Le jeune entrepreneur Carlos Sandy, président de l’Union des producteurs de banane de N’Zérékoré, compte œuvrer pour redynamiser ce secteur, en vue d’une production de qualité. Cette action, initiée en collaboration avec ses structures et antennes dans les différentes préfectures de la région forestière, s’inscrit dans l’esprit et la dynamique d’une relance agricole de la filière banane. Elle vise à aider la population à la base, notamment les planteurs de banane, à sortir des difficultés pour devenir un moteur dans ce domaine relativement négligé par les autorités, rapporte l’équipe de Guinéematin.com basée dans la capitale de la région forestière.
Carlos Sandy, répondant aux questions de nos reporters, a évoqué le bien-fondé de cette initiative. « L’union a été créée suite à un constat amer, parce qu’il y avait une première union qui était déjà presque morte. C’est lors de la tournée du ministre sortant sur les constats sur la filière de la banane plantain, il fallait regrouper l’ensemble des acteurs clés et faire en sorte que l’union soit redynamisée, et donner une autre image à la culture de la banane plantain de façon préprofessionnelle. C’est dans ce sens qu’on a eu à travailler et à faire une élection à l’issue de laquelle j’ai été choisi comme président de l’Union. Nous sommes représentés presque dans les préfectures de la région forestière. Il y a une union aussi à Macenta qui travaille avec les gens de Yomou. Egalement, l’union de N’Zérékoré qui travaille avec celle de Lola et Beyla. Quand on avait mis l’union en place, on avait eu à travailler avec des groupements dans les villages. On a déjà eu trois-cent (300) groupements et quatre-mille quatre-cents (4400) acteurs, dont mille-six-cent (1600) femmes. Et notre objectif principal est de redynamiser la filière banane, de faire en sorte que la filière soit beaucoup plus professionnelle, et surtout produire des bananes en qualité et en quantité », a décliné Carlos Sandy.
Parlant des variétés et qualités de bananes qu’ils comptent développer, le président de l’Union des producteurs de banane de N’Zérékoré énumère : « Principalement, il y a deux à trois variétés que nous aimons beaucoup plus et que nous nous intéressons à développer ; beaucoup de variétés, parce que quand vous parlez de développer une filière comme la banane, le résultat, c’est d’avoir des régimes. Et ces régimes aussi doivent répondre à un certain critère. Même s’il y a la productivité, mais il faut aussi le poids. Donc, ce sont des régimes qui ont un poids qui varie de 15 à 25 kg en fonction de la méthode culturale. Mais chez nous ici, on produit des régimes de 7 à 10 kg. Alors, c’est un travail dont il faut améliorer les résultats, parce que quand on travaille, on doit s’attendre à des résultats qui doivent être de bons résultats. De ces variétés, il a le Big-ebanga, le Fhia et les Frenchs géants. Ce sont des variétés qui sont très bonnes. Le Big-ebanga donne de gros régimes, mais avec peu de mains. Quand on prend le Fhia et les Frenchs géants, ils ne donnent pas de gros régimes, mais ils ont plus de mains et de doigts », a-t-il fait savoir.
Pour ce qui est des éléments à leur disposition et la prévision des espaces cultivables, le jeune entrepreneur précise. « Nous disposons déjà d’un germoir qui est pour nous un milieu approprié pour multiplier les variétés que nous envoyons pour améliorer. Dans la culture traditionnelle de la banane que nos parents font, des problèmes existent encore. Il y a des prédateurs qui usent beaucoup la banane. Pour faire une bonne culture, il faut commencer à avoir un matériel végétal de qualité. Alors, ce germoir est le milieu approprié pour nous de travailler, pour améliorer la variété et avoir un matériel végétal de qualité. Ce germoir nous permet également d’avoir la quantité des plants de banane. Pour les espaces cultivables, on a demandé aux acteurs et groupements, les surfaces disponibles qu’ils peuvent mettre en valeur. Pour cela, on est parti jusqu’à 6724 hectares. Quand vous prenez l’ensemble, vous trouverez qu’il y a un grand besoin. Or aujourd’hui, le marché demande assez de bananes plantains, mais la production est en baisse. Cependant, nous avons toute la richesse dont nous nous ventons chaque fois en Guinée. Nous nous sommes dit qu’il faut alors changer la façon de faire. On doit se mettre ensemble pour que nous puissions donner une nouvelle image à la culture de la banane plantain. C’est ce que nous demandons à tous les acteurs et même ceux qui sont déjà dans l’union. Et nous travaillons pour bannir l’insécurité alimentaire », a indiqué Carlos Sandy.
