Gestion des déchets à Matam (Conakry) : que sont devenus les dépôts sauvages et lieux insalubres ?

Mairie de Matam

La gestion des déchets dans la capitale guinéenne relève également des communes. Depuis plusieurs années, l’État a instauré des journées baptisées « journées citoyennes d’assainissement » pour que Conakry soit une ville propre. Des journées au cours desquelles les membres du gouvernement, les autorités communales et les citoyens se mobilisent sur les espaces publics pour ramasser et transporter les déchets vers la décharge de Dar-Es-Salam. Ce processus, qui mobilise plusieurs acteurs, exige des efforts considérables ainsi que des ressources matérielles et financières importantes. Dans la commune de Matam, malgré des progrès notables dans certaines zones, des défis subsistent. Pour en savoir davantage, Guineematin.com a donné la parole à Frigui Camara, président de la commission développement local, environnement et assainissement de la mairie de Matam.

Guineematin.com : parlez-nous de votre rôle en tant que responsable de l’assainissement dans la commune de Matam ?

Frigui Camara, président de la commission développement local, environnement et assainissement de la commune de Matam

Notre rôle est très prépondérant dans la problématique de l’assainissement à Matam. Nous sommes les délégués qui assurons l’interface dans ce secteur. Nous planifions les programmes et accompagnons tous les acteurs qui interviennent dans ce domaine.

Quelles sont vos principales missions et responsabilités ?

La principale mission, c’est de soutenir tous ceux qui nous aident. Nous sensibilisons la population, nous travaillons avec les PME et les organisations locales. Mais tout cela résulte d’une préparation approfondie.

Comment évaluez-vous l’état actuel de la propreté et de la gestion des déchets dans la commune de Matam ?

À première vue, on peut comparer Matam entre 2022, 2023 et 2024. Auparavant, il y avait des dépôts sauvages et des lieux insalubres un peu partout. Mais grâce aux campagnes de sensibilisation et aux actions concrètes, les choses ont évolué. Matam est plus propre aujourd’hui.

Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés en matière d’assainissement (accumulation des déchets, infrastructures inadéquates, manque de sensibilisation… ) ?

Le défi principal que nous rencontrons aujourd’hui concerne les canalisations. Celles situées dans les quartiers ne sont pas suffisamment sécurisées. Les inondations dans certains endroits sont dues à cela. L’incivisme de certains habitants, qui déversent leurs ordures dans les canaux, aggrave également le problème.

Quelles actions ou initiatives récentes avez-vous entreprises pour améliorer l’assainissement dans la commune ?

Nous sensibilisons la population à s’abonner aux services des PME. Mais à un certain moment, il faudra dépasser la sensibilisation pour passer aux sanctions. La sensibilisation, aussi nécessaire soit-elle, ne suffit pas pour que tout le monde s’engage pleinement dans la gestion de l’assainissement.

Le plus grand marché du pays, le marché de Madina, se trouve dans la commune de Matam. Comment gérez-vous les déchets avec cette forte concentration de population ?

Le marché Madina est le poumon économique du pays. C’est un grand marché. Certes, il est situé dans la commune de Matam, mais sa gestion est partagée entre le gouvernorat de Conakry et la mairie de Matam. La propreté du marché doit résulter d’une synergie entre ces deux entités. Concernant les différents types de déchets (liquides, plastiques, organiques, etc.), il existe des entités qui s’en occupent. Cependant, comme je vous l’ai dit, la gestion est partagée. À Matam, nous actualisons des initiatives, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires. Grâce aux initiatives du président de la délégation spéciale, qui refuse l’insalubrité dans la commune, des actions ponctuelles sont menées.

Comment impliquez-vous les habitants dans la gestion des déchets et de l’assainissement ? Existe-t-il des campagnes de sensibilisation ou des programmes participatifs ?

Nous encourageons la participation active de la population dans nos projets. Les chefs de quartiers et d’autres responsables exhortent les habitants à participer à nos initiatives.

Quelles sont les infrastructures actuellement disponibles pour la gestion des déchets (stations de traitement, décharges, etc.) ? Sont-elles suffisantes ?

En matière d’infrastructures d’assainissement, nous disposons de zones de traitement et de transfert des ordures dans certains quartiers. Mais ces infrastructures sont insuffisantes, notamment en raison du manque d’espace. Des organisations comme ENABEL (coopération belge) nous ont aidés à implanter deux centres de traitement qui fonctionnent aujourd’hui. Après la collecte, les PME transfèrent les déchets vers ces centres pour y être triés. Une partie est envoyée vers le site de compostage, l’autre vers les décharges. Notre principal problème est de trouver des espaces supplémentaires pour améliorer tout cela. Nous avons besoin d’un centre de traitement des déchets liquides.

Quel rôle jouent les écoles et les jeunes dans la sensibilisation à l’hygiène publique et à la gestion des déchets dans la commune de Matam ?

À l’école, nous enseignons aux enfants l’importance de la propreté. Ces derniers peuvent transmettre ces connaissances à leurs parents, ce qui constitue une autre forme d’éducation à la salubrité. C’est un moyen de sensibilisation entre les élèves et leurs familles. Il faudrait même intégrer cette formation dans les programmes scolaires à l’avenir.

Quelles sont les priorités et les projets futurs pour renforcer l’assainissement dans la commune de Matam ?

Il faut valoriser les déchets, en particulier les plastiques ou les produits recyclables, car cela pourrait générer des revenus pour la population. La gestion des déchets solides peut avoir un impact économique sur le pays.

Le changement climatique a-t-il un impact sur les efforts d’assainissement à Matam ? Si oui, comment l’intégrez-vous dans vos stratégies ?

La lutte contre le changement climatique doit être intégrée dans un programme d’investissement annuel. Si cela est fait, nous pourrons mieux combattre ce phénomène très dangereux. L’État a des contrats avec les organisations de gestion des déchets, mais pas avec ceux qui les ramassent. L’État ne paie pas les PME, mais plutôt les sociétés. Il y a eu des plaintes liées aux retards de paiement des travailleurs par ces sociétés. Cependant, l’ANASP (Agence nationale de salubrité publique) s’efforce de régler ce problème.

À quoi servent les poubelles de rue ? Sont-elles destinées aux ménages ou aux passants ?

Les citoyens n’ont pas le droit d’utiliser les poubelles de rue. Elles sont réservées aux passants, par exemple, pour y jeter des déchets après avoir consommé quelque chose. Les habitants doivent comprendre cela et se comporter en conséquence. Des sanctions doivent être appliquées, car à un certain moment, la sensibilisation ne suffit plus.

Quel message aimeriez-vous transmettre aux habitants de Matam pour qu’ils s’engagent davantage dans la propreté de leur environnement ?

L’ANASP applique la politique nationale d’assainissement. C’est une compétence transférée aux collectivités. Il est essentiel de respecter les lignes directrices et le schéma directeur établi. Grâce au matériel fourni par ENABEL, nous avons les capacités nécessaires pour relever le défi de la gestion des déchets. Cependant, cela nécessite l’implication de tous. Nous souhaitons une commune propre et exemplaire en matière d’assainissement.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622 919 225

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