Conakry : Fatoumata Diallo condamnée pour avoir envoyé des vocaux injurieux à son cousin

Poursuivie pour injures, diffamation et menaces, à travers des vocaux, Fatoumata Diallo a été déclarée coupable lundi, 28 octobre 2024, au tribunal de Dixinn. La partie civile dans cette affaire est son cousin, Mamadou Diouma Diallo. A la barre, la prévenue a reconnu avoir envoyé un vocal à la partie civile, pas pour l’injurier mais pour lui prodiguer des conseils. Elle a fini par se confondre en excuses, parvenant à se tirer d’affaires avec le sursis, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Non détenue, Fatoumata Diallo est reprochée d’avoir injurié et menacé Mamadou Djouma Diallo, partie civile dans cette affaire, qui est le fils de son oncle paternel.

Appelée à la barre ce lundi, elle a reconnu les accusations mises à sa charge et a présenté des excuses au plaignant. « Mamadou Djouma est le fils de mon oncle paternel. Il est mon frère. Il travaillait avec mon neveu, Aguibou Sow, fils de ma sœur. Avec ce dernier, ils ont eu quelques différents au boulot. Mais, ce que j’entendais à son sujet, lui, Mamadou Djouma, n’était pas bien. Alors j’ai décidé de lui envoyer un vocal dans ce sens. Le vocal que je lui ai envoyé était juste pour lui prodiguer des conseils entre famille. Mais, il n’a pas accepté », a expliqué la prévenue.

Après les explications de la prévenue, le tribunal a voulu comprendre : « que disiez-vous dans votre vocal ? »

« Je lui ai crié dessus en lui disant que ce qu’il a fait n’était pas bon. Lui et mon neveu ont travaillé ensemble et ils se sont séparés dans de bonnes conditions. Donc, qu’il n’avait pas à le dénigrer », a répondu la prévenue.

Lors des débats, le ministère public a lui aussi pris la parole. « Avez-vous, oui ou non, injurié et proféré des menaces à l’encontre de Mamadou Djouma Diallo », a questionné le parquet.

« Je ne savais pas que cela pouvait être considéré comme des injures ou diffamations », a déclaré la prévenue.

« Avez-vous envoyé d’autres messages vocaux à Mamadou Djouma Diallo », relance le parquet.

« C’est le seul vocal que je lui ai envoyé. D’ailleurs, je l’ai fait pour le conseiller. Comme on était de la même famille, c’est pour cela que je me suis permis de le faire. Je voulais régler le problème entre nous, pour ne pas que les choses s’enveniment entre les membres d’une même famille », a-t-elle répondu.

« Aujourd’hui, regrettez-vous l’acte que vous avez fait ? », a voulu savoir le procureur.

« Oui, je regrette et je lui demande de me pardonner », avoue-t-elle.

Né à Conakry, Mamadou Djouma Diallo est un entrepreneur, marié et père de 2 enfants. Appelé à la barre pour apporter son témoignage, il a démenti les propos de la prévenue. « Je travaillais avec Aguibou Sow, c’était mon comptable. Il a détourné une grande somme dans mon entreprise, 9 milliards GNF pour être précis. Lui, sa femme et leur enfant ont voyagé via Nicaragua pour rejoindre les États-Unis, sans me dire au revoir. Après son acte, mes employés ont mis ses photos sur les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’elle a commencé à m’appeler. Au début, je ne prenais pas l’appel parce que je ne connaissais pas le numéro d’ailleurs. C’est bien vrai que nous sommes de la même famille, mais je ne la connaissais pas. C’est après ce problème que j’ai su qu’on était de la même famille. Donc, comme elle a insisté, j’ai fini par prendre son appel. Et dès que j’ai décroché, elle m’a directement attaqué en m’insultant. Elle a proféré des menaces en disant que j’allais voir et que je n’allais jamais répéter ce que j’ai fait. Elle m’a même accusé d’avoir vendu son fils sur les réseaux sociaux. Je lui ai dit que non, ce n’est pas moi qui l’ai mis à découvert sur les réseaux sociaux, mais son acte parce que si on a des responsabilités dans une entreprise, on ne peut pas décider de partir du jour au lendemain sans explications, en laissant des employés derrière soi. Elle m’a aussi envoyé deux messages vocaux en insultant mes parents et affirmant que j’étais un manipulateur et un arnaqueur. Donc, quand j’ai expliqué le cas à mon conseil, il m’a suggéré de porter plainte. On a porté plainte et on a entamé des investigations parce que je ne la connaissais pas. Donc, après nos enquêtes, on a compris qu’elle était en complicité avec son neveu parce qu’elle l’avait même accompagné à l’aéroport le jour où il bougeait lui et sa famille à Conakry pour le Nicaragua pour après se rendre aux États-Unis. Je lui ai demandé pourquoi elle s’est mêlée d’une affaire qui ne la concernait pas, lui faisant remarquer qu’au moment où Aguibou et moi passions un accord pour travailler ensemble, elle n’a pas été consultée. Voilà comment les choses se sont passées entre nous », a expliqué la partie civile.

