Conakry : AWLN et REFAMP à l’offensive dans les marchés pour sensibiliser sur les violences basées sur le genre

Femmes au marché Matoto

Le réseau African Women Leaders Network (AWLN) et l’ONG Réseau des Femmes Africaines et Ministres Parlementaires (REFAMP), en collaboration avec le Ministère de la promotion féminine de l’enfance et des personnes vulnérable, continuent leur campagne d’éducation et de sensibilisation sur les Violences basées sur le genre (VBG). La démarche, qui a touché déjà des universités et des écoles, s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme relatifs à la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). L’activité de ce lundi, 2 décembre 2024, qui a eu pour cibles les marchés de Matoto et de Kaloum, vise à discuter des violences faites aux femmes et filles, à sensibiliser, et à interpeller les femmes sur cette problématique, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Hadja Aïssata Daffé, membre de la structure AWLN Guinée, du REFAMP et de la COFEPAD, a piloté cette journée de sensibilisation. Elle a expliqué les raisons du choix porté sur les marchés, tout en invitant les femmes à s’occuper de leurs enfants, à briser le silence en dénonçant les cas de viol.

Hadja Aïssata Daffé, membre du AWLN Guinée, du REFAMP et de la COFEPAD

« C’est un programme qui a été établi en collaboration avec le Ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et AWLN Guinée pour nous permettre de passer dans les marchés pour sensibiliser les femmes. On a commencé par les universités, les écoles, aujourd’hui nous avons commencé les marchés. Le matin, on était au marché de Matoto, et présentement, nous sommes à Kaloum. Pourquoi ? Parce que ce sont les femmes qui se lèvent dès 4 heures du matin pour sortir de la maison, au moment où elles rentrent, ça se trouve que les enfants dorment. Donc, elles ne savent pas quelle est la situation des enfants. C’est pourquoi nous sommes là aujourd’hui pour leur parler. C’est vrai, c’est bon de chercher de quoi nourrir la famille, mais il faut se préoccuper aussi de la situation des enfants. Quand tu sors le matin, dès 8 heures, elles peuvent appeler pour demander est-ce que l’enfant est parti à l’école ? Est-ce qu’il est revenu de l’école ? Donc, elles doivent se préoccuper de la situation des enfants avant de se préoccuper de ce qu’elles sont en train de faire dans les marchés. C’est pourquoi nous sommes là, pour leur expliquer exactement de quoi il s’agit pendant ces 16 jours, dans nos langues nationales. Ce qui se passe aujourd’hui dans notre pays est devenu inadmissible. On a demandé aux parents de dénoncer les violences, souvent quand un enfant est touché par un parent proche de la famille, ils se disent non tuons le serpent dans une serviette, c’est à dire de régler ça en famille. Non ! Il faut aujourd’hui briser la glace. Il y a l’OPROGEM aujourd’hui partout, elles peuvent aller dénoncer ces malfaiteurs. Il faut faire aussi pousser les sanctions pénales contre ces gens qui font subir le viol. On condamne souvent, que ce sont les jeunes filles qui sont mal habillées et qui incitent les garçons à venir vers elles. Aujourd’hui, il faut leur dire que ce n’est pas tout, les enfants, même avec les pampers, ne sont pas épargnés. Tu peux dire que ces enfants-là s’habillent mal ? Non, ces enfants ne s’habillent pas mal. Donc, il faut les faire sensibiliser et les faire toucher la chose du doigt afin qu’elles se rendent compte que ce qui est en train de se passer concerne tout le monde », a-t-elle expliqué.

De son côté, Mme Doumbouya Kadiatou Condé, présente nationale des femmes vendeuses de poissons fumés, s’est réjoui de cette initiative.

Kadiatou Condé, présente nationale des femmes vendeuses de poissons fumés

« Nous sommes là pour la sensibilisation sur les violences faites aux filles en Guinée. Parce que c’est un fléau qui touche bon nombre de mères. Le fait de voir madame Hadja Aïssata Daffé dans notre marché pour la sensibilistation sur les violences faites aux femmes et filles est une très bonne initiative.Quand tu vérifies bien, les violeurs sont souvent des personnes proches de nous, et les parents refusent de dénoncer ces gens. Si aujourd’hui cette structure est là pour nous sensibiliser et nous inviter, nous parents, surtout les femmes, à prendre soin de nos enfants, nous ne ferons que nous réjouir de cette initiative »,  a-t-elle déclaré.

Hadja Kadiatou Sow, présidente des femmes du marché de Matoto

Même son de cloche chez, Hadja Kadiatou Sow, présidente des femmes du marché de Matoto, qui apprécie cette initiative. « C’est une bonne chose, c’est quelque chose qui nous a importé. Ce que je vais dire aux femmes, c’est de suivre leurs enfants et de s’occuper d’eux… »

Pour sa part, Marie Gomez, Directrice générale de l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM), a témoigné sous soutien à ce projet. Elle a invité les femmes et filles à dénoncer, tout en faisant savoir que le constat est alarmant.

Marie Gomez, directrice générale de l’OPROGEM

« Je suis très émue et surprise. Nous savons que le mois de décembre généralement est dédié aux 16 jours d’activisme et ce mois est dédié aux couches vulnérables, aux violences basées sur le genre. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il ne se passe un jour sans qu’une infraction à la loi pénale liée aux violences basées sur le genre ne soit commise dans nos préfectures. Alors, nous faisons la répression, mais à côté de cette répression, il y a la sensibilisation que les femmes parlementaires sont en train de faire, qui compte beaucoup. La quasi-totalité de la population étant analphabète, cette sensibilisation est très importante pour une meilleure perception du message, mais aussi pour connaître le contenu de notre arsenal juridique qui est très importante. Donc, si je m’associe aux femmes parlementaires aujourd’hui, c’est vraiment accentuer le projet initié par ces dames et leur dire que nous sommes à leurs côtés. Nous demandons à toutes les personnes qui seront victimes d’oser venir chez nous pour dénoncer, car sans la dénonciation, nous ne pourrons pas réprimer. Le constat est un peu alarmant, parce que si vous prenez si toute l’étendue du territoire la totalité des infractions que nous collectons, elle est très importante », a expliqué Marie Gomez.

Femmes du marché de Kaloum

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com 

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