Le procès en appel du Général Rémy Lamah, ancien ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, et la société SOGUIMAP SARL s’est poursuivi ce jeudi, 7 novembre 2024, devant la chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’audience du jour était consacrée aux réquisitions et plaidoiries des parties. À l’issue de cette phase cruciale du procès, le ministère public a requis la condamnation du Général Rémy Lamah à 5 ans de prison et du paiement solidaire avec la société SOGUIMAP d’une amende de 10 millions de francs, a constaté un reporter de Guineematin.com dépêché sur place.
À l’entame des débats, c’est Me Baben Camara, l’un des avocats de la partie civile, qui a ouvert le bal, et qui a été appuyé plus tard dans sa logique par son confrère du même camp, Me Pépé Antoine Lamah. Sans équivoque, les deux avocats ont tenu à relever les irrégularités constatées dans la décision rendue en première instance. Ensuite, les deux ont demandé à la Cour d’infirmer le jugement rendu en première instance, de retenir finalement les prévenus dans les liens de la culpabilité et de les condamner solidairement au paiement d’un montant de 102 223 549 356 francs guinéens à titre principal et 200 milliards de GNF à titre de dommages et intérêts. Les avocats de l’État ont également plaidé pour la saisie et la confiscation des biens appartenant au prévenu Rémy Lamah.
Pour sa part, Mohamed Day Kaba, avocat de la société ZMC, est revenu sur les raisons pour lesquelles il a relevé appel à la décision rendue en première instance. Il a évoqué les “violations” intervenues dans la passation du marché public. Il assure que le Général Rémy Lamah a ignoré la décision de l’ARMP, il a transgressé les règles de la passation des marchés publics au détriment de la société ZMC.
Abondant dans le même sens que son confrère de la partie civile, Me Saloumou Camara a, quant à lui, demandé à la cour d’infirmer la décision en première instance et de retenir les prévenus dans les liens de la culpabilité. À l’en croire, les agissements de ces derniers ont causé préjudice et mérite une réparation pour le préjudice moral. Pour la réparation, il a demandé paiement d’une somme qui ne saurait être inférieure à 20 milliards pour tout préjudice causé.
En prenant la parole pour présenter les réquisitions du ministère public, le procureur spécial de la CRIEF, Aly Touré, a indiqué les raisons qui ont poussé son parquet à relever appel de la décision d’instance.
“Nous reprochons à cette décision son manque de sérieux, son manque de base légale”, a-t-il dit.
Par conséquent, Aly Touré a demandé à la cour d’infirmer en toute disposition la décision rendue en première position et de statuer à nouveau. Il a également sollicité de la cour de déclarer le Général Rémy Lamah coupable des faits de corruption. En ce qui concerne la SOGUIMAP, de la reconnaître coupable pour des faits de complicité de corruption. Pour la répression, de condamner le Général Rémy Lamah à 5 ans assortie de sursis et au paiement de d’une amende de 10 millions. Et par la même occasion, condamner la société SOGUIMAP au paiement de 10 millions de francs guinéens. Le tout en application de l’article 771 du code pénal. Le représentant du parquet a demandé la confiscation des biens du Général Rémy Lamah qui, selon lui, proviendraient des fruits de la corruption.
De leur côté, le collectif des avocats de la défense a tenté de déconstruire les arguments brandis par le ministère public et les parties civiles. Au regard de leurs plaidoiries, ils ont demandé à la cour de débouter du ministère public et de l’État guinéen.
À noter que le Général Rémy Lamah et la société SOGUIMAP sont poursuivis dans cette affaire à la CRIEF pour corruption et complicité dans la passation, l’exécution et le contrôle des marchés publics. Mais, après avoir été blanchi en première instance par la chambre de jugement de cette juridiction, les parties civiles notamment ont interjeté appel afin que l’affaire soit rejugée devant la chambre des appels de la CRIEF.
Finalement, la cour a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 12 décembre 2024
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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