L’université de Lille et le réseau Migrants dans l’Enseignement Supérieur (MEnS) qui fédère 56 universités en France publient mercredi un plaidoyer « pour un statut des étudiants en exil » dans lequel ils demandent la « création d’un titre de séjour » pour sécuriser les droits de ces étudiants.
Le président de l’université de Lille Régis Bordet a plaidé lors d’une présentation à la presse pour « l’identification d’un statut particulier qui permette à ces étudiantes et ces étudiants de ne pas être sous le coup de problèmes administratifs ».
Parmi dix propositions phares, le document préconise « la création d’un titre de séjour garanti tout au long des études, sans interruption possible de sa continuité par une OQTF (obligation de quitter le territoire français) ou une IRTF (interdiction de retour sur le territoire français) ».
Selon l’université, ce statut pourrait concerner 1.800 étudiants étrangers à l’échelle nationale.
Les auteurs demandent aussi à l’État de « reconnaître le droit à l’étalement des études sans impact sur le droit au séjour ».
Ce plaidoyer constitue également un mémorandum juridique ayant vocation à épauler toutes les universités de France voulant « réussir l’accueil des étudiant.es en exil ».
Il représente « un guide de bonnes pratiques sur ce que les établissements en France peuvent faire », par exemple en créant un bureau d’accueil des exilés animé par des personnes dédiées, a indiqué Mathieu Schneider, président du MEnS et vice-président de l’université de Strasbourg.
Le document insiste également sur « l’importance de sécuriser le parcours social, parce que quand on ne peut pas manger, quand on ne peut pas se loger, c’est aussi difficile de pouvoir mener à bien ses études », souligne M. Bordet.
Venus de Guinée, d’Ukraine, du Nicaragua, de Syrie et Gaza, plusieurs étudiants ont témoigné devant la presse de leurs difficultés.
« Sans titre de séjour, sans couverture sociale, parfois on est complètement bloqué, il faut alors la motivation », a confié Bandiou Kourouma, 28 ans, arrivé de Guinée-Conakry en 2022, à l’AFP.
En cas de contrôle, il donne à la police un numéro de téléphone d’un référent de l’université. « Parfois ça peut se régler, parfois ça peut prendre plusieurs heures », rapporte-t-il.
Diplômé de médecine à Cuba, il a été accompagné par l’université de Lille pour intégrer un master 1 en biologie.
Fabio Cioni, chef de projet « étudiants en exil », rappelle que certains étudiants lillois ont a déjà dû passer 90 jours en rétention, ce qui a généré chez eux « un traumatisme ».
AFP