Dans un monde où la concurrence est de plus en rude, le cinéma guinéen tente de se frayer un chemin et d’exister. Mais, de nombreuses difficultés empêchent le 7ème art de progresser, notamment le manque d’attention et d’appui des services publics. Pour parler de ces difficultés qui font que le cinéma guinéen a encore du plomb dans l’aile, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Aboubacar Touré, cinéaste et scénariste. Dans cet entretien, notre interlocuteur lance un appel aux autorités pour soutenir les cinéastes et le cinéma.
Selon Aboubacar Touré, on note aujourd’hui l’existence de nombreuses productions cinématographiques. « Le cinéma guinéen commence à prendre de l’envol, parce qu’il y a de l’engouement. Les jeunes s’engagent », affirme-t-il.
Le cinéma guinéen, composé des films et de l’ensemble de la filière cinématographique, a changé de visage depuis l’avènement de la deuxième République (1984). L’on est passé des langues nationales au français. Et depuis l’avènement du numérique, le nombre de nouveaux films s’accroît régulièrement. Cependant, il y a des problèmes dans le secteur, soutient Aboubacar Touré. « Il y a des problèmes de formation, des problèmes de matériels, des problèmes financiers qui sont les plus grands problèmes aujourd’hui. Il n’y a pas d’accompagnement. Il y a des troupes actuellement qui évoluent, mais quand vous regardez leurs œuvres, elles manquent encore de compétences et traitent mal les œuvres. Donc aujourd’hui, notre cinéma a du mal à se surpasser… Qu’on traite l’œuvre en Sosso, en Maninka, ou en Pular, mais si l’œuvre est bien faite, vous pouvez faire le sous-titrage pour être consommé en Guinée et ailleurs », a-t-il indiqué.
Pour le cinéaste Aboubacar Touré, le cinéma guinéen souffre d’un manque criard de professionnalisme, tandis qu’il est particulièrement difficile pour les producteurs guinéens de trouver un financement décent. Comme solution, il propose : « les jeunes qui sont formés à l’institut des beaux-arts (de Dubréka, ndlr) sont des chômeurs parce qu’il n’y a pas de fonds pour l’accompagnement de ces jeunes. Dans les conditions normales, quand les jeunes sortent de ces écoles, ils doivent sortir avec leurs thèmes. C’est déjà des œuvres. Il faut que ces jeunes des beaux-arts soient boostés. Il faut que les amateurs qui sont dans les troupes là, que l’Etat organise des ateliers de formation, les accompagner, créer un fonds d’appui au cinéma », a-t-il lancé.
Il faut rappeler que le cinéma guinéen est l’un des plus anciens sur le continent africain, après l’Afrique du Sud en 1910, la Tunisie en 1924, l’Egypte en 1928 ou encore Madagascar en 1937 et le Congo en 1950. En 1953, sous l’administration coloniale française, il y a eu le film Mouramani de Mamadou Touré, ancêtre du cinéma de notre pays.
Kadiatou Barry pour Guineematin.com