Aissata Cissé jugée pour non représentation d’un enfant : « Il m’a épousée alors que j’étais enceinte »

Dans ce dossier, il s’agit d’une affaire de filiation. Mariée à Ryan Maurice Greenidge, alors qu’elle était enceinte d’un autre homme, Aissata Cissé est poursuivie pour non représentation d’un enfant et escroquerie. Accusé par son ex-mari de lui avoir refusé de voir son enfant, elle a comparu devant le tribunal de première instance de Dixinn, lundi 2 décembre 2024. Des accusations qu’elle a niées à la barre, arguant que l’enfant n’était pas de son ex-mari, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Née en 1996 à Conakry, Aissata Cissé est mère d’un enfant. Détenue depuis le 11 novembre 2024 à la maison centrale de Conakry, elle a donné sa version des faits à la barre. « Il m’a épousé alors que j’étais enceinte, et il le savait. Mais pendant tout le temps qu’on était marié, il ne payait pas le loyer, il ne dépensait rien. Là où je vivais, c’est moi qui payais le loyer. Actuellement, il ne sait même pas où vit mon enfant et moi, il ne fait que m’appeler. Il ne s’occupe pas de nous, il nous a complètement abandonnés. Le jour même du baptême, il m’avait frappée et conduite par la suite à la gendarmerie. Je n’ai jamais refusé qu’il voit l’enfant, mais quand il l’a réclamé, l’enfant n’était plus là. Il était en Amérique. C’est quand il m’a interpellé que l’enfant a été envoyé », a-t-elle expliqué.

« Lui avez-vous fait comprendre que cet enfant que vous attendiez était de lui ? », a cherché à comprendre le représentant du ministère public. « Je ne lui ai jamais dit que c’était son enfant », a répondu la prévenue.

« Alors, pourquoi vous lui avez réclamé de l’argent pour le traitement de l’enfant ? », a de nouveau demandé le parquet.

« Je ne lui ai jamais réclamé de l’argent pour l’enfant. D’ailleurs, tout l’argent qu’il m’a donné, c’était avant le mariage », a lâché Aissata Cissé.

« Alors aujourd’hui, où est le père biologique de l’enfant ? », a questionné le procureur Amara Camara. « Il est en Amérique ».

« Et votre mari, il est où ? », a encore cherché à savoir le ministère public. « Lui aussi, il est en Amérique », répond-elle aussitôt.

L’avocat de la prévenue va lui aussi questionner sa cliente. « Puisqu’il vous accuse d’escroquerie, est-ce que l’argent qu’il vous donnait avant que vous ne vous mariiez n’était pas dans le but de vous séduire ? », a demandé l’avocat. « C’était exactement pour ça ».

Lors des débats, le tribunal a compris que la prévenue était encore mariée à la partie civile quand l’enfant est né. Profitant de l’occasion, le procureur a expliqué à la prévenue que même si l’enfant n’était pas de lui, les textes de loi guinéens dit que tout enfant né dans un mariage, le mari devient automatiquement le père.

Arguant qu’une mère a été trop longtemps privée de son enfant, l’avocat de la défense a demandé la mise en liberté de sa cliente. Une demande à laquelle le ministère public ne s’est pas opposé. Mais dans ces réquisitions, si le ministère public n’a pas demandé une peine d’emprisonnement, il a requis le paiement d’une amende de 5 millions de francs guinéens.

Prenant la parole, le conseil de la prévenue a affirmé que la demande du ministère public est trop exagérée, rappelant au passage qu’il s’agit là d’une affaire de filiation.

Le tribunal, présidé par la juge Damba Oularé, a ordonné la mise en liberté de la prévenue, mais celle-ci devra procéder au paiement d’une amende de 4 millions de francs guinéens. Le dossier a été renvoyé à la date du 10 décembre 2024, pour la comparution de la partie civile.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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