Alpha Mamoudou Baldé s’adresse au CNRD : « Libérez Habib Marouane Camara ! »

Habib Marouane Camara, journaliste

« On n’embastille pas Voltaire » : par cette formule restée célèbre, de Gaulle empêcha l’embastillement de Jean-Paul Sartre en 1960. On ne peut pas embastiller quelqu’un qui n’a que ses tripes et poings pour se faire entendre. On ne peut pas arrêter un homme qui ne représente aucun danger et qui n’a que sa plume pour se faire entendre. Un homme qui n’a pas l’intention de renverser un régime ou de se substituer à lui.

Un journaliste, un écrivain, c’est vous et c’est moi. C’est  une voix dans les ténèbres et l’incertain pour dire notre visage. C’est une voix debout dans la nuit. On ne peut pas l’obliger à nous tresser des lauriers ou à lécher nos bottes.

Et pour paraphraser l’écrivain franco-marocain Mustapha Kébir parlant de l’écrivain :” le journaliste du genre Habib, C’est quelqu’un qui nous ressemble, dans le plus intime de notre être, et qui sait jeter notre image dans un miroir –une image souvent aux antipodes de ce que nous croyons être– pour nous pousser dans nos derniers retranchements.”

Les pouvoirs africains haïssent l’intelligence des voix discordantes. Ils détestent les journalistes , les écrivains, les artistes, les penseurs, les voix des sans voix ,  tous ceux qui font de la liberté la valeur suprême et qui les dénoncent par leurs créations. Habib Marouane camara   est une voix des sans voix dans un pays liberticide, un journaliste majeur de cette nouvelle génération d’intellectuels Guinéens qui nomment les choses et n’hésitent pas à aller très loin dans leur engagement.

Son forfait ? avoir le pouvoir des mots qui défie les mots du pouvoir.

Son forfait ? Très souvent un pavé dans la mare jeté dans les jardins du pouvoir.

Son forfait ? Refuser de souscrire au roman national que fabrique le pouvoir de la transition ?  Refuser le prêt à porter des mots creux des troubadours du pouvoir de conakry.

Son forfait ?  Faire partie comme Thierno Monenembo de ceux qui refusent en Guinée ce que Sartre appelle : le baiser de la mort. Refuser d’être des institutions avec des postes et des honneurs mais la voix du peuple.

Je convoque Maurice blanchot : « Le propos, la force, le risque du poète est d’avoir son séjour là où il y a défaut de dieu, dans cette région où la vérité manque », disait Maurice Blanchot.

Doit-on renverser l’encrier en Guinée ? Libérez-le !

Alpha Mamoudou Baldé

Auteur de l’essai : Africanus, Afro Archéofuturisme et du roman « La Promesse du ciel »

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