Malgré les campagnes de sensibilisation et la répression, l’exploitation des enfants en Guinée est encore une triste réalité. Les ONG ne baissent pas les bras et continuent le combat pour éradiquer le phénomène. C’est dans cette dynamique que Mamadou Oury Bah, fondateur de l’ONG Mêmes droits pour les Enfants, s’investit aujourd’hui à faire de son mieux. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com il a exprimé ses vives préoccupations concernant la situation des enfants dans notre pays, notamment leur exploitation dans les rues et au sein des familles.
Selon le constat de Mamadou Oury Bah, fondateur de l’ONG Mêmes droits pour les Enfants, de nombreux enfants sont forcés de travailler comme vendeurs ambulants ou victimes d’abus au sein de leurs foyers. « Il y a des analyses qui ont été faites à ce niveau. Nous avons observé, tout au long de la route, qu’il y avait des enfants qui marchaient, des ambulants qui portaient des sachets d’eau ou des objets de peu de valeur. Cela n’a pas plu à notre structure. Nous avions voulu adresser des courriers au ministère de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables pour qu’ensemble nous traitions le sujet. Il y a aussi d’autres facteurs qui ne nous ont pas plu, notamment au niveau de la traite des enfants. Nous constatons, dans certaines familles en Guinée, qu’il y a des abus, de la traite des enfants. Il y a souvent des enfants qui viennent de l’intérieur du pays, des enfants adoptés ou des orphelins, mais qui sont victimes d’exploitation, comme par exemple aller chercher de l’eau loin des quartiers, ce qui peut causer des torts à l’enfant. L’enfant ne doit pas être une source de revenu pour la famille, mais plutôt la famille doit être une source de soutien pour l’enfant, car c’est lui l’avenir du monde. Si l’enfant est exploité de la sorte, cela peut endommager ses organes et avoir un impact psychologique sur lui », dit-il.
Pour faire face à ces problèmes, Mamadou Oury Bah demande à l’État de faire en sorte que l’éducation des enfants au niveau élémentaire soit gratuite. « Les responsabilités sont partagées, il y a les familles, mais aussi l’État. Les familles font partie de l’État, donc celui-ci doit d’abord prendre ses responsabilités. Il existe déjà des organes comme l’OPROGEM (Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs) au Ministère de la Promotion féminine et de l’Enfance, qui doivent œuvrer dans ce sens. Si nous voyons des enfants dans la rue, cela est dû à certains facteurs, mais il faut aller plus loin. Si nous voulons rendre notre système éducatif plus efficace, l’État doit accompagner en rendant l’école élémentaire gratuite pour les familles, ce qui peut alléger le coût de la scolarité et réduire certaines formes d’exploitation subies par les enfants. À ce niveau, je demande au Ministère de l’Éducation nationale, ainsi qu’au ministère de la Promotion féminine et même au Premier ministre, Monsieur Bah Oury, de prendre des mesures pour freiner ce fléau. Si nous le voulons, nous pouvons. Au temps de Sékou Touré, l’école élémentaire était gratuite, les gens allaient à l’école pour apprendre à lire et à écrire. Pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même aujourd’hui, afin que nos enfants sachent lire et écrire ? Quand nous allons à l’intérieur du pays, on peut trouver des établissements qui n’ont pas assez d’élèves. Pourquoi ? Parfois c’est dû au manque de moyens, parfois au manque d’enfants intéressés. Pour maintenir les enfants en classe, il faut faciliter la tâche aux parents », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, ce défenseur des droits des enfants demande au CNT de revoir l’avant-projet de la nouvelle constitution pour prendre en compte la situation des enfants en Guinée. « Je fais une doléance au CNT et à la primature, car si nous parlons aujourd’hui des questions de droits, c’est qu’il y a une défaillance des deux côtés. Je demande au Président du CNT de revoir l’avant-projet de la nouvelle constitution pour que certaines priorités concernant les enfants soient mises en place, surtout en matière d’éducation, afin que l’éducation élémentaire soit gratuite. La santé et la nutrition des enfants devraient être gratuites également, et la sécurité des enfants doit être une priorité. Avec la nouvelle constitution, il faudrait instaurer des points essentiels pour que le respect des droits des enfants soit une priorité pour le gouvernement », a-t-il martelé.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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