Avortement en Guinée : entre interdictions légales, convictions religieuses et exceptions médicales

L’humanité célèbre samedi, 28 septembre 2024, la journée mondiale du droit à l’avortement. Cependant, dans plusieurs pays, notamment en Guinée, l’avortement volontaire reste une pratique interdite par la loi et la religion musulmane. Selon des spécialistes en droit et des érudits musulmans interrogés à ce sujet par Guineematin.com à travers un de ses reporters, l’avortement volontaire est perçu comme un crime, réprimé aussi bien par les lois guinéennes que par les principes de l’Islam.

Le débat sur l’avortement suscite des discussions au sein de l’opinion publique. À ce sujet, Maître Amadou Baben Camara, avocat à la Cour, rappelle que l’avortement est, en principe, interdit par la loi en Guinée.

Me Amadou Baben Camara, avocat de l’État

« Mais, il existe des exceptions. Par exemple, en cas de viol, lorsque la vie de la femme enceinte est menacée, en cas d’inceste, ou encore si l’enfant à naître est atteint d’une maladie grave et incurable… Lorsqu’il s’agit d’une intervention motivée par des raisons médicales, on parle d’interruption thérapeutique de grossesse (ITG) ou médicale de grossesse (IMG). Dans de tels cas, un collège de médecins doit établir un procès-verbal détaillant la nécessité de l’avortement », précise l’avocat.

Par ailleurs, maître Baben Camara est revenu sur les sanctions prévues par le code pénal contre toute personne qui se rend coupable d’un avortement volontaire, en dehors des cas autorisés. « Celui qui procède à un avortement sans raisons médicales justifiées par un collège de médecins encourt conformément aux dispositions de la Loi, une peine d’un à deux ans de prison et une amende de cinq millions de francs guinéens, ou l’une de ces deux peines lui sera infligée. Dans certains cas, la peine peut aller de 2 ans jusqu’à cinq ans d’emprisonnement », avertit-il.

Du point de vue religieux, Oustaz Ramadan Bah, chroniqueur islamique, enseigne que l’avortement est considéré comme un crime en islam.

« Il est formellement interdit, sauf si la vie de la mère est en danger. Certains érudits estiment que, dans ce cas précis, l’avortement est permis pour sauver la mère, tandis que d’autres s’y opposent catégoriquement. Pour eux, dès que le fœtus reçoit le souffle de vie, il devient interdit de l’ôter. Celui qui pratique un avortement dans ces conditions est coupable d’avoir ôté une vie, et la sanction divine est très sévère. C’est pour cela qu’il faut éviter cette pratique, comme le rappelle le Coran : ‘Ne tuez pas vos enfants », a-t-il précisé.

A noter que plusieurs médecins que nous avons contactés à ce sujet ont refusé de se prononcer.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel: 666919225

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