Tragédie de N’Zérékoré, enlèvement de Habib Marouane : Youssouf Camara de l’UFDG dénonce des « méthodes de brutalité et de terreur »

Youssouf Camara secrétaire Fédéral de l’UFDG à Matam

Au moins 56 personnes ont perdu la vie dimanche dernier à N’zérékoré lors de la finale du tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya. Plusieurs autres personnes ont aussi été blessées dans ce drame survenu au stade du 3 avril. Une situation qui a endeuillé tout le peuple de Guinée. Le gouvernement, à travers le ministre de la justice, a déjà annoncé l’ouverture d’enquêtes judiciaires pour “établir les responsabilités dans cette tragédie et engager des poursuites pénales contre les présumés auteurs et complices”. Mais, dans un entretien accordé à Guineematin.com hier, mercredi 4 décembre 2024, Youssouf Camara, secrétaire de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée) à Matam, a souhaité que ce dossier soit transféré à une juridiction supranationale. 

« Je commence par présenter mes condoléances au peuple de Guinée, aux familles biologiques de l’ensemble des victimes. C’est un coup très dur. Tout ça à cause de l’obstination du CNRD. Aujourd’hui nous demandons justice pour ces victimes, parce qu’il y a eu des dizaines de morts. Résultat, on ne peut pas faire un bilan complètement total, parce qu’on a appris de sources sûres que jusque-là, il y a certains parents qui n’ont pas reçu les corps de leurs proches. Et selon les informations, il y a aussi des corps qui ont été envoyés au camp. Nous allons interpeller le peuple de Guinée afin que justice soit faite dans cette affaire. A défaut, puisque nous avons une justice, sous l’ordre du CNRD, nous demanderons à ce que ce dossier soit transféré dans les juridictions supranationales, pourquoi pas à la cour de la CEDEAO, voire même la cour pénale internationale. Parce que c’est inadmissible que nous acceptions un tel drame, qui a été fait en toute liberté et impunité par les autorités en place », a martelé Youssouf Camara.

Au passage, ce cadre de l’UFDG a rappelé que ce sont les autorités du CNRD eux-mêmes qui avaient interdit les mouvements de soutien dès leur avènement au pouvoir, en 2021. 

« Le CNRD informe au vaillant peuple de Guinée, l’interdiction des matchs de football et les mouvements de soutien sur les places publiques. Donc, c’est une déclaration officielle qui a été lue le 18 septembre 2021 lors de leur avènement au pouvoir. Il faut également rappeler qu’en octobre 2022, il y a eu l’interdiction des manifestations sur la voie publique. Donc, c’est pour vous dire qu’il y a des mesures qui ont été prises par les autorités de la transition, à cause des intérêts d’imposer illégalement la candidature du Général Mamadi Doumbouya, pour autoriser les mouvements de soutien, en violant leur propre interdiction », a-t-il rappelé.

Par ailleurs, le secrétaire fédéral de l’UFDG à Matam a pointé la responsabilité des autorités de la transition dans ce drame.

« Nous demandons qu’il ait une commission d’enquête pour situer les responsabilités sur ce cas de meurtre. Selon les chiffres de la déclaration de la diaspora forestière, ça avoisine les 300 victimes. Hier, il y a d’autres ONGs de la place qui ont parlé de 135 morts. Donc, l’impunité ne doit pas continuer à régner chez nous. La manière dont on a pu sanctionner les auteurs du crime du 28 septembre, un autre crime a été commis sous la transition, par les autorités de la transition, et nous demandons que justice soit faite. Parce que c’est l’intervention des forces de l’ordre qui ont occasionné les bousculades. Les gens ne se sont pas mis à fuir comme ça comme des fous sans aucune raison. Regardez bien les vidéos, on voit les pick-ups de gendarmes, et il y a eu des tirs de gaz lacrymogènes », a expliqué ce membre du parti de l’UFDG.

Profitant de l’occasion, Youssouf Camara a exprimé son indignation face à l’arrestation arbitraire du journaliste Habib Marouane Camara. Une arrestation survenue mardi dernier à Conakry.

« Je crois que c’est encore une nouvelle arrestation arbitraire de la part des forces de l’ordre sur la personne d’un journaliste. Bien avant Habib Marouane, il y a eu d’autres cas de kidnapping. Le cas de Foniké Menguè et Billo Bah, il y a aussi le cas du jeune Gnéloye du RPG. Il faudrait interpeller les autorités que la Guinée n’est pas la nouvelle Colombie, on ne peut pas aspirer à un État de droit en utilisant des méthodes de brutalité et de terreur sur les activistes politiques et les journalistes. Donc, je condamne avec la dernière énergie, le kidnapping de Habib Marouane Camara », a-t-il martelé.

Mariama Barry pour Guineematin.com

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