De son côté, l’Avocat de la prévenue a questionné le plaignant. « Est-ce que madame Fatoumata Diallo est Aguibou Sow ? ».

« Non », a répondu Mamadou Diouma Diallo.

« Alors, pourquoi vouloir l’attaquer en justice vu qu’elle n’a rien avoir avec le détournement de votre argent ? », a interrogé l’avocat.

« Parce qu’après nos investigations, on a compris qu’elle était de mèche avec lui », répond-il.

« Vous parlez de diffamation, est-ce que c’est elle qui a mis votre photo sur les réseaux sociaux ? », demande encore l’avocat.

« Non, ce n’est pas elle, c’est Aguibou Sow qui a mis mes photos sur les réseaux sociaux en me traitant de manipulateur. Après que ses photos à lui aient été exposés sur les réseaux sociaux par mes employés. Parce que ce n’était même pas moi qui ai divulgué ses photos », a dit Mamadou Diouma.

Prenant la parole, l’avocat de Mamadou Diouma va poser des questions à Fatoumata Diallo : « connaissez-vous Mamadou Djouma Diallo ? »

« Oui, c’est le fils de mon oncle paternel », répond-elle.

« Avez-vous, oui ou non, insulté Mamadou Djouma Diallo en le traitant d’arnaqueur et d’escroc, tout en lui proférant des menaces ? », a-t-il voulu savoir.

« Je ne savais pas que ça, c’était considéré comme des injures. Moi, je voulais juste lui apporter des conseils en lui envoyant ce vocal. Mais, je demande aussi pardon. Si je l’ai insulté, je m’excuse », a-t-elle plaidé.

Dans ses plaidoiries, l’avocat de Mamadou Diouma Diallo soutient que la prévenue a causé du tort à son client en le dénigrant aux yeux de leur famille. Il a demandé que Fatoumata Diallo paye un montant de 50 millions de francs guinéens de dommages et intérêts.

De son côté, le représentant du ministère public va demander au tribunal de retenir Fatoumata Diallo dans les liens de la culpabilité d’autant plus que la prévenue elle-même n’a pas nié les faits qui lui sont reprochés. Il a requis une peine de prison de 6 mois, assortis de sursis, et le paiement d’une amende de 1 million de francs guinéens.

Plaidant également dans cette affaire, l’avocat de la prévenue a fait remarquer que sa cliente a demandé pardon. Par conséquent, il va demander au tribunal d’en tenir compte.

Dans sa décision, rendue sur siège, le tribunal, présidé par le juge Mory Bayo, a déclaré Fatoumata Diallo coupable. Pour la répression, elle a été condamnée à une peine 6 mois de prison assortis de sursis et au paiement d’une amende de 1 million de francs guinéens. Elle devra également payer 1 franc symbolique à la partie civile, Mamadou Diouma Diallo.

Mariama Barry Pour Guineematin.com

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