Conakry : Ousmane Camara et Aboubacar Camara jugés pour le vol de plus de 200 sacs de sucre

Les sieurs Aboubacar Camara et Ousmane Camara sont poursuivis pour abus de confiance par la société ITB LOGISTIQUE et TRANSPORT. Il leur est reproché le vol de plus de 200 sacs de sucre. A l’audience correctionnelle du tribunal de première instance de Kaloum, les deux compagnons d’infortune ont reconnu les faits mis à leur charge et expliqué leur mode opératoire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Aboubacar Camara et Ousmane Camara sont sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry depuis le 18 mars 2024. C’est leur première comparution devant le tribunal de première instance de Kaloum.

A la barre, Ousmane Camara est revenu sur les circonstances de son interpellation. « Le premier voyage, mon véhicule est parti pour charger 567 sacs de sucre. Le pointeur a fait un bon de 525 sacs. Nous sommes sortis du Port et le pointeur a débarqué les 42 sacs de sucre au Petit Bateau. Je suis parti faire le débarquement des 525 sacs à la Carrière. Yansané m’a remis 5 sacs de sucre. Mon deuxième et troisième chargement, il y avait 567 sacs et j’ai débarqué les 567 sacs. Après chaque débarquement, je remets le bordereau de livraison à mon patron Ibrahima. Lors du 4ème chargement, on a chargé 567 sacs. Le pointeur a fait un bon de 525 sacs. Et il est parti débarquer les 42 sacs. J’ai encore reçu 5 sacs de sucre. Yansané m’a dit de ne pas m’inquiéter, comme c’est lui qui fait le bon de livraison. Quand le bateau est parti, mon patron m’a appelé pour venir. Il m’a dit qu’il y a une différence entre les bons. Quand je suis arrivé à Matam, je lui ai dit que tu sais que je n’ai pas étudié. S’il y a un problème, c’est de demander à Yansané car c’est lui qui fait le bon. Le 7 mars 2024, mon patron m’a dit de sortir de la maison et on va partir au port. Au port, je me suis expliqué sur ce que je connaissais. On m’a demandé si je peux payer les sacs disparus. J’ai répondu que je suis payé à 800.000fg. C’est dans ça, j’enlève les scolarités de mes enfants et mes besoins. J’ai dit que je ne peux pas payer. Ils ont dit que comme je ne peux pas payer, ils vont m’envoyer à la Gendarmerie. Là-bas aussi, ils m’ont demandé de rembourser. Je leur ai dit que je ne peux pas rembourser. Le lundi suivant, on m’a envoyé à la Direction de la Police Judiciaire (DPJ). On m’a auditionné. Je leur ai dit que c’est Mohamed Yansané qui débarquait les 42 sacs à chaque fois. Après une semaine à la DPJ, on nous a déférés à la maison centrale. Je travaille pour l’Union des transporteurs. C’est à Ibrahima, mon patron, qu’on a donné le contrat. Si mon patron m’appelle, je vais au port pour le transport. Quand on embarque les colis dans mon camion, ils font un bon. Nous signons et continuons à la Douane. Après, on va au magasin. Des fois, le magasin se trouve à la Carrière ou à Matam. Le magasinier contrôle le nombre de sacs exact. Ensuite, le magasinier signe un bon. C’est ce bon qu’on remet à notre patron et c’est à travers ce même bon qu’on nous paie. Les sacs appartiennent au patron, mais c’est Mohamed Yansané qui fait les bons. Même si on part au magasin, s’il n’y a pas la signature de Yansané, le magasinier ne va pas accepter le débarquement. Ce que Yansané faisait n’était pas bon quand-même. Nous avons fait ça deux fois », a-t-il déclaré.

Même son de cloche pour le second prévenu, Aboubacar Camara, chauffeur, qui explique avoir fait 3 fois cette soustraction de sacs de sucre avec le nommé Mohamed Yansané. « Je suis chauffeur. Je travaille pour Ibrahima qui représente la société Logistique au port. Quand on arrive au stationnement du bateau, on fait l’embarquement de sacs. Dans le camion, il y avait 567 sacs mais dans le bon, il y avait 525 sacs. Quand on a bougé pour la Carrière, il y a un contrôle derrière le Petit Bateau. Yansané a fait descendre 42 sacs. Il a embarqué dans son véhicule. Yansané a fait le bon de 525 sacs au lieu de 567 sacs. C’est là-bas que j’ai su ce qu’il a fait. Je n’ai pas informé mon patron Ibrahima. Yansané m’a donné 5 sacs par voyage. En tout, 15 sacs, soit 3 voyages. C’est Yansané qui nous a mis dans ça. C’est la première fois que je fais ça. Oui, j’avais signé le bon. Yansané est le chef de livraison au port. J’ai revendu les 15 sacs de sucre », a avoué cet autre prévenu.

Par la suite, le tribunal a appelé la partie civile à la barre pour son explication. Madame Marie Joséphine Nyankoye, Gestionnaire à la société ITB Logistique et Transport, représente ladite société dans cette audience correctionnelle. « On a un chef livreur qui s’appelle Morlaye Camara. Il gère toutes les livraisons du port. Je ne connais pas les visages et les noms de ces prévenus. C’est lui qui nous a dit qu’ils suspectent ces trois éléments Aboubacar Camara, Ousmane Camara et Mohamed Yansané. Il s’agit d’un vol d’environ 223 sacs de sucre. Au fait, à chaque fois qu’il y avait des navires de sucre qui arrivaient, on a constaté qu’il y avait toujours des manquants. On l’a su lorsqu’on a perdu un bon de livraison. On a constaté qu’il y a un écart des numéros de bons. Les numéros de bons ne se suivaient pas. C’est suite à cela qu’on a su qu’il y a du vol. Il y a Mohamed Yansané. Il travaille au Port. C’est lui qui suit les opérations. Morlaye travaille au sein de notre société. Il travaille avec Yansané, mais il rentre chez lui la nuit. Yansané a falsifié les bons pour remettre aux chauffeurs. Le bateau, si c’est rapide, le débarquement prend une semaine. Ce n’est pas notre société qui fait la logistique au port. Nous sommes obligés de sous-traiter avec le port. Il y a l’Union des transporteurs qui fait le transport des sacs. Au début de la procédure, nous avions porté plainte contre Aboubacar Camara, Ousmane Camara, Yansané et Morlaye. Après l’audition, Morlaye avait été écarté. On a sanctionné Morlaye suite à la perte du bon à l’interne. Morlaye suit les opérations avec Yansané. À chaque fois qu’il y a un navire de sacs de riz ou de sucre, il y a toujours de vol de sacs », indique la partie civile.

Après la clôture des débats, le tribunal a renvoyé le dossier au 1er novembre 2024 pour les réquisitions du ministère public et les plaidoiries des avocats.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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