Affaire Amadou Damaro Camara et Cie à la CRIEF : la date des réquisitions et plaidoiries connue

Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale

C’est un tournant décisif qui s’annonce désormais dans cette procédure judiciaire engagée à la Cour de répression des infractions économiques et financières contre l’ancien président de l’Assemblée nationale guinéenne et ses coaccusés. A la fin de l’audience de ce mercredi, 09 octobre 2024, la cour a renvoyé le dossier au 16 octobre 2024 pour réquisitions et plaidoiries, rapporte le journaliste de Guineematin.com déployé sur place.  

Jugés pour « détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption, prise illégale d’intérêt, et complicité » portant sur une somme de 15 milliards de francs guinéens destinés à la viabilisation du site du nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma, Amadou Damaro Camara, Zénab Camara et Jun Sun Cheng, alias Kim ont comparu ce mercredi devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF), tandis que leur co-prévenu, Michel Kamano, était encore absent.

Lors de cette audience, l’avocat de la partie civile, représentant l’État, a demandé un renvoi en raison de l’état de santé de son client. Cette demande a été contestée par les avocats de la défense. Cependant, après avis favorable du ministère public, la Cour a décidé de poursuivre les débats.

La défense a ensuite réitéré une demande de mise en liberté provisoire pour Amadou Damaro Camara, seul détenu dans cette affaire. « M. Mamadou Damaro Camara est en détention préventive depuis le 27 avril 2022. Nous exigeons une fois de plus sa libération provisoire, car il n’y a plus aucune raison qu’il reste en prison. Il ne constitue aucune menace pour la société », a plaidé Me Santoba Kouyaté.

À la barre, Amadou Damaro Camara a rappelé que la Cour avait déjà ordonné sa libération provisoire le 9 octobre 2023, mais que le ministère public s’y était opposé, invoquant des risques liés à la procédure. « Douze mois plus tard, rien n’a changé », a-t-il déploré.

En réponse à cela, le ministère public a précisé que la demande de mise en liberté provisoire avait initialement été motivée par des raisons de santé de la part de la défense, un problème qui, selon eux, avait déjà été pris en charge par le parquet.

Durant l’audience, la Cour a également abordé la question des pièces justificatives liées aux biens immobiliers et aux comptes bancaires de Damaro Camara. Le président de la Cour a signalé que certains documents, notamment ceux concernant une plantation de 5 hectares à Kérouané et une maison à Damaro, n’avaient pas encore été fournis. Cependant, Damaro Camara a insisté : « J’ai versé toutes les pièces au dossier de la procédure devant la première composition de cette Cour ».

Parmi les documents transférés, un relevé bancaire montre un transfert de 1,5 milliard de francs guinéens sur son compte à la banque UBA. Interrogé par le juge sur l’origine de ces fonds, l’ancien président de l’Assemblée a précisé que : « Tous les montants sur ce compte ont été transférés par chèque, jamais en espèces ».

Concernant l’utilisation des 15 milliards de francs guinéens, Amadou Damaro Camara a expliqué qu’il s’agissait de fonds spéciaux destinés aux travaux préliminaires pour le siège de l’Assemblée nationale. Il a rappelé que l’Assemblée avait été installée en avril 2021 et que ces fonds étaient les premiers à être alloués à l’institution depuis 60 ans en terme d’investissement. « J’ai combiné la procédure de gré à gré et l’appel d’offres. Parmi les sociétés consultées, seule CASTOL, de M. Kim, répondait aux critères, notamment l’acceptation d’un paiement trimestriel et le préfinancement des travaux ».

Il a également énoncé les accusations selon lesquelles il aurait touché une commission pour l’attribution du marché à CASTOL, qu’il qualifie de « ridicule », car selon lui, il aurait pu disposer librement de ces fonds en tant que président de l’Assemblée nationale.

Interrogée à son tour, Zenab Camara, qui était questeur à l’époque des faits, a affirmé n’avoir jamais été impliquée dans l’octroi du marché à la société CASTOL dirigée par l’homme d’affaires Jin Sun Cheng alias Kim.

Finalement, la Cour a clos les débats et a renvoyé l’affaire au 16 octobre 2024 pour plaidoiries et réquisitions.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Tel : +224666919225

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