Les boulangers et pâtissiers de Guinée rencontrent de nombreuses difficultés dans l’exercice de leur travail. Des difficultés qui empêchent la corporation de se tirer d’affaires dans une conjoncture économique complexe. Pour parler de ces difficultés et des moyens d’y remédier, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à Elhadj Alpha Oumar Sacko, président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée. C’est en prélude à la journée mondiale du pain, célébrée le 16 octobre de chaque année.
Selon Elhajd Alpha Oumar Sacko, l’un des principaux obstacles qui freine la corporation est l’approvisionnement en bois, indispensable au fonctionnement des boulangeries artisanales.
« En Guinée, je crois que les boulangers, avec les industriels, fournissent des efforts. Actuellement, nous rencontrons des difficultés à cause du bois. En revanche, nous n’avons pas de problèmes avec la farine, elle est disponible. Depuis que le prix a été fixé, il n’a pas changé, et la qualité est également bonne. Je sais que l’État, même s’il n’a pas les moyens de nous accompagner, devrait nous soutenir, car nous avons commencé à écrire depuis l’époque de M. Alpha Condé. Malgré nos demandes, l’État ne nous a pas encore aidés. Par exemple, les fours mobiles qui étaient disponibles se dégradent, et je ne sais pas où ils en sont. Nous allons continuer à écrire, sans nous fatiguer. Il faut moderniser les boulangeries, même si c’est juste en installant des pétrins, cela permettrait de réduire le prix du pain et améliorer la qualité. C’est quelque chose que l’État ne semble pas comprendre. Nous en avons déjà beaucoup parlé, sans résultat. Avec de petits pétrins capables de traiter deux à trois sacs, cela améliorerait le prix du pain. Il y a des boulangers qui ne se servent pas de bois, mais cela concerne surtout les pâtisseries. Ou bien le pain qu’on est en train de mettre dans le caoutchouc, 4 à 5 000 francs, ou 3 à 5 000 francs. Les boulangeries (tappa lappa), il faut qu’ils utilisent le bois. Avant, on prenait les bois 6 à 5 000 francs, il y a des fois même trois à 5 000 francs. Donc, il y a même le bois 1 à 5 000 francs aussi. Cela représente une grosse dépense, et c’est l’une de nos principales difficultés », a expliqué Elhadj Sacko.
Par ailleurs, le président de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers de Guinée est revenu sur les problèmes de locaux qui poussent beaucoup à abandonner le métier. « Les locations de fours posent également problème. Nous comprenons que, avec la hausse des prix des condiments sur les marchés, les propriétaires de boulangeries augmentent les loyers. Mais les coûts élevés du bois et des loyers ont un impact considérable sur les boulangers. Beaucoup ont quitté le métier ou se sont reconvertis, par exemple en devenant conducteurs de taxi-moto. Actuellement, il est difficile de trouver des apprentis boulangers, car le travail ne rapporte pas suffisamment », a-t-il fait savoir.
Poursuivant, M. Sacko lance un appel aux industriels évoluant dans la production de la farine et au gouvernement à une modernisation du secteur. Pour y arriver, il mise sur une collaboration avec Moussa Moïse Sylla, ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat. « Nous allons relancer notre démarche, surtout que nous avons un nouveau ministre, M. Moussa Moïse Sylla, ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat. Nous allons lui expliquer que nous avons besoin de pétrins et de matériel pour moderniser les boulangeries. Même sans boulangeries modernes, avec des balances et des pétrins, la qualité du pain s’améliorera et son prix diminuera. Nous lançons un appel aux industriels qui fabriquent la farine. Nous sommes leurs principaux consommateurs, et c’est à eux, avec le gouvernement, de nous aider à moderniser les boulangeries. Cela augmentera la production et la qualité de la farine. Si l’on regarde la Côte d’Ivoire et le Sénégal, il y a moins d’intermédiaires entre le moulin et les boulangeries, alors qu’en Guinée, les commerçants s’enrichissent sur le dos des boulangers. Les industriels ne connaissent pas les boulangers, ils ne traitent qu’avec les vendeurs de farine. Mais si la farine ne se vend pas, je doute qu’ils continuent à produire. Nous leur avons fait comprendre qu’ils doivent nous aider à obtenir des pétrins. Nous ne demandons pas de cadeaux, mais un crédit que nous rembourserons en travaillant. Cela permettra à leur farine de mieux se vendre. C’est ce qui se passe en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Cameroun et au Burkina Faso », a-t-il indiqué.
En dépit de ces défis, Elhadj Alpha Oumar Sacko se félicite que le prix du pain n’ait pas changé depuis la signature d’une convention avec l’ancien ministre du Commerce. « Pour l’instant, tant que les industriels n’ont pas augmenté leurs prix, nous n’augmenterons pas non plus. Nous avons signé une convention à cet effet avec l’ancien ministre du Commerce. Le prix du pain reste donc fixe, malgré les difficultés liées à l’approvisionnement en bois. À un moment, on nous a prêté des camions, et nous avons pu continuer à travailler. Mais ces camions nous ont été retirés. Si nous avions encore ces camions et du carburant, nous pourrions aller chercher du bois là où les femmes vont, vers Conta et Forécariah, où le bois est moins cher. Malheureusement, les tracasseries administratives aux barrages augmentent les coûts, car beaucoup d’argent est payé pour passer ces barrages. C’est cela qui crée des difficultés supplémentaires », a-t-il souligné.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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