En outre, Monsieur Sandy a parlé des avantages et profit financiers à tirer de leur initiative, pour les planteurs, mais aussi pour l’Etat. « Si vous voulez occuper 6000 hectares, et que par hectare vous voulez mettre 2000 pieds de bananes, vous vous rendrez compte que vous avez besoin de la qualité et de la quantité. Pour cela, on fait le sevrage et la pépinière plus proche de nos membres et nos groupements pour diminuer le coût du travail. Le paysan n’a pas de moyens, et son quotidien c’est l’agriculture. S’il est accompagné dans ce qu’il fait, il réussit mieux. C’est dans ce sens que nous faisons le germoir, parce que c’est beaucoup plus technique. La méthode que nous utilisons est celle du plan issu de fragment des tiges. Et, tout ce qu’on envoie au champ comme produit, c’est le vivo plant. Ce sont ces plants que nous produisons dans les pépinières. La durée avant la production des régimes dépend de la variété. Pour un hectare de banane, il faut 2000 pieds de bananes. Et pour une culture professionnelle de cet hectare, il faut un budget de 80 millions GNF. Quel est le paysan qui peut investir dans ce genre de projets. Pourtant, c’est eux les acteurs, et c’est eux qui produisent. Nous aussi, nous avons besoin des produits, car on produit, on crée de l’emploi et de la valeur ajoutée à notre économie. Par exemple si la banane est exportée, ça donne beaucoup de devises. Si nous prenons aujourd’hui le Ghana dans le domaine de la culture de la banane, le PIB est à plus de 13,1%. Chez nous en Guinée, on a complètement oublié ces filières depuis très longtemps. Il faut qu’on se rappelle de notre histoire. On a été meilleur producteur de la banane où on exportait la banane. Pourquoi pas aujourd’hui ? Nous sommes vantés en Afrique de l’Ouest que la Guinée est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest. Et l’eau et la banane vont de pair. Alors, je pense que l’ensemble de ces éléments-là doit interpeler tout le monde. A Beyla par exemple, dans le cercle de Boola, c’est une grande zone de production de la banane dont les gens parlent moins. C’est une zone qui produit assez de bananes. Si on professionnalise le secteur, à côté de l’activité minière, l’activité agricole pourra aussi beaucoup évoluer, en donnant la force à notre économie, car il n’y a pas une seule préfecture en Guinée où on ne mange pas la banane. Mais la réalité est que la population ne fait qu’augmenter. A Simandou par exemple, si ça va commencer à bien travailler, vous allez voir qu’il y aura un grand besoin. Mais avant ça, il faut penser à créer des conditions pour nourrir cette population. C’est pourquoi notre cri de cœur reste toujours la même chose, investir dans cette filière pour que nous puissions atteindre aujourd’hui les résultats souhaités, ou reprendre notre place que nous avons laissée depuis longtemps. Le monde entier reconnait que la banane plantain est une opportunité économique pour certains Etats », a-t-il fait comprendre.
En outre, le président de l’union des producteurs de banane de N’Zérékoré a expliqué les autres activités connexes. « On ne se limite pas que seulement sur la formation théorique mais aussi la pratique, car la formation de façon technique, on ne peut pas donner à distance. Donc, quand nous partons voir les groupements dans les champs, on s’approche d’eux et puis on leur montre les stratégies qu’il faut. Ici dans la zone de N’Zérékoré, on a eu la chance d’avoir plus de jeunes acteurs qui peuvent faire la pépinière. Ce qui est déjà un grand pas. Il y a des jeunes que nous formons, qui peuvent être aussi des formateurs auprès de ces groupements. Mais, c’e sont des moyens qu’il faut pour que ces gens-là puissent travailler avec eux au village. Déjà que nous sommes des acteurs locaux, nous maitrisons beaucoup, donc c’est une opportunité. C’est pour dire à tous les acteurs et nos mamans qui qui endurent le coût, que tout commence par la production. S’il y a une grande production, toutes nos mamans seront à l’aise. Et s’il faut encore aller loin parce que nous sommes dans une période de réchauffement climatique, il faut aller avec le système d’irrigation pour produire même en contre saison. Voici les éléments intéressants qui nous préoccupent beaucoup, et dont l’ensemble de ces coûts-là ne peut pas permettre aux paysans, s’ils ne sont pas aidés, soit par un fond revolving, ou par une subvention pour rehausser la production…. »
Pour terminer, Carlos Sandy lance un appel d’aide et d’accompagnement de l’Etat, mais aussi aux institutions bancaires et personnes de bonne volonté. « Nous demandons au gouvernement de nous accompagner par un fonds dans ce domaine de la culture des bananes plantains, de la même manière que d’autres initiatives sont en train d’être accompagnées dans le domaine de la culture, telle que l’union des producteurs de la pomme de terre, de l’igname et de l’ananas. Nous tendons aussi la main vers les institutions bancaires comme la Banque mondiale, et tant d’autres, pour nous appuyer à créer un marché d’emploi, parce que la crise est là, et la population augmente », a lancé le président de l’Union des producteurs de la banane de N’Zérékoré, Carlos Sandy.
Depuis N’Zérékoré, Foromo Gbouo Lamah, Jean David Loua et Sayon Haba pour Guineematin.com
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