Depuis plus d’une décennie, les institutions d’enseignement supérieur de Guinée sont confrontées au phénomène de la vente de brochures dans les salles de classes. A tort ou à raison, de nombreux enseignants sont accusés par leurs étudiants d’assujettir l’octroi des notes par l’achat de ces supports de cours. La pratique est devenue un véritable fonds de commerce au point que certains d’entre eux s’y adonnent à cœur joie et peuvent se retrouver avec des montants allant de sept à dix millions de francs guinéens chaque année. Pour freiner la pratique, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation a publié une note circulaire interdisant la vente des brochures. Une mesure que des enseignants saluent à plus d’un titre dans un contexte où les étudiants tirent le diable par la queue, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters ce mardi, 1er octobre 2024.
Durant de nombreuses années, les étudiants se sont plaints de la vente de ces brochures. Aujourd’hui, leur cri de cœur est tombé dans de bonnes oreilles. La récente note circulaire signée du Ministre Alpha Bacar Barry vient remettre de l’ordre dans le processus.
Mamoudou Mariam Tounkara, professeur de Sociologie, enseignant dans de nombreuses universités de Conakry, salue une décision qui vient à point nommé.
« Dans l’état actuel des choses, c’est une très bonne nouvelle que le Ministère arrive à supprimer la vente des brochures qui est d’ailleurs une pratique anormale. On ne doit pas les vendre parce que ces productions ne sont pas des choses que l’enseignant a achetés. Il est allé dans des ouvrages en ligne ou physique. Il a construit un corpus consommable. Donc, son plus grand plaisir doit être celui de faire consommer ce savoir par d’autres afin de contribuer à l’avancement de la science. Mais de là à faire de cela un fonds de commerce, c’est là-bas que le bât blesse. Donc, c’est une décision très sage appréciée par le monde des enseignants et chercheurs. L’enseignement, ce n’est pas un marché, c’est plutôt un rendez-vous de donner et de recevoir et non un lieu de marchandage », a-t-il déclaré.
Pour permettre au personnel d’encadrement pédagogique et de recherche du sous-système d’enseignement supérieur de supporter le coût de cette réforme, le département a procédé à la revalorisation de la prime de documentation des titulaires de cours, apprend-on. Désormais, cette dernière passe de 750 000 GNF à 3 000 000 GNF.
À l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, l’une des plus grandes institutions d’enseignement supérieur du pays, la note circulaire été bien reçue. Selon son Directeur de l’information et de la communication, dès les premiers jours de la rentrée universitaire 2024-2025, prévue le 14 octobre prochain, toutes les mesures seront prises pour sa mise en vigueur.
« A notre niveau à l’université de Sonfonia, dès que la note a été reçue par le recteur, nous avons été chargés de la diffuser sur l’ensemble de nos canaux de communication. Aujourd’hui, la majeure partie des enseignants sont informés qu’à la rentrée universitaire 2024-2025, il n’y aura plus la vente de brochures à l’université de sonfonia », a déclaré Mamadi Sayon Camara.
Pour sa part, Mamadou Adama Sow, secrétaire général de la section syndicale de l’Université de Sonfonia, pense que la décision s’inscrit beaucoup plus dans la qualification du personnel encadrant. Tout de même, il appelle le ministre à veiller sur l’application stricte du décret portant revalorisation de la prime de documentation.
« Nous sommes prêts à accompagner mais il faut que le décret soit appliqué dans son intégralité. C’est ce que le syndicat demande à Monsieur le ministre. Si le décret est appliqué, je pense bien que les enseignants vont oublier le problème de brochure », lance notre interlocuteur.
Désormais, c’est sur une plateforme en ligne que les enseignants sont demandés de charger. Cet outil en ligne est dénommé Plateforme Universitaire de Documentation (PLUDOC). Elle est une initiative du département et va servir d’espace devant rassembler les supports de cours, dénommés dans les usages courants « brochures de cours » pour faciliter l’accès à la documentation pédagogique par l’ensemble des étudiants des différents paliers d’enseignement ou apprentissage.
Lamine Kaba pour Guinéematin.com
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