Les femmes africaines, plus particulièrement celles de la Guinée, font face à des défis socio-économiques majeurs qui freinent leur pleine participation au développement économique. A l’occasion de la 2ème journée, ce mardi 29 octobre 2024, de la 13ème édition du Forum international des femmes entreprenantes et dynamiques (FIED) qui se tient à Conakry, des panelistes ont partagé leurs visons sur la question entrepreneuriale des femmes et mis en lumière les principaux obstacles qui les freinent. Elles ont également proposé des pistes de solution pour une autonomisation durable des femmes africaines, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
Charlotte Daffé, ministre de l’Action Sociale, de la Promotion féminine, de l’Enfance et des Personnes vulnérables, a souligné, entre autres, les répercussions directes sur les femmes du réchauffement climatique, de la guerre russo-ukrainienne, des inondations dans les zones rurales.
« L’agriculture est de plus en plus fragilisée, et cela est dû au réchauffement climatique, à la guerre russo-ukrainienne qui n’arrange pas la situation, ainsi qu’aux inondations. En 2024, nous avons assisté à de nombreuses inondations dans les zones agricoles, ce qui a eu un fort impact sur les zones rurales. Le deuxième point concerne les normes socio-culturelles très restrictives, et on ne peut pas ignorer la question du genre dans cette différence de traitement. Les terres arables sont majoritairement attribuées aux hommes, laissant peu de place aux femmes pour pratiquer leur agriculture. Par ailleurs, avec les tâches ménagères, les femmes consacrent plus de temps aux travaux domestiques qu’à l’entrepreneuriat. Un autre défi est l’accès aux crédits. Les banquiers affirment qu’ils soutiennent les femmes, mais dans la pratique, elles rencontrent beaucoup de difficultés pour obtenir des crédits. Même lorsqu’elles y accèdent, elles peinent à se formaliser. La terre ne trahit jamais ; j’invite les femmes à ne pas avoir peur d’investir dans le secteur rural. Au gouvernement, nous mettrons en place des mécanismes pour les accompagner. Il faudra aussi investir dans le secteur de l’élevage. Le gouvernement ne peut pas tout faire, mais nous serons accompagnés par des partenaires pour recevoir des aides et subventions, et continuer à investir dans le monde rural. Il est surtout essentiel de croire en elles-mêmes. Si vous croyez en ce que vous faites, vous n’aurez pas peur de tomber », a-t-elle indiqué.
Estelle Ondo, ancienne Ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille au Gabon qui a joué un rôle clé au Gabon dans l’institutionnalisation de politiques favorables aux femmes, a plaidé pour la mise en place de budgets sensibles favorables au genre.
« Ce qu’il faut retenir, c’est que les femmes ont un potentiel, elles ont des ressources, et il faut les accompagner. Je me suis concentrée sur l’accompagnement institutionnel et la gouvernance, en militant pour la mise en place de budgets sensibles au genre. Nous plaidons pour un accompagnement financier flexible, tenant compte de la spécificité des femmes. Vous savez que, parfois, les femmes ont besoin de structures pour garder les enfants, de routes pour accéder aux zones agricoles éloignées, de véhicules pour transporter leurs produits vers la grande distribution. L’État doit d’abord intervenir au niveau légal, en supprimant du corpus juridique toutes les lois discriminatoires à l’égard des femmes. Nous avons besoin de parité et d’égalité concrète entre hommes et femmes. Il faut davantage de femmes en politique et à l’Assemblée nationale, là où les lois et les décisions se prennent. Il faut également former et soutenir sincèrement les femmes, et établir un véritable partenariat public-privé pour trouver des financements adaptés. Globalement, nos attentes sont de faire un plaidoyer auprès des hautes autorités, en Guinée et en Afrique, pour une budgétisation sensible au genre. Car c’est une clé essentielle pour accroître de manière significative la présence des femmes dans l’économie. Si les femmes entreprenaient au même niveau que les hommes, l’économie mondiale gagnerait 6 milliards de dollars, et notre PIB augmenterait de 20 % », a-t-elle fait savoir.
De son côté, Fatou Baldé, cheffe d’entreprise, a rappelé que le développement économique des femmes passe par un soutien à plusieurs niveaux.
« C’est un thème important, car l’accès aux opportunités économiques permet aux femmes de développer leur potentiel entrepreneurial. J’ai mis l’accent sur les trois niveaux de défis et de solutions. Le défi est personnel, communautaire et national. Les communautés jouent un rôle important dans l’épanouissement des femmes. Pour les solutions, il y a le court, le moyen et le long terme. À court terme, il s’agit de fédérer les initiatives permettant aux femmes d’accéder aux opportunités. Le moyen terme concerne l’éducation et l’inclusion financière, pour que les femmes puissent accéder de manière responsable et libre aux opportunités politiques et économiques. Enfin, à long terme, il est essentiel d’investir dans l’épanouissement, l’éducation et la protection de la jeune fille, future femme, pour qu’elle soit libre, responsable et puisse entreprendre et contribuer de manière significative au développement national. Nos attentes sont que les recommandations issues de ce forum soient suivies au plus haut niveau, et que ces résolutions donnent lieu à des lois permettant l’épanouissement des femmes et des filles, notamment en cette période de refondation et de transition », a-t-elle indiqué.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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