Jugé pour viol, Abdoul Diallo a comparu devant le tribunal de première instance de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma. Ce marié et père de 2 enfants, est accusé d’avoir sexuellement abusé de HS, âgée de 17 ans au moment des faits, dans un motel situé à Simbaya Gare. A l’audience criminelle de ce jeudi, 24 octobre 2024, l’accusé a nié les faits mis à sa charge. Mais, le représentant du ministère public a requis sa condamnation à 20 ans de réclusion criminelle, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Né en 1998 à Dalaba, Abdoul Diallo est détenu depuis le 13 mars 2023 à la maison centrale de Conakry. Domicilié au quartier Cosa, le détenu est un marchand. Marié et père de 2 enfants, il est accusé de viol sur mineure. Selon nos informations, il aurait conduit de force la victime HS, âgée de 17 ans, dans un motel situé à Simbaya gare, pour passer à l’acte.
Appelé à la barre, l’accusé a donné sa version des faits dans cette affaire. « Dire qu’elle ne me connaît pas et que je l’ai conduite sans son consentement dans un motel, c’est faux, parce que c’est ma petite amie. On sortait ensemble depuis deux mois. Aussi, on parlait beaucoup au téléphone. Le jour des faits, on a parlé toute la matinée. C’est comme ça que je suis allé la trouver au carrefour de Bambéto et ensemble, nous sommes partis pour le motel. Quand nous sommes arrivés, elle m’a devancé dans la chambre. Moi je suis allé vers le comptoir pour régler la facture et je suis allé la rejoindre dans la chambre. Elle et moi, nous sommes montés sur le lit et on a commencé à nous caresser. Quand j’ai voulu aller plus loin, elle m’a dit qu’elle voyait ses menstrues. Mais, pour me rassurer qu’elle n’était pas en train de mentir, j’ai introduit mon doigt dans son intimité. C’est suite à ça qu’elle a pris ses chaussures et est sortie de la chambre. Après qu’elle soit sortie de la chambre, elle est allée s’arrêter derrière la cour en pleurant et en criant. Ainsi, le gardien du motel est venu vers moi pour me demander ce qui n’allait pas. Je lui ai répondu que moi-même j’étais confus vis-à-vis de son comportement. Entre-temps, les jeunes qui étaient dehors s’étaient révoltés et avaient déjà commencé à jeter des cailloux à l’intérieur de la cour. Constatant les cris des jeunes, j’ai pris peur et j’ai confié ma moto au gardien. C’est ainsi que je suis sorti en courant dans l’espoir de m’échapper. Mais, malheureusement, je n’ai pas pu aller loin. Les jeunes m’ont attrapé et roué de coups, avant de me conduire au commissariat. Voilà comment les choses se sont passées entre elle et moi », a expliqué l’accusé Abdoul Diallo.
« Est-ce que vous connaissiez l’âge de HS ? », a interrogé le juge Aboubacar Thiam. « Non, au moment où on sortait ensemble, je ne le savais pas. Mais quand on l’a auditionnée au commissariat, elle a dit qu’elle avait 19 ans ».
« Est-ce vrai que vous avez introduit votre doigt dans son intimité ? », a cherché à savoir le juge. « Oui, je l’ai fait pour savoir si effectivement elle était en train de voir ses menstrues », a dit Abdoul Diallo.
De son côté, le ministère public a lui aussi cherché à comprendre. « Quand vous sortiez ensemble avez-vous cherché à savoir quel âge elle avait ? ». « Non, pas vraiment », a dit l’accusé, sans aucune hésitation.
« Est-ce que vous savez que même si c’était elle qui vous avait incité à avoir une relation charnelle, cela allait être considéré comme un viol sur mineur ? », a questionné le parquet. « Si je le savais, je n’allais même pas m’approcher d’elle », a-t-il répondu.
Et le procureur d’enchaîner : « avez-vous, oui ou non, introduit sexuellement HS ? »
« Ça s’est limité au doigt, parce qu’à un moment donné, elle avait pris ses chaussures et était sortie de la chambre », a répondu Abdoul Diallo.
« Alors, pourquoi le certificat médico-légal a fait état d’une défloration hyménale ? », a essayé de comprendre le ministère public. « C’est ici que je viens de l’apprendre », répond l’accusé.
Revenant toujours à la charge, le procureur a demandé. « Vous dites qu’elle était d’accord ; pourtant, ce n’était pas les déclarations de la partie civile lors de son audition à l’enquête préliminaire », a fait savoir le procureur. « C’est pourtant ce qui s’est passé. Quand on partait pour le motel, on voulait tous les deux faire l’amour, c’est d’ailleurs ce pourquoi nous sommes partis vers le motel ».
Prenant la parole, l’avocat de la défense a lui aussi interrogé son client. « Est-ce que vous l’avez forcé à vous suivre dans le motel ? ». « Non, elle m’a suivi de son propre chef », a répondu l’accusé.
« Une fois dans la chambre, est-ce que vous l’avez déshabillée ? », a de nouveau questionné le conseil de l’accusé. « Non, elle ne s’était pas déshabillée », dira-t-il.
« Durant le moment où vous êtes sortis ensemble, est-ce que vous lui donniez de l’argent ? », a cherché à comprendre l’avocat. « Non seulement je lui donnais de l’argent, mais aussi je lui achetais à manger », a confié le détenu.
« Et en contrepartie, elle vous a refusé son corps ? », a-t-il questionné. « Oui, exactement », a répondu Abdoul Diallo. « Quand elle vous a dit non, l’avez-vous forcée en la battant ou en déchirant ses habits ? », a demandé l’avocat. « Non, je ne l’ai jamais forcée, elle m’a suivi de son propre gré au motel et quand elle ne voulait plus faire ce pourquoi on était allé, elle a pris ses chaussures pour sortir ».
Dans son intervention, le conseil de l’accusé a fait savoir que les parents de la victime ont écrit une lettre de désistement. C’est pourquoi il s’interroge sur la véracité de la version donnée par la partie civile.
Dans ses réquisitions, le représentant du ministère public a demandé une peine de 20 ans de prison à l’encore de l’accusé Abdoul Diallo, car pour le procureur Lamine Touré, il n’y a nul doute que le détenu est coupable du crime de viol.
Dans ses plaidoiries, l’avocat de la défense a plaidé coupable en raison de l’âge de la jeune fille et a demandé pardon au tribunal. Considérant que le seul crime commis par son client est le fait d’être sorti avec une fille mineure, il a demandé au tribunal de bien vouloir accepter d’accorder la liberté à son client.
Après avoir écouté toutes les parties, le tribunal, présidé par Aboubacar Thiam, a renvoyé le dossier à la date du 31 octobre 2024 pour le délibéré.
Mariama Barry Pour Guineematin.com