La vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution bat son plein en Guinée. Les membres du conseil national de la transition parcourent le pays pour dit-on faire connaitre son contenu aux Guinéens. Mais certains acteurs sociopolitiques y voient une campagne déguisée pour encourager la candidature à la prochaine élection présidentielle du Général Mamadi Doumbouya. C’est le cas de Aboubacar Demba Dansoko, membre du bureau politique national du RPG Arc-en-ciel, qui a vivement critiqué, hier samedi lors de l’assemblée générale hebdomadaire de son parti, cette démarche et regretté l’absence de dispositions transitoires dans le texte proposé , a constaté le reporter de Guineematin.com qui était sur place.
« Nous constatons aujourd’hui qu’il y a toute une campagne adossée à cet avant-projet, sous prétexte d’informer la population sur de nouvelles dispositions qui ne sont même pas encore arrêtées. Normalement, une vulgarisation porte sur des textes adoptés, après la phase de navette parlementaire entre l’exécutif et le législatif. Ce qui se fait actuellement, c’est une campagne, et nous avertissons les Guinéens, de l’intérieur comme de l’extérieur, que cela mène la Guinée vers le gouffre. En 2010, le Conseil National de Transition (CNT) avait mis 30 jours pour adapter une constitution qui est encore aujourd’hui une référence. En matière de constitution, on ne réinvente pas la roue. Il s’agit plutôt d’une relecture pour faciliter le travail des autorités de transition et permettre au pays de retrouver la normalité. Ce n’est pas ce qui est fait », a-t-il déclaré.
Aboubacar Demba Dansoko s’est montré particulièrement critique envers les stratégies employées pour promouvoir cet avant-projet auprès des populations. Selon lui, les autorités utilisent des moyens discutables pour mobiliser artificiellement la population. Il a également dénoncé la présentation de mesures prétendument nouvelles, comme la gratuité de l’éducation, qu’il qualifie de trompeuses.
« Nous voyons des responsables locaux envoyer des enfants qui devraient être en classe pour les regrouper et prétendre que le peuple soutient ce projet. Ils font pression sur les cadres locaux pour gonfler les rangs, mais les informations que nous avons montrent que la population n’est pas intéressée. En Guinée, l’éducation est déjà gratuite dans les écoles publiques. Les écoles privées ne concernent que ceux qui en font le choix. Ils veulent faire croire à une innovation qui n’en est pas une », a-t-il affirmé.
Dansoko a aussi critiqué l’absence de dispositions transitoires dans l’avant-projet, un point qu’il juge crucial pour assurer une transition pacifique et crédible. « Depuis le coup d’État, la charte de la transition précise clairement que les membres du CNT, le président de la transition et le gouvernement ne peuvent pas participer aux prochaines élections. Pourtant, cela n’a pas été reconduit dans l’avant-projet. Une telle omission est inacceptable. Une constitution transitoire doit prévoir ces dispositions pour éviter des interprétations dangereuses », a-t-il averti.
Il a conclu en appelant à plus de transparence et de responsabilité dans la gestion de cette phase cruciale de la transition. « Ce texte doit être adapté pour répondre aux attentes des Guinéens et préparer le retour à l’ordre constitutionnel. Nous devons éviter les erreurs qui pourraient plonger notre pays dans une nouvelle crise », a-t-il martelé.
Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com