Conakry : « Une femme équipée et formée pourrait accomplir le travail de dix personnes », affirme Bintou Grovogui (CFEG)

Bintou Grovogui, vice-présidente de la Confédération Féminine des Entrepreneures en Guinée

La tenue à Conakry de la 13ème édition du Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques (FIED) représente une opportunité de partage d’idées et de plaidoyers en faveur de la gent féminine. Dans un contexte où les femmes prennent un élan dans l’entrepreneuriat, le panel organisé hier, mardi 29 octobre 2024, a été marqué par l’intervention de Bintou Grovogui, vice-présidente de la Confédération Féminine des Entrepreneures en Guinée. Elle a tiré la sonnette d’alarme quant aux difficultés rencontrées par les femmes entrepreneures dans le pays. Elle a également dénoncé des barrières institutionnelles et appelé à un renforcement de la collaboration entre les banques et les organisations faîtières de femmes, sans occulter les difficultés d’accès aux crédits bancaires, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans son intervention, Bintou Grovogui a expliqué les difficultés rencontrées par la couche féminine dans le cadre de l’entrepreneuriat. « Le premier niveau, il est institutionnel, c’est que le contexte dans lequel nous vivons présentement inspire toutes les institutions qui évoluent dans l’accompagnement des femmes, en prenant en compte leurs difficultés. Il est nécessaire de créer des espaces dédiés uniquement aux femmes pour leur donner accès aux opportunités de marchés publics, et de revoir les taxes et impôts liés à leurs activités. Je le répète, une femme qui travaille avec 1 million, à qui l’on demande de déposer 2 millions pour payer sa taxe ou son impôt, finira par fermer. C’est une situation courante. Je le dis parce que je passe mes journées avec les femmes et je connais leur réalité. La preuve, plusieurs institutions accompagnent les femmes. Sous la coordination du Ministère de l’Action sociale, on nous a annoncé qu’il y avait près de 220 milliards de francs guinéens disponibles pour les femmes via le fonds FONIJ. Deux jours après, des journées ouvertes ont été organisées pour présenter cette opportunité, mais lorsque nous y avons participé, aucune de nous n’a été en mesure de postuler pour ce fonds. Les conditions étaient telles qu’il nous était impossible d’y accéder. Nous avons bien sûr tenté de comprendre, mais tout ce qui nous avait été expliqué était vrai. Je ne pouvais pas aller plus loin, car je ne voulais pas risquer de mettre ces femmes dans une situation d’endettement sans possibilité de s’en sortir. Je suis convaincue à 50 % que cette opportunité ne sera pas accessible aux femmes si les conditions ne sont pas revues. Car toutes les femmes ne peuvent pas supporter les taxes et les impôts. C’est normal d’avoir des impôts, mais il faut que cela soit adapté à la capacité des femmes pour qu’elles puissent réellement en profiter », a-t-elle déclaré.

Au-delà des obstacles financiers, Bintou Grovogui évoque un besoin urgent de formation, d’information et de sensibilisation des femmes à la gestion des ressources financières. « Il y a le besoin de formation, d’information et de sensibilisation des femmes à la gestion des ressources financières. Quand on a des ressources financières, il faut savoir gérer, distinguer ce qui peut être dépensé de ce qui doit être épargné. Les organisations faîtières de femmes, appuyées par les banques, pourraient contribuer à cet effort. C’est un travail de longue haleine, mais il est crucial de commencer quelque part pour obtenir des résultats concrets. Il est également essentiel d’encourager les femmes à se tourner vers les banques. Mais en réalité, quand nous approchons les banques, on nous présente tout de manière alléchante, mais une fois engagées, on constate qu’elles refusent de financer certains produits. Par exemple, les banques n’acceptent souvent pas de financer des activités à risque élevé, comme les produits périssables, les produits vivriers ou la pêche, alors que ces secteurs concernent directement les femmes », a-t-elle révélé.

Par ailleurs, Bintou Grovogui, vice-présidente de la Confédération Féminine, propose des solutions pour permettre aux femmes d’accéder aux crédits-bails. « Nous avons aussi discuté d’un produit qui pourrait être particulièrement bénéfique pour les femmes, le crédit-bail. Je remercie ma sœur qui a évoqué la création de guichets dédiés aux femmes pour l’accès au crédit. Le crédit-bail serait un excellent produit pour les femmes, en particulier pour celles qui travaillent dans l’agriculture et la transformation. Nous avons besoin d’équipements pour transformer nos produits, car la méthode traditionnelle est épuisante physiquement et peu rentable. Une femme, équipée et formée, pourrait accomplir le travail de dix personnes en une journée et produire bien davantage. Cependant, quelles sont les conditions d’accès au crédit-bail ? Jusqu’à maintenant, il est réservé aux grandes entreprises de construction et autres. J’aimerais que cette opportunité soit également accessible aux femmes, afin que nous puissions en bénéficier. Dans la sous-région, et même en Guinée, beaucoup de machines sont fabriquées localement. Si nous pouvions les acheter à crédit, avec des conditions de paiement assouplies, cela serait une avancée considérable », a-t-elle laissé entendre.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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