Les propos tenus à Kankan par le contrôleur général de police Kandja Mara suscitent l’indignation dans l’opinion publique. Alors que le préfet menace de faire passer de vie à trépas toute personne qui s’en prendrait à une effigie du Général Doumbouya à Kankan, de nombreux compatriotes exigent des poursuites judiciaires contre lui. C’est le cas de Youssouf Camara, membre du bureau exécutif national de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com ce vendredi 04 octobre 2024, dénonce la banalisation de la vie humaine sous le régime de la transition.
A l’occasion d’une sortie médiatique, le mercredi 2 octobre 2024, le préfet de Kankan, Kandja Mara, a proféré des menaces contre les « fauteurs de troubles » dans la ville. Dans sa déclaration, il affirme que toute personne qui va s’aventurer à brûler les effigies du président de la transition dans sa juridiction subira le même sort que Dr Dioubaté. Ce médecin pédiatre, qui avait brûlé l’effigie de Mamady Doumbouya, avait été découvert mort le 26 septembre 2024 à la prison civile de Kankan où il était en détention préventive.
Cette déclaration du préfet fait couler beaucoup d’encre et de salive. Youssouf Camara, membre du bureau exécutif national de l’UFDG, affirme que la déclaration du préfet Kandia Mara prouve que le crime qui a été commis a été fait sous son ordre. « Les déclarations du préfet expriment que le crime qui a été commis a été fait sous son ordre, parce qu’il a été très clair. Ceci dit, très clairement, le procureur de la République doit s’autosaisir. Parce que dans la procédure d’investigation, à partir du moment que le crime est reconnu, que l’auteur est indiqué, il faudrait que le procureur, s’il n’est pas procureur du CNRD au service de la junte, mais procureur de la République, au nom du principe d’équité et d’égalité des citoyens devant la loi, le Préfet doit être poursuivi. S’il ne le poursuit pas, c’est qu’il est complice de ce crime, parce qu’on ne peut rien comparer à une vie humaine. Une effigie du président ne peut pas être comparée à une vie humaine. Même si le monsieur était reconnu auteur des faits, il faudrait que la procédure soit faite conformément à la loi pour situer sa responsabilité. Mais c’est qui vient de se passer, si le procureur ne poursuit pas le préfet, il sera complice de ce crime devant les hommes et devant Dieu », lance Youssouf Camara.
Par ailleurs, notre interlocuteur accuse certains responsables du pouvoir du CNRD, d’être plus royalistes que le roi. « Dans ce pouvoir-là, il y a les extrémistes qui veulent montrer à Doumbouya qu’ils sont plus engagés que lui dans cette politique de confiscation du pouvoir. Mais, il faudrait que les extrémistes paient de leurs déclarations. Quel que soit ton engagement dans un parti politique, la vie des guinéens est plus importante que tout. Mais, si tu te bases sur un crime et tu te mets à dire celui qui refait la même chose partira comme l’autre et que cela se passe dans une République normale, moi je ne crois pas qu’en ce temps du CNRD que nous soyons dans une République. Pas si on ne peut garantir le droit à la vie, le droit à la justice, le droit à l’équité et à l’égalité. Mais si on peut tuer les gens comme ça, comme des animaux et faire de telles sorties publiques, cela ressemble maintenant à loi de la jungle, où la loi du plus fort règne sur le plus faible », martèle ce secrétaire fédéral de l’UFDG à Matam.
En outre, Youssouf Camara s’est exprimé sur le défilé du 2 octobre. Pour lui, ce défilé était fait pour monter l’arsenal militaire du c contre le peuple de Guinée. « Parlant du défilé du 2 octobre, c’est un défilé qui a été fait pour monter l’arsenal militaire du CNRD contre le peuple de Guinée. Une fête d’indépendance, c’est une fête qui permet à tous les guinéens, tous les travailleurs, même les agriculteurs aux fins fond de la Guinée, de venir défiler avec les types de produits qu’ils exploitent chez eux afin de les mettre en valeur. Mais si on fait circuler dans un contexte politique actuel, plus de mille engins, c’est de dire à ce peuple, que l’argent du contribuable est tout à fait orienté là-bas, que Doumbouya préfère des chars de combat aux écoles. Donc, c’est pour lui dire que la volonté du châtiment du peuple est dix mille fois supérieure à une bombe atomique. Donc cette intimidation ne marche pas, ils ont tiré sur le poteau et le peuple reste mobilisé jusqu’à la victoire finale », a-t-il laissé entendre.
Mariama Barry Pour Guineematin.com