Dans un communiqué publié le 24 septembre dernier, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a annoncé la “levée totale” de la suspension de la Guinée de la Francophonie. Cette suspension a été prononcée contre la Guinée au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre 2021 contre le régime d’Alpha Condé. Et sa levée s’inscrirait dans le cadre d’un “nouveau mécanisme de suivi et d’évaluation” adopté en juin et elle aurait été motivée par les “avancées constatées” dans le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée par la junte militaire du CNRD.
“Bien qu’ayant relevé la nécessité pour la Guinée de poursuivre ses efforts sur le volet des droits et des libertés, le CPF (Conseil permanent de la francophonie) a décidé d’exprimer sa solidarité avec ce pays membre en levant totalement la suspension de la République de Guinée de la francophonie prononcée en 2021. Cette décision s’inscrit dans le cadre d’un nouveau mécanisme de suivi et d’évaluation adopté en juin dernier par le conseil permanent de la francophonie visant à rétablir progressivement la participation des Etats suspendus en fonction des avancées constatées dans le rétablissement de l’ordre constitutionnel et du respect des droits et des libertés”, a écrit l’OIF dans son communiqué.
Cependant, cette décision de l’OIF est surtout perçue en Guinée comme une “réhabilitation” qui offre un blanc-seing à la junte du Général Mamadi Doumbouya de continuer sur sa lancée teintée de violation des droits de l’homme. En tout cas, pour de nombreux acteurs sociaux et politiques guinéens, “il existe un fossé abyssal entre la situation en Guinée et les motifs de cette décision de l’OIF.
Dans une lettre adressée à l’OIF et publiée ce lundi, 30 septembre 2024, les avocats français du FNDC (Front national pour la défense de la constitution) ont “contesté” cette levée de la suspension de la Guinée.
“Cette décision ne trouve aucunement à s’expliquer au regard de l’intensité des violations des droits humains en Guinée. Personne ne pouvait s’attendre à une telle décision qui suggère une évolution favorable de la situation politique en Guinée. Aucune circonstance nouvelle n’est pourtant de nature à la justifier, alors que le pays s’enlise dans une dérive autoritaire totale. Cette décision est également profondément révoltante car elle s’assimile à une forme de récompense face à une suspension légitime qui a duré plusieurs années. Or, nous ne voyons aucun indicateur de rétablissement de l’ordre constitutionnel et du respect des droits et libertés en Guinée. Cette suspension est à l’envers de ce à quoi nous assistons”, ont-ils écrit en guise de protestation.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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