Les médias et l’information à l’ère de l’intelligence artificielle : des acteurs du domaine en font une préoccupation majeure

Depuis 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de commémorer la semaine, invoquant la nécessité de diffuser en temps opportun et dans plusieurs langues des informations factuelles, ciblées, claires, accessibles et fondées sur des données scientifiques. Cette semaine est une occasion majeure pour les parties prenantes d’examiner et de célébrer les progrès accomplis vers « l’éducation aux médias et à l’information pour tous ». À l’instar des autres pays du monde, la Guinée célèbre cette semaine internationale instituée par l’UNESCO. Elle a été lancée ce jeudi, 24 octobre 2024, par le ministre de l’information et de la communication, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Du 24 au 31 octobre 2024, les présidents des associations de presse, le syndicat de la presse, des organisations de la société civile, la Haute autorité de la consommation et le ministère de l’information et de la communication se réunissent pour discuter de cette problématique centrale. Une occasion pour le Directeur national par intérim de la communication et des relations avec les médias privés d’exprimer les défis auxquels la production et la consommation de l’information dont les médias guinéens sont confrontés.

Boubacar Bah, directeur national par intérim de la communication et des relations avec les médias privés

« Le paysage médiatique mondial et celui de la Guinée ont subi et continuent de subir des bouleversements rapides et profonds. Avec l’avènement des technologies du numérique et l’essor des réseaux sociaux, l’accès à l’information est devenu instantané. Malheureusement, il y a des dérapages liés à la mésinformation, la désinformation, les fake-news, etc. Donc il est important que l’éducation aux médias et à l’information soit une réponse à ce défi. Elle permet aux uns et aux d’acquérir des compétences essentielles pour évaluer l’exactitude des faits et comprendre leur contexte et s’assurer qu’ils reposent sur des cas vérifiés. En organisant cette journée, notre direction ouvre un espace de dialogue et de réflexion entre gouvernants, journalistes, experts, acteurs de la société civile pour partager leurs expériences, identifier les obstacles et proposer des solutions concrètes pour renforcer ce que nous appelons l’éducation aux médias et à l’information », a laissé entendre Aboubacar Bah.

Cette semaine intervient à une période où le département de l’information et de la communication est à pied d’œuvre pour rendre l’information plus accessible à tous les Guinéens partout où ils se trouvent. En présidant cette cérémonie, le ministre Fana Soumah est revenu sur les nombreux efforts abattus dans ce sens.

« Cette semaine mondiale, instituée par l’UNESCO, nous invite à réfléchir et à agir pour que nos citoyens soient mieux armés pour faire face aux défis du numérique. Il est de notre devoir de leur fournir les outils nécessaires pour distinguer les informations fiables des fausses nouvelles. Pour ma part, je m’engage fermement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer l’éducation aux médias et à l’information dans notre pays. Depuis ma nomination, nous avons posé beaucoup d’actes pour améliorer l’accès des populations à l’information. Les Radios Rurales de Guinée ont été équipées d’émetteurs et de consoles de dernière génération. La radio nationale et la télévision ont été relancées à Labé, Kankan, Siguiri et Kouroussa. Toutes les radios rurales fonctionnent. Le site de Kakoulima est réhabilité et diffuse déjà les programmes de la Radio Rurale de Kindia », a-t-il rassuré.

Cette 13ème célébration est placée sous le thème : « les nouvelles frontières numériques de l’information : l’éducation aux médias et à l’information pour l’information d’intérêt public ». Un thème qui souligne l’importance pour tous de développer un esprit critique afin de mieux naviguer l’écosystème numérique d’aujourd’hui.

Pour le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse en Guinée (SPPG), à cette ère où les consommateurs de l’information sont en proie à la désinformation à travers la diffusion de fausses informations (fake news) sur les réseaux, il est plus que temps de lever les restrictions sur les médias traditionnels qui sont victimes de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités actuelles. Sekou Jamal Pendessa assure que ces médias qui sont aujourd’hui fermés peuvent être un puissant vecteur dans la lutte contre la désinformation.

Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du SPPG

« Aujourd’hui, quand vous constatez le thème que l’UNESCO a choisi et vous écoutez les discours des uns et des autres, vous vous rendez compte qu’il est question pour nous de relever des défis face au bouleversement numérique causé par les nouvelles technologies de l’information. Qu’est-ce que les médias doivent jouer comme rôle pour contrer les campagnes de désinformation, la mésinformation et la malinformation ? Évidemment, il faut qu’on ait un dispositif médiatique très fort. Mais, est-ce que c’est le cas aujourd’hui en Guinée ? Non, pas du tout. Parce que le tissu médiatique et informationnel est affaibli par le fait que certains éléments médiatiques ne travaillent pas. Plus vous avez beaucoup de médias actifs, plus la presse a cette force de contrer des campagnes de désinformation. Et plus on ferme des médias, plus on réduit la capacité de réplique des médias », a dit le secrétaire général du SPPG.

L’éducation aux médias et à l’information répond à ces questions telles que : comment chercher, évaluer de manière critique, utiliser et diffuser du contenu à bon escient, que ce soit en ligne et hors ligne ? À la réponse à cette question, le président de l’association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGEPI) appelle les hommes de médias à plus de professionnalisme.

Amadou Tham Camara, président de l’AGEPI

« Le paysage médiatique est en pleine mutation avec le développement de l’intelligence artificielle. C’est un bel instrument qui va aider les journalistes dans le traitement de l’information, puisque l’IA peut elle-même écrire. Mais en même temps, c’est un instrument qui doit être utilisé à bon escient, parce qu’à la fois il y a une certaine célérité dans la recherche de l’information, mais parfois il y a beaucoup d’informations déformées et des faits détournés qui ont été tout simplement fabriqués par l’intelligence artificielle et qui peuvent induire le journaliste en erreur s’il ne veille pas. C’est pourquoi cette semaine d’éducation à l’information est très importante, parce que cela permet d’avoir les outils nécessaires pour pouvoir faire le travail à bon escient », a fait remarquer Amadou Tham Camara.

L’éducation aux médias et à l’information est une occasion de renforcer la qualité et l’intégrité du journalisme, tout en soutenant une société mieux informée.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620 99 59 17

Facebook Comments Box