima Sory Soumah reste l’intermédiaire entre la famille de Passé et le négociateur. Il se joint à Seydouba pour corrompre un agent de l’État. Pour le négociateur Seydouba Camara et l’apprenti négociateur, Ibrahima Sory Soumah, le ministère public requiert 1 an de prison pour des faits de corruption d’un agent de l’Etat », a requis le procureur.
Après les réquisitions du ministère public, les prévenus dans cette affaire ont pris la parole pour leur propre défense. Ils ont tous demandé pardon, sollicitant des circonstances atténuantes.
Le tribunal a renvoyé le dossier au lundi, 30 septembre 2024, pour rendre sa décision.
Boubacar Diallo pour Guineematin.com