Conakry : Ciré Keïra risque « 10 ans de prison et 500 millions GNF d’amende » pour trafic international de cocaïne

Le parquet du tribunal de première instance de Mafanco a requis 10 ans de prison contre Ciré Keïra. Cette femme est accusée de “trafic international de drogue”. Elle a été interpellée à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré en possession de 7,4 kilogrammes de cocaïne, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters. 

Ciré Keïra est âgée de 45 ans et mère de sept enfants. Et, à la barre, elle s’est présentée comme étant une vendeuse de riz à Sonfonia-Samatra. Elle assure que la cocaïne pour laquelle elle a été interpellée ne lui appartient pas. Elle a été arrêtée au mois de mai dernier.

« Ce n’est pas pour moi. Depuis ma naissance, je ne connais pas cette dame. J’allais pour me soigner au Maroc. Une fois, l’enfant de mon oncle est venu au moment de la fête me trouver malade. Je lui ai dit que je n’ai pas les moyens de me soigner. J’ai tout fait en Guinée, je ne recouvre pas ma santé. C’est elle qui a payé mon billet. J’ai bougé et je suis arrivée à l’aéroport. Je ne parle pas français. J’étais au niveau de l’emballage des colis. Une femme m’a interpellée, elle m’a demandé où je vais. J’ai dit : Maroc pour le traitement. Elle m’a dit qu’elle a des valises pour sa maman, d’envoyer pour elle. J’ai dit que je ne connais personne là-bas. Elle a dit qu’elle va me prendre une photo et l’envoyer. Elle sera à l’aéroport. Ce jour-là, mon pied était enflé. Elle m’a suppliée d’envoyer. Elle avait 2 valises. Mais je n’ai pas eu le courage. Elle a ouvert son sac, il y avait des habits, des cubes Maggi, des chaussures à l’intérieur. Ma valise était presque vide. Elle a mis mes habits dans sa valise pour ne pas que j’ai 3 valises. Je ne savais pas qu’il y avait quelque chose là-bas. Elle a payé 40.000 francs pour l’emballage. Un monsieur a transporté mon bagage. Elle m’avait remis 20.000 francs pour lui. À 1 heure du matin, l’avion est arrivé et tout le monde est monté. Ils ont demandé qui s’appelle Ciré Keïra. Je suis sortie. Ils m’ont dit si je suis exactement elle. Ils m’ont montré que si c’est mon colis, j’ai dit : oui. Ensuite, ils ont enlevé les cubes Maggi, les habits. Puis, ils ont déchiré la valise et ont trouvé quelque chose qui s’est révélé être de la drogue. Ils m’ont demandé et j’ai expliqué la même chose que je viens de faire. La fille qui m’a donné a dit qu’elle s’appelle Sokho. Je ne la connaissais ni d’Adam ni d’Eve. C’est ma jeune sœur qui a payé mon billet. Je suis allée en Tunisie : l’aller un samedi et le retour après 6 jours. Le jour que je suis rentrée, c’est elle qui m’a accueillie, mais elle avait continué au Maroc. C’est le mardi que je suis allée à l’aéroport pour me rendre au Maroc. Au début, j’ai refusé de prendre sa valise, mais au fur et à mesure, j’ai fini par accepter. Elle a mis mes effets dans sa valise. C’était ma deuxième fois de prendre l’avion. C’est Hawa Samoura, ma jeune sœur qui avait acheté mon billet pour la Tunisie. Je ne suis pas en bonne santé. Je souffre de douleurs articulaires. J’ai fait un an en train de me traiter. Le jour où je suis arrivée à Tunis, elle a bougé pour le Maroc. Hawa Samoura habite au Maroc. Je suis allée seule à l’aéroport, je ne savais pas qu’il y avait de la drogue dans la valise. Mon bagage, c’était 6 complets. Ça ne fait pas 5 kilos. Il y avait des chaussures, habits et 10 paquets de cube Maggi dans la valise de Sokho. Tout ça est la volonté divine », a expliqué Ciré Keïra.

Cependant, le juge Mohamed Sangaré fait remarquer qu’il n’y a aucun papier dans le dossier de la procédure prouvant que l’accusée est malade. Mais, Ciré Keïra se hâte de préciser : « Mon ordonnance était tombée à l’aéroport. C’était un petit papier. »

Et, son avocate de renchérir : « On m’a fait parvenir des pièces médicales. »

Mais, le juge se montre ferme sur la question. « Une pièce qui n’existe pas dans le dossier, on ne peut pas en parler », martèle-t-il.

Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé au tribunal de retenir Ciré Keïra dans les liens de la prévention et de la condamner à 10 ans de prison.

« Le service de ciblage de la Douane, en synergie avec l’OCAD, ont interpellé madame Keïra contenant 7,4 kg de cocaïne. Aux enquêtes primaires, elle a dit avoir reçu cette valise des mains de Fanta. Devant vous, elle affirme avoir reçu cette valise des mains d’une certaine Sokho. Voici un scénario, une mise au point palpable de mauvaise foi. Elle a dit avoir mis 6 complets pour ne pas avoir beaucoup de bagages. Une personne qui part pour se soigner n’a que 6 complets, mais elle accepte de prendre une autre valise d’une personne qu’elle ne connaît pas. Le ministère public requiert de la retenir dans les liens de la prévention et de la condamner à 10 ans de prison et 500 millions de francs guinéens d’amende. Monsieur le président, elle a fait preuve de mauvaise foi. Nous vous demandons d’ordonner la destruction de la cocaïne », a-t-il requis.

De son côté, la défense a plaidé coupable et a demandé la clémence du tribunal.

« Elle (Ciré Keïra) voyageait pour son traitement. Elle a été interpellée par une inconnue sortie de nulle part tout en se débarrassant de sa valise. C’est une mère de famille. Elle n’a aucun intérêt à le faire. Cette dame, une simple vendeuse de riz, n’a jamais vu de cocaïne. Oui, c’est vrai que le contenu de la valise appartient au propriétaire. Sa bonne foi l’a rattrapée. Je plaide coupable. On ne peut rien dire. Cette cocaïne n’a jamais été présentée devant votre tribunal. Nous demandons la clémence pour cette dame qui a 7 enfants à nourrir. Où elle va prendre les 500 millions francs guinéens ? Une simple vendeuse de riz, sauf si vous voulez qu’elle meurt en prison », a plaidé l’avocate de l’accusée. 

Finalement, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 3 décembre prochain.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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