Dubréka : témoignage et conseils d’Elhadj Mohamed Lamine Soumah, compagnon de l’indépendance

Elhadj Mohamed Lamine Soumah, compagnon de l'indépendance ( Dubreka)

La Guinée célèbre le 66ème anniversaire de son accession à l’indépendance ce mercredi, 02 octobre 2024. Le 28 septembre 1958, alors colonie française, la Guinée avait dit « Non » au référendum Gaulliste, marquant ainsi sa volonté de s’émanciper. Ce rêve se concrétisa le 2 octobre de la même année sous la conduite de feu Ahmed Sékou Touré, avec le soutien des cadres et des populations laborieuses du pays. À l’occasion de cet événement marquant, un reporter de Guineematin.com s’est entretenu avec Elhadj Mohamed Lamine Soumah, témoin privilégié de l’histoire et compagnon de cette époque historique.

Interrogé sur les défis actuels du pays, par rapport aux idéaux de l’indépendance, Elhadj Soumah a fait remarquer que malgré son potentiel, la Guinée accuse un retard par rapport à ses voisins. « La Guinée n’est pas en retard, mais elle est restée longtemps stagnante. Il faut dépasser cela, il faut évoluer. Si nous comparons la Guinée aux autres pays de la sous-région, aux 8 anciennes colonies que nous avons connues, la Guinée a été la première à prendre son indépendance. Mais aujourd’hui, en regardant l’évolution des pays voisins, il ne faut ni avoir honte ni peur de dire : nous sommes en retard », dit-il d’entrée.

Âgé aujourd’hui de 87 ans, Elhadj Soumah a également donné son point de vue sur l’importance de la date historique du 2 octobre. « Le 2 octobre représente pour moi une nouvelle vie. C’est comme si je renaissais et que je devais faire mes premiers pas dans un monde tumultueux, avec ses hauts et ses bas, ses défis. C’était un véritable défi que la nation guinéenne soit libre et épanouie. Maintenant, étant libre de mes pensées et de mes actions, je me dois de jouer ma partition, car la Guinée est la mienne. Il faut que la Guinée brille sur la scène internationale. Il faut que notre pays se développe, mais pas sur une jeunesse dévergondée. Ce développement doit se faire dans la discipline, le respect et le vivre-ensemble. Avec un même idéal, un même destin, unissons-nous pour faire vivre notre pays. Il ne suffit pas de dire : « C’est mon pays ». Si tu aimes vraiment ton pays, tu dois y contribuer. Nous devons tous à la Guinée qui nous a vus naître. Chacun doit combler les lacunes pour assurer la solidité de notre nation. Il est essentiel que les gens acceptent de se former. Nous avons des cadres formés ici et à l’étranger. Le gouvernement doit faciliter ce mariage entre ces deux groupes de guinéens résidents et ressortissants afin de renforcer l’unité nationale. Acceptons-nous, dépassons le racisme et le régionalisme pour que notre pays prospère. La Guinée est un pays riche de ses quatre régions naturelles. Chacune de ces dernières à ses propres réalités », a-t-il expliqué.

En tant que chef traditionnel de Dubréka, Elhadj Soumah, père de famille et intellectuel respecté, a également adressé un message poignant aux générations actuelles et futures. « J’appelle tous les guinéens, sans exception, qu’ils soient de l’intérieur ou de l’extérieur, à s’unir pour développer notre pays. La diaspora a un rôle crucial à jouer. Les guinéens restés au pays et ceux qui travaillent à l’étranger peuvent échanger sur l’avenir du pays et évoluer ensemble. Aucun n’est supérieur à l’autre. Mettons en œuvre nos connaissances pour que chaque guinéen se sente libre et heureux. Il faut que les guinéens ressentent cette fierté nationale », a-t-il déclaré.

Pour Elhadj Mohamed Lamine Soumah, l’héritage de la Guinée est indissociable de l’avenir de la nation. Selon lui, les guinéens doivent rester unis et promouvoir l’unité nationale, ainsi que la formation des jeunes pour construire un avenir meilleur. « L’héritage de la Guinée, qu’on le veuille ou non, doit être pris en main. Si nous ne le faisons pas, ce ne sont pas les citoyens des autres pays qui le feront pour nous. La réussite de la Guinée repose sur ses enfants, sans distinction de race ou de religion. Si nous ne nous unissons pas, nous n’y arriverons jamais. Nous sommes condamnés à vivre ensemble et à développer ce pays. Nous devons nous donner la main. La jeunesse, qui semble parfois s’égarer, doit prendre conscience, et les parents doivent l’aider. La drogue n’a jamais apporté de solutions, il faut combattre ce fléau sous toutes ses formes. Les femmes doivent respecter leurs maris, et les enfants doivent connaître et respecter leurs parents. C’est en écoutant leurs aînés qu’ils réussiront dans la vie », conseille le sage.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tél. : 622919225

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