Mise en place de nouveaux responsables de quartiers : « Le CNRD est dans sa logique de confisquer le pouvoir »

Elhadj Aboubacar Biro Soumah, président du PPC

La mise en place des nouveaux bureaux des quartiers et districts est dénoncée par de nombreux acteurs politiques. Pour Elhadj Aboubacar Biro Soumah, président du Parti pour le progrès et le changement (PPC), il s’agit d’un véritable recul démocratique et d’une confiscation du pouvoir par le CNRD. Il l’a dit samedi 26 octobre 2024 à l’occasion de l’assemblée générale du parti à son siège, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En évoquant le sujet de la mise en place des nouveaux responsables locaux des quartiers et districts, le président du PPC a laissé entendre que le CNRD est dans la logique de confisquer le pouvoir. « Aujourd’hui, le CNRD est dans sa logique de confisquer le pouvoir. C’est ce qui les a emmenés à dissoudre non seulement l’ensemble des élus du peuple qui sont les conseils communaux, en violation du code des collectivités et la loi électorale. Parce qu’on ne doit pas dissoudre les conseils communaux, parce que ce n’est pas à eux d’organiser des élections. Il faudra qu’on élise d’autres. Donc, la loi prévoit que les conseils communaux doivent exister jusqu’à la prochaine élection. Il a violé cela. Il a mis des délégations spéciales pour lui rendre service. Il a ensuite dissous l’ensemble des chefs de quartiers du pays et de districts pour mettre ses hommes. Tout ceci, pour confisquer le pouvoir, pour vendre de l’illusion, en termes clairs, faire le culte de la personnalité. Aujourd’hui, vous partez dans le pays, les effigies sont affichées un peu partout. Cela ne se trouve nulle part dans le monde. Même les pays où il y a la transition, comme le Mali, le Niger, le Gabon, le Burkina, il n’y a pas de culte de personnes comme ce qui se passe en Guinée. Moi en tant politicien, en tant que leader d’opinion, en tant qu’Aboubacar Biro Soumah, en tant que vrai guinéen, je suis déçu de ce qui se passe dans mon pays vis-à-vis des violations répétées de nos lois. C’est un recul à mille pour cent de la démocratie en Guinée. C’est une confiscation du pouvoir qui ne dit pas son nom », a-t-il déploré.

Par ailleurs, Elhadj Aboubacar Biro Soumah est revenu sur la genèse de l’élection des chefs de quartiers. Pour lui, de Lansana Conté jusqu’à nos jours, il n’y avait pas eu dissolution de l’ensemble des chefs de quartiers sur l’ensemble du territoire national, comme le CNRD est en train de faire aujourd’hui. « Je voudrais revenir sur la genèse de l’élection des chefs de quartiers. C’est au temps de feu Général Lansana Conté que l’élection des chefs de quartiers a été bloquée. En 1992, il y a eu élection des chefs de quartiers ici. Après leur élection et l’élection des maires, je pense que Lansana Conté avait eu un petit souci avec les opérateurs économiques du pays. Il y a eu la hausse du prix du riz qui est monté de 18 mille à 25 000 francs guinéens le sac de 50 kg. Et feu Lansana Conté ne pouvait pas accepter la montée du prix parce qu’en ce moment cela ne permettait pas à la population d’accéder à ce prix. Il a pris l’argent… près de 12 millions de dollars, il a investi pour soulager la population. C’est ce qui a fait qu’il a créé le programme libre de commerce (PLC). Ce programme a été répandu sur toute l’étendue du territoire national. Mais la gestion de ce riz a été catastrophique parce qu’il y a eu des cas de détournement au niveau des mairies et dans certains quartiers qui étaient en connivence avec les commerçants. Vu cela, Lansana Conté a pris des dispositions. Certains maires et chefs de quartiers ont été révoqués et leur culpabilité a été retenue pour détournement de riz. Depuis ce temps, jusqu’à nos jours, il n’y a pas eu d’élection au niveau des quartiers. Mais si vous vous référez aux lois du pays, que ça soit le code de collectivité, que ça soit le code électoral, c’est prévu qu’on doit organiser les élections à la base. Et les partis politiques n’ont pas le droit de présenter de candidats en tant que formation politique. Puisque c’est une élection de proximité qui appartient à des citoyens. Ce qui veut dire qu’on peut avoir des candidatures indépendantes à la base pour élire. Parce que si vous prenez un quartier, les gens se connaissent, ils ont duré ensemble, ils se sont familiarisés. Et c’est ça qui fut demandé par le code de collectivité dans ses articles 80 à 100 et le code électoral guinéen. Mais jusqu’à nos jours, il n’y avait pas eu de dissolution de l’ensemble des chefs de quartiers sur l’ensemble du territoire national, comme le CNRD est en train de faire aujourd’hui », a-t-il rappelé.

Saïdou Hady Diallo et Lamine Touré pour Guineematin.com 

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