Donner son sang peut sauver une vie, voire plusieurs. Décider de le faire contribue au bien-être psychologique et constitue un geste généreux qui peut offrir une chance de soins pour les patients qui souffrent d’un déficit en composant sanguin. Le sang joue un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions vitales du corps humain et dans sa protection. C’est pourquoi, il est important de faire un don de sang, si toutefois le donneur est apte à le faire, affirme Docteur Mabinty Touré, responsable du stockage des poches de sang et de la distribution au Centre National de la Transfusion Sanguine (CNTS). Dans une interview accordée à un reporter de Guineematin.com, elle est largement revenue sur le sujet.
Pour commencer, Dr Mabinty Touré explique pourquoi il est important de faire un don de sang. « Le don du sang est important, aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui reçoit. Celui qui donne son sang a beaucoup d’avantage, d’abord ça lui permet de connaître sa sérologie, son résultat, et ça lui permet de prévenir en cas de maladie. Parce que c’est quand il donne son sang qu’on effectue les tests sérologiques. Après ces tests, quand il y a des anomalies, on le dirige là où il doit être pris en charge. Très tôt, la personne est au courant qu’elle n’est pas en bonne santé, et cela lui permet de commencer les soins à temps. Ensuite, avec son don de sang, il peut aider 5 catégories de personnes qui sont, lui, son père, sa mère, sa femme et ses enfants. Donc, ça lui permet de sauver le malade qui va recevoir sa poche, mais sauver encore certains membres de sa famille lorsqu’ils sont malades », a-t-elle déclaré.
Cependant, il existe des critères auxquels on doit se soumettre pour faire un don de sang, fait-elle savoir. « Pour pouvoir donner son sang, il faut avoir 18 ans. Quand c’est un homme, il faut qu’il ait une tension normale, que son taux d’hémoglobine soit normal, parce que chaque être humain a cinq litres de sang dans le corps, mais la quantité que nous on doit prendre dans ces 5 litres là, il faut que le taux d’hémoglobine montre cela pour qu’on puisse prélever la personne. Si la personne est en bas des 5 litres, on ne peut pas la prélever, il y a un examen pour ça aussi. Donc, il faut qu’il soit apte à l’examen-là. Ensuite, il faut qu’il soit entre 18 et 60 ans, il ne doit pas avoir plus que 60 ans. Quand c’est une femme, elle ne doit pas être en menstrues, parce qu’en période menstruelle, une femme ne peut pas donner son sang. Une femme enceinte aussi ne peut pas faire un don de sang, elle ne pourra donner son sang que 6 mois après son accouchement. C’est ce qu’on appelle une élimination temporaire. Cependant, celui qui a la sérologie positive, par exemple le VIH Sida ou l’hépatite B est définitivement éliminé dans le circuit du don de sang », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, Mabinty Touré n’a pas manqué de donner des précisions sur les conditions pour bénéficier d’une poche de sang. « Quand tu n’es pas donneur bénévole du sang, dans ce cas, si tu as besoin d’une transfusion sanguine, tu dois envoyer deux personnes, ils vont effectuer les pré-examens pour voir si la personne est apte à faire le don. Si c’est le cas, on les prélève et le sang qu’on a ici stocké et testé, on en donne une poche au malade qui en a besoin. Mais si les l’un des deux donneurs est éliminé, le service ne renvoie pas celui qui reste, on le prend et on demande d’écrire un engagement qui n’est respecté que très rarement. Dans le cas où le malade vient sans avoir de donneurs, on le prend aussi mais il écrit toujours un engagement. Ces engagements stipulent que la poche de sang transfusé doit être remplacée après ».
Poursuivant, la responsable du stockage des poches de sang et de la distribution au CNTS a fait savoir que, malheureusement, la plupart des personnes qui prennent ces engagements ne les respectent pas. « Mais les engagements, si on prend par exemple parmi 20 engagements, il n’y a que 4 qui sont respectés. Alors que la banque de sang est comme une banque d’argent, quand tu prends, il faut remplacer. Mais si on ne fait que prendre sans remplacer, même avec une banque remplie, on peut se retrouver à zéro poche et un jour on peut avoir un accidenté qui aura urgemment besoin d’une transfusion pendant que vous n’avez rien pour le sauver… »
En outre, Docteur Mabinty Touré a énuméré quelques difficultés auxquelles fait face le Centre National de la Transfusion Sanguine. « On ne peut pas dire qu’il y a suffisamment de poches de sang dans la banque, mais on a de quoi sauver des vies humaines, car on est là pour ça. Il y a des périodes où c’est très dur pour nous, surtout pendant l’hivernage ou pendant les vacances parce que nos grands donneurs qui sont les étudiants iront en vacances pendant cette période et nos nombres de donneurs diminuent considérablement. Il y a beaucoup d’unités de transfusion sanguine qui sont installées à travers tout le pays. Mais, il y a des supports dont le service a besoin, qui sont souvent en manque. Le matériel pour faire la collecte manque aussi. Donc, le service a besoin de financement pour pouvoir aider et l’intérieur du pays et le CNTS », a-t-elle laissé entendre.
Consciente du rôle que joue le sang dans les fonctions vitales du corps humain, notre interlocutrice demande à la population guinéenne d’accepter de faire un don de sang pour sauver des vies. « J’appelle la population guinéenne d’accepter de sauver les malades qui en ont besoin. Le sang qui se trouve dans leur corps se régénère sans aucun problème. Quand tu es en bonne santé, tu donnes le sang, c’est sans conséquence grave. Et ceux-là qui sont à la maternité, en dermatologie, et à la pédiatrie, on a besoin de vous. Acceptez de venir sauver vos frères et sœurs, acceptez de venir sauver vos enfants. Chez le bon Dieu, chacun sera payé pour ce qu’il a fait dans ce monde », a conseillé docteur Mabinty Touré.
Mariama Barry pour Guineematin.com