« Actuellement nous faisons seuls ce travail de la forge, on ne trouve presque pas d’apprentis qui sont intéressés à apprendre ce travail. Si ce ne sont pas les fils de forgerons, on ne trouve pas d’apprenants. Même eux, s’ils exercent un peu, dès qu’ils trouvent un peu de moyens, ils trouvent autres choses à faire », a déploré Mamadou Baïlo Barry, forgeron à Tangama.
Le métier de la forge n’attire pas grand monde actuellement à Dalaba. Les « familles de forgerons » sont quasiment les seules à pratiquer ce noble métier pourtant incontournable pour la fabrique des outils agricoles et d’autres instruments à usage domestique. Et même dans ces familles, les jeunes choisissent parfois une voie différente, le commerce et autres, pour gagner leur vie, loin des soufflets, du feu et du fer. La forgerie est en voie de disparition dans cette préfecture, a appris Guineematin.com à travers une de ses équipes de reportage à Dalaba.
C’est au milieu d’une forêt de pins à Tangama, non loin de la gendarmerie territoriale, en face de la seule station de la commune urbaine de Dalaba, que Mamadou Baïlo Barry tient une forge. Son atelier, un hangar, est fait de bois et de tôles. A l’intérieur, un jeune garçon, un apprenti, s’active à souffler sur les braises pour rougir un métal à la forme d’une faucille. C’est l’une des très rares forges de la commune urbaine de Dalaba.
Mamadou Baïlo Barry pratique ce métier depuis son enfance. Il l’a appris de son grand-père à Garayah. Et, il le pratique encore.
« J’ai commencé à apprendre ce métier depuis longtemps. C’est un métier que j’ai hérité de mes parents. A bas âge, j’ai trouvé la forge devant la porte de mon grand-père à Garayah. Mon grand-père travaillait avec un de mes oncles, moi aussi j’ai commencé à les aider en attisant le feu à la forge. Ensuite j’ai commencé à taper le fer. C’est dans ça que mon grand-père me demandait de chauffer certains fers pour confectionner certains outils de travail. J’ai fait ça, et au fur et à mesure, j’ai fini par maîtriser, et embrasser le métier », a-t-il expliqué.
Dans cette forge qu’il a en partage avec d’autres forgerons, Mamadou Baïlo Barry fabrique différents outils qu’il propose à la vente. Mais, l’acquisition de la matière première est un défi constant. Et, les clients ne se bousculent pas à sa porte pour acheter ses outils.
« On fabrique toute sorte d’articles. Nous fabriquons ici la houe, la hache, la faucille, le couteau, la flèche et autres. Mais nous rencontrons des difficultés par moment. Par exemple les fers qu’on utilise ne sont pas facile à obtenir. Le plus souvent, c’est dans les mains des chauffeurs qu’on gagne les ressorts cassés. Parfois, ce sont nos clients qui nous envoient les fers. Mais ce n’est pas facile d’en trouver à tout moment… C’est pendant la période de récolte du fonio, du riz et autres céréales qu’on reçoit des clients ici. Après cette période, la clientèle se raréfie. Et lorsque les clients se font rares, quand on confectionne des outils, on fait le commerce ambulant », a-t-il indiqué.
L’autres défi auquel Mamadou Baïlo Barry fait face actuellement, c’est le manque d’apprenti. Dans la commune urbaine de Dalaba, les jeunes n’accourent pas à la forge pour apprendre ce travail. Les très rares qui y viennent, ne durent pas. A la moindre occasion, la moindre opportunité pour se faire un peu de sous ailleurs les conduit à déserter de la forge.
« Actuellement nous faisons seuls ce travail de la forge, on ne trouve presque pas d’apprentis qui sont intéressés à apprendre ce travail. Si ce ne sont pas les fils de forgerons, on ne trouve pas d’apprenants. Même eux, s’ils exercent un peu, dès qu’ils trouvent un peu de moyens, ils trouvent autres choses à faire. Les jeunes d’aujourd’hui ne s’intéressent pas à ce métier de forgeron. Alors que dans ce métier, tu gagnes de l’argent que pour assurer ta dépense et tes petits besoins. Mais dire que tu vas vite gagner de l’argent, ce n’est pas facile. A mon avis, c’est l’ambition démesurée qui démotive les jeunes d’embrasser ce métier. C’est pourquoi j’ai peur de voir un jour la disparition de cette profession. Actuellement on ne trouve pas d’enfants à la forge. Ce sont des personnes âgées seulement qu’on y trouve. Les enfants, quand ils viennent, après quelques temps d’apprentissage, ils abandonnent et ils quittent. C’est pour toutes ces raisons que j’ai dit que j’ai peur que ce métier ne disparaisse un jour », a-t-il dit.
Depuis presque 4 ans, Mamadou Yero Barry, apprend la forgerie. Lui aussi, il est fils de forgeron et il compte perpétuer ce métier qui est un héritage pour sa famille.
« Ça fait quatre ans depuis que j’ai commencé à apprendre ce métier. Je maîtrise petit à petit cette profession que j’ai héritée de mon père. Beaucoup de mes amis ignorent ce métier. Mais moi, même si je ne gagne pas beaucoup d’argent dans ça, je suis actuellement animé du courage. Parce que je sais qu’à l’avenir je vais gagner de l’argent dans ça », espère-t-il.
De Dalaba, Mamadou Baïlo Keïta, Saïdou Hady Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com