À l’occasion de la commémoration des 15 ans du massacre du 28 septembre 2009, l’Association des filles et femmes violées durant cette tragédie a organisé une conférence de presse ce samedi pour exposer leur situation actuelle. Devant les médias, ces femmes ont exprimé leur indignation face à ce qu’elles considèrent comme une discrimination systématique de la part d’organisations comme l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (AVIPA), l’Organisation guinéenne de défense des droits de l’Homme (OGDH) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).
Fatoumata Barry, l’une des victimes de viols survenus lors des massacres, a pris la parole avec une émotion palpable.
« La commémoration des massacres du 28 septembre est vraiment une commémoration de tristesse. Nous pensons à nos morts et aux filles qui ont été violées, dont je fais partie. C’est une date à commémorer », a-t-elle entamé.
Fatoumata Barry a ensuite souligné le travail réalisé par la justice, mais elle a insisté sur la nécessité d’alerter l’opinion nationale et internationale sur la situation des victimes, en appelant à une réévaluation des droits de toutes les personnes concernées. Cette victime a critiqué la division qui semble régner entre les différentes associations de défense des droits et elle a lancé un appel à l’unité.
« Nous demandons à toutes ces entités d’appeler tout le monde sans discrimination et de se mettre sur la même longueur d’onde », a-t-elle dit.
Fatoumata Barry a également pointé du doigt le retard dans l’indemnisation des victimes et a dénoncé la discrimination.
« Nous savons ce qui se manigance dans ces ONGs. Moi-même, j’en ai été victime », a-t-elle indiqué.
Fatoumata Barry a également critiqué le fait que certaines personnes partent en Europe pour représenter les victimes, tandis que d’autres restent sur le terrain, invisibles et sans voix.
« Nous ne haïssons pas ces associations, mais elles doivent nous associer pour que nous parlions d’une seule voix », a-t-elle affirmé.
Dame Fatoumata a aussi contesté les chiffres avancés par les organisations concernant le nombre total de victimes, affirmant que les véritables victimes sont souvent mises de côté au profit d’un discours qui semble servir davantage les intérêts financiers de certaines ONGs.
« Ils ont gonflé le nombre de victimes à 750 devant l’ancien ministre de la justice, mais le verdict du tribunal n’a reconnu que 350 victimes. Tout cela parce qu’ils veulent se remplir les poches au nom des victimes », a-t-elle déclaré.
Malgré ce traitement, Fatoumata ne désespère pas, sa détermination reste sans faille. Elle dit à qui veut l’entendre que son association va continuer à se battre pour les droits de toutes les victimes.
« Je ne perds pas espoir. Je suis là pour comprendre et défendre la cause de toutes les victimes. Nous devons rester unis et solidaires dans notre lutte pour la justice », a-t-elle dit.
Alors que le pays se souvient des atrocités du passé, la voix des femmes victimes du 28 septembre 2009 rappelle l’importance d’une véritable solidarité et d’une reconnaissance des droits de toutes les victimes, sans discrimination ni exclusion.
Lamine KABA pour Guineematin.com
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