Comme annoncé précédemment, le journaliste d’investigation Bakary Gamalo Bamba a été condamné à 6 mois de prison, assortis de sursis, pour atteinte à la vie privée au préjudice de Francis Kova Zoumanigui, président de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). La sentence est tombée ce mardi, 03 décembre 2024, au tribunal de première instance de Kaloum. A l’issue de cette dernière audience, notre confrère a exprimé sa reconnaissance à la corporation qui s’est fortement mobilisée depuis le début de cette affaire et réaffirmé son engagement à continuer le combat, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Cette condamnation fait suite à une affaire d’enregistrement controversé qui oppose notre confrère au président de la CRIEF, Francis Kova Zoumanigui. Après 49 jours de détention provisoire, le patron du journal “Le Baobab” n’a pas caché ses sentiments après sa libération. Il a exprimé sa gratitude envers la presse, notamment le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) et l’Association guinéenne des éditeurs de la presse indépendante (AGPEPI).
« D’abord, je suis souffrant mais je suis obligé de vous parler un peu de la mobilisation de la presse. Je remercie beaucoup la presse. Des organisations internationales, l’AGEPI et le syndicat qui, dès les premières heures, se sont manifestées pour que cette affaire se règle. Mais le soutien a été là jusqu’à maintenant. Je suis content pour ça », s’est-il réjouit.
Toutefois, le journaliste de plus d’une trentaine d’années de carrière n’entend pas baisser la garde après ce procès. Il promet de continuer le combat. « Jamais je ne vais abandonner le dossier. Quand on est journaliste, il faut se dire qu’il y a des risques surtout pour les journalistes d’investigations comme moi. Ce genre d’épreuves lui donne plus le courage. Parce qu’à la barre ici, lors des plaidoiries, le fait a été carrément dénaturé. Si je n’avais pas enregistré, ils étaient capables de dire autre chose », a déclaré Gamalo Bamba.
Présent à l’audience tout au long du procès, le secrétaire général du syndicat des professionnels de la presse de Guinée, Sékou Jamal Pendessa a dit être partagé entre joie et déception. Il déplore la banalisation de la loi L02 portant liberté de la presse au profit du code pénal. « J’ai un sentiment mitigé. D’abord j’ai un sentiment de joie de rentrer avec le doyen Bakary Gamalo Bamba à la maison. Il recouvre sa liberté. Cela est une joie pour nous. De l’autre côté, je déplore le fait qu’il soit condamné sur la base du code pénal. Il était dans l’exercice de son métier. Les magistrats qui ont traité ce dossier ignorent complètement l’existence de cette loi. Ça veut dire que demain, on pourrait condamner quelqu’un et le maintenir en prison. Et l’autre chose, on confisque son téléphone pendant que le président du tribunal a porté plainte contre lui pour atteinte à la vie privée. Et on rentre dans la vie privée du doyen. Parce que le téléphone, c’est sa vie privée. Vous vous rappelez, quand il cherchait à supprimer les éléments, le magistrat et son fils ont fouillé son téléphone contre son gré. Et ils vont continuer à fouiller à la recherche de quoi ? Ce n’est pas un rebelle, c’est un journaliste. On doit respecter sa vie privée. Est-ce que le tribunal va chercher à se contredire ? Vous condamnez quelqu’un parce qu’on estime qu’il a atteint à la vie privée de quelqu’un et vous confisquez son téléphone pour jongler dedans », a fustigé le secrétaire général du SPPG.
Enfin, à la question de savoir si le pauvre compte relever appel de la décision du juge Mamadou Bhoye Diallo, M. Bamba dit vouloir s’entretenir avec son avocate, Me Hawa Béavogui qui était absente à l’audience. « Pour le moment, je vais contacter mon avocate et c’est à l’issue de cela qu’on va décider », a-t-il fait savoir.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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