Conakry : fin de la table ronde sur la stratégie nationale de digitalisation de l’État en Guinée

Depuis un certain temps, le gouvernement guinéen est résolument engagé dans la modernisation de l’État à travers des réformes ambitieuses en faveur de l’économie numérique. L’élaboration de la stratégie nationale de digitalisation de l’État guinéen est une preuve éloquente de la volonté manifeste du gouvernement dans le processus de transition numérique. Donc, pour discuter des avancées du pays dans le domaine numérique, mais aussi poser les bases d’un avenir où la technologie sera le socle d’une Guinée moderne et connectée, le ministère des postes, des télécommunications et de l’économie numérique a organisé les 4 et 5 décembre 2024 la table ronde sur la stratégie nationale de digitalisation de l’État en Guinée.

La Guinée ambitionne d’atteindre une position de pays leader innovant dans la sous-région. L’obtention de cette place passera forcément par une utilisation généralisée du numérique à tous les niveaux de la société : administration, citoyens et entreprises. Sur cette voie, le pays a réalisé plusieurs avancées. Cette table ronde a été une occasion pour la ministre des postes, des télécommunications et de l’économie numérique, Rose Pola Pricemou, de rappeler quelques-unes d’entre elles.

Rose Pola Pricemou, ministre des postes, des télécommunications et de l’économie numérique

« Depuis 2022, notre pays a réalisé des progrès significatifs : la mise en œuvre de la stratégie nationale de la digitalisation de l’État qui structure nos ambitions pour un Etat moderne et connecté, l’installation prochaine du centre national de données de Koloma, un data center de niveau tiers 3 et le rapatriement de notre nom de domaine, notre souveraineté numérique, le point Gn. Des projets clés pour garantir notre souveraineté. L’extension de notre réseau de fibre optique qui connecte désormais 70% des préfectures mais aussi l’augmentation de la capacité sur notre réseau de backbone national qui passe désormais sur la boucle une de cinquante à deux cents gigas octets. Cela sera actif à partir de la semaine prochaine », a-t-elle précisé.

La stratégie nationale de digitalisation de l’État 2023-2026 qui fait l’objet de cette concertation de haut niveau est constituée d’orientations stratégiques prioritaires articulées autour d’une vision à long terme qui est celle de doter le pays d’une administration fortement digitalisée à l’horizon 2026. Pour la représentante du programme des Nations Unies en Guinée, Amata Dioubaté, un tel document doit servir d’outil d’appui pour les partenaires techniques et financiers dans leurs actions de développement en faveur du pays.

Amata Djoubaté, représentante du PNUD en Guinée

« Cette stratégie donne les grandes orientations autour desquelles les appuis des PTF doivent s’adosser. Son alignement aux priorités nationales est non seulement pertinent, mais déjà tout à fait établi. C’est pourquoi la mise en place d’un cadre de concertation de ce genre, avec les partenaires au développement sur la digitalisation et l’économie numérique, est essentielle pour le financement et la mise en œuvre de cette stratégie », a -t-elle précisé.

Selon la coordinatrice du Système des Nations Unies en Guinée, cette table ronde de deux jours n’est pas seulement un cadre de dialogue, c’est une étape capitale qui amène les différentes parties prenantes à définir ensemble les fondations d’un écosystème numérique plus inclusif, plus durable et au service de chaque citoyen guinéen. Christelle Younès a d’ailleurs rappelé la place qu’occupe de nos jours le digital dans les secteurs de développement socio-économique.

Christelle Younes, coordinatrice du système des Nations unies

« Le numérique est un axe stratégique transversal qui fait partie des six transitions à même de catalyser, de booster la réalisation des objectifs de développement durable. En matière de transition énergétique, la gestion numérique des réseaux d’énergie peut optimiser l’utilisation des énergies renouvelables, réduire les pertes et favoriser une production durable. Pour les systèmes alimentaires durables, les plateformes numériques peuvent améliorer la gestion des chaînes d’approvisionnement, réduire le gaspillage et augmenter la productivité agricole grâce à des outils comme l’agriculture de précision. Pour la santé universelle, la télémédecine, la gestion numérique des dossiers médicaux et des applications de prévention renforcent l’accès équitable aux soins, surtout dans les zones rurales. En faveur de l’éducation de qualité, les technologies éducatives permettent d’atteindre les populations marginalisées et de fournir des ressources d’apprentissage de haute qualité, même à distance », a-t-elle expliqué.

Bien que les avancées dans le domaine soient remarquables, il existe des données numériques disparates au sein de l’administration guinéenne. Chaque département possède sa propre base de données, un facteur qui entrave l’interconnexion et l’interactivité entre les structures étatiques. Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, présidant la cérémonie de restitution des acquis issus des concertations, souhaite que la stratégie nationale de digitalisation de l’État résolve ce problème.

Amadou Oury Bah, Premier ministre

« Vous avez des applications au niveau de la douane, des applications au niveau des impôts, des applications au niveau de la banque centrale, des applications un peu partout et avec des sigles qui vous font perdre la tête, et parfois vous donnent des vertiges… Et en plus, des fois ces systèmes ne sont pas interopérables. Et si ces systèmes ne sont pas interopérables, cela veut dire qu’en fait on ne fait que recopier l’existant en le mettant sous le couvert du numérique pour faire quelque chose à la mode. Or, le numérique, c’est pour accroître les capacités administratives pour être plus efficace, plus efficient, plus transparent, plus rapide et qui permette une interopérabilité de toutes les applications que nous utilisons au niveau de nos administrations et que nos fichiers puissent parler. Parce que sinon, nous créons une féodalité », a-t-il expliqué.

Au cours des débats, plusieurs défis ont été définis entre autres : la centralisation des projets sectoriels sur une plate-forme disponible en ligne, la nécessité d’avoir des interlocuteurs qualifiés dans les départements sectoriels capables de gérer les projets complexes et dialoguer efficacement avec les partenaires techniques et financiers.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620995817

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