Le débordement du poste 216 du lac du barrage hydroélectrique de Souapiti continue de plonger les habitants du district de Madinadian, dans la commune rurale de Bangouya, dans une situation critique. En furie, les eaux ont envahi les terres agricoles et les habitations, perturbant profondément le quotidien de cette communauté qui vivait tranquillement avant l’aménagement du barrage de Souapiti. Dans une interview accordée à l’envoyé spécial de Guineematin.com sur place, Elhadj Alhassane Barry, président du district de Madinadian, indique que les sinistrés ont été recensés. Il en a profité pour lancer un appel à l’aide.
Selon Elhadj Alhassane Barry, président du district de Madinadian, c’est la première fois que cette localité subit un débordement du lac formé par le barrage hydroélectrique de Souapiti.
« Dans mon district, il y a trois secteurs qui sont touchés. Habituellement, ces endroits n’ont jamais été affectés. C’est notamment le secteur de Songornya où les bas-fonds cultivables ont été gravement endommagés pour la première fois, y compris les arbres fruitiers et forestiers. Le secteur de Goré Kori est également touché. Du côté de la localité de Lanfily, les eaux ont emporté les champs et plusieurs autres cultures, une nouvelle fois, même s’il y avait des rochers qui empêchaient la remontée des eaux. Ensuite, le secteur de Simbon a été submergé, et l’eau a atteint les clôtures des habitations, sans épargner le cimetière. En un mot, ces trois secteurs ont été impactés, détruisant des champs, des plantations et diverses cultures. Une équipe a été déployée, et nous avons recensé les dégâts. La liste a été acheminée à la sous-préfecture », a expliqué Elhadj Alhassane Barry.
Face à cette situation préoccupante, notre interlocuteur interpelle les autorités. « Nous avons sollicité de l’aide à plusieurs reprises, au point d’en être fatigués. Nous avons réclamé une route, car nous n’en avons pas. Dès le début, nous demandions une route alors que les responsables de Souapiti réfléchissaient à la construction de cités. Ici, à Madinadian, il n’y a pas de route pour la population, seulement une voie destinée aux poteaux électriques. Nous demandons donc aux autorités de dédommager ceux qui sont touchés, notamment pour leurs cultures et leurs champs, afin qu’ils puissent subvenir à leurs besoins », a plaidé l’ancien président du district.
Par ailleurs, Elhadj Alhassane Barry a fait savoir que la question de déguerpissement n’est pas nouvelle. Il a dénoncé les fausses promesses faites par les anciennes autorités lors des campagnes électorales. « Nous ne quitterons pas notre localité de Missidé, sauf si l’eau nous submerge. Il n’est pas question de déguerpissement. Mais si l’eau vient nous prendre de force, nous n’aurons pas d’autre choix. Ce qui est clair, c’est que les aides promises n’ont jamais été réalisées. Le directeur de l’environnement m’avait affirmé que partout où l’eau n’atteindrait pas, il y aurait de l’eau potable, de l’électricité et une route. Ce sont ces promesses qui ont servi de campagne électorale, mais rien n’a été fait depuis. Pourtant, nos trois secteurs sont plongés dans des difficultés incessantes. Quant à l’électrification, nous n’avons rien vu. Ce sont nos propres ressortissants qui se sont mobilisés pour nous. Le barrage de Souapiti, selon eux, n’a même pas encore commencé à fonctionner. Ils avaient pourtant assuré que les habitants à moins de 10 km du barrage bénéficieraient de l’électricité. L’eau potable et l’éclairage public que nous avons sont des réalisations de nos fils. Le gouvernement n’a réalisé qu’un seul forage, cette année, dans le secteur de Simbon. De nombreuses localités n’ont toujours pas accès à l’eau potable. Nous continuerons de réclamer nos droits, car c’est la mondialisation. Les autorités n’ont rien fait. Elles ont détruit nos terres, nos patrimoines, et toutes nos richesses. Tout ce qu’elles avaient promis durant la campagne est resté sans suite », a martelé notre interlocuteur.
De retour de Madinadian (Bangouya), Amadou Baïlo Batouala Diallo, envoyé spécial de Guineematin.com
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