16 jours d’activisme contre les VBG : le film wamali vecteur de sensibilisation des populations de Lambanyi et de Matam

Dans le cadre de la célébration des 16 jours d’activisme, l’ONG Amali, en collaboration avec l’ambassade du royaume de Belgique en Guinée, a procédé les 4 et 6 décembre 2024 à la projection du film documentaire « Wamali ». Ce sont la maison des jeunes de Nongo (dans la commune de Lambanyi) et le lycée-collège 1er mars (dans la commune de Matam) qui ont servi de cadre à ces différentes projections.

Le film « wamali » tire son origine de la langue soussou qui signifie littéralement en français « aidez-la ». Il met en lumière les violences conjugales et le viol qui constituent des formes de VBG les plus répandues en Guinée. Sa réalisatrice, Houray Bah, également présidente de l’ONG Amali, parle des principaux facteurs aggravants de ce phénomène que ce film documentaire tente de mettre à nu.

Houray Bah, présidente de l’ONG AMALI

« Souvent les sensibilisations se vont plus vers les personnes instruites dans les écoles, dans les universités et dans les institutions. On a jugé nécessaire d’impliquer les personnes non scolarisées, parce que c’est important et parce que c’est là que ça se passe, dans la communauté. C’est dans la société de tous les jours et c’est eux : nos papas, les religieux, les responsables des quartiers, les jeunes qui ne vont pas forcément à l’école. On s’est dit qu’il fallait aussi impliquer cette communauté pour la sensibilisation sur ce fléau. On espère qu’ils ont compris que d’abord c’est une réalité et qu’ils prennent conscience que ça a pris de l’ampleur, que c’est quelque chose qui se passe dans notre société et que c’est extrêmement dangereux et destructeur et que tous ensemble, nous devons nous donner la main pour éradiquer ce fléau », a-t-elle expliqué.

Le film « Wamali » est un court métrage de 25 minutes qui montrent les sévices corporels que plusieurs femmes ont subi dans leurs foyers et des cas de viol enregistrés sur certaines filles et femmes. Dans le lot de témoignages, le cas d’une jeune fille de 4 ans violée par son père adoptif a retenu les attentions.

Particulièrement touchée par cette situation, Safourata Camara appelle les victimes à briser le silence.

Safourata Camara, participante

« Le conseil que je dois donner aux gens, quand quelqu’un est victime, elle doit oser dénoncer. Si on ne dénonce pas, les violences ne vont jamais finir. Surtout le cas de la petite fille de 4 ans qui a été violée par son tuteur, soi-disant papa. C’est anormal, la maman doit dénoncer. Mais si on dit : quand tu dénonces, c’est ceci, c’est cela, les violences ne finiront jamais. Et les femmes qui sont battues par leurs maris doivent dénoncer. Pour la première fois, tu peux avertir ton mari, mais deuxième fois, il faut dénoncer. On doit finir avec les violences, les femmes ne sont pas des esclaves des hommes », a-t-elle indiqué.

Aux côtés des sages, des religieux et des femmes non scolarisées invitées à prendre part à la projection, se trouvent le président de la délégation spéciale de Lambanyi, Fafa M’bira Manè. Pour le premier responsable de cette commune, de telles initiatives sont salutaires et doivent être démultipliées pour une large compréhension.

Fafa M’bira Manè, président de la délégation spéciale de Lambanyi

« Je souhaite à cette ONG de la persévérance, de la pérennité dans les actions. Aux personnes de bonne volonté, voilà une ONG à laquelle il faut venir en appui pour qu’elle aide nos communautés à se former et à être sensibilisées pour qu’ensemble chacun de nous, partout où il sera, qu’il soit en mesure de dire non à cette violence, et comment nos enfants, nos épouses et nos sœurs doivent faire pour éviter d’être dans le pétrin », a-t-il dit.

Dans la commune de Matam, c’est le même exercice, avec un autre public cible. Ici, ce sont des élèves du lycée-collège 1er mars qui ont bénéficié de la projection du film. Loba fidèle, élève en classe de terminale, a suivi le documentaire avec attention. En tout cas, elle sort de la salle de projection avec pleins d’amertume et de consternation. La jeune fille souhaite désormais être la porte-voix auprès d’autres personnes.

« Mon message est que nous soyons tous ambassadeurs et ambassadrices afin de pouvoir sensibiliser même nos parents dans la société afin de lutter contre ce fléau. Nous remercions tous ensemble l’ONG AMALI, parce que grâce à ça, nous avons compris beaucoup de choses », s’est-elle réjouie.

Sékou Camara est le proviseur de cet établissement d’enseignement public. Il est ravi du choix porté sur sa structure scolaire et espère que ce film documentaire va changer de manière positive le comportement des élèves.

Sékou Camara, proviseur du lycée-collège 01 mars de Matam

« C’est un honneur pour nous de voir mon école choisie pour abriter cette session de sensibilisation axée sur les violences basées sur le genre. Ce thème a une importance capitale. Nous souhaitons qu’à la sortie d’ici que le thème débattu marque sur le comportement des élèves de façon positive. Qu’ils soient des ambassadeurs auprès des différentes familles, auprès de leurs amis pour qu’au lieu de passer à la violence qu’ils puissent privilégier le dialogue, et c’est très important. Même si c’est avec ta femme, ce qui est bon, ce qui est joli à voir, c’est de passer au dialogue, c’est d’échanger, mais pas la violence », a-t-il indiqué.

Partout, la projection a été suivie de débats et d’échanges au cours desquels les participants ont également eu l’opportunité d’apporter leurs points de vue sur les VBG en Guinée avec les initiateurs. L’ONG Amali a aussi mis des numéros à la disposition des participants sur lesquels ils pourront dénoncer les cas de violences.

Lamine Kaba pour Guineematin.com 

Tél : 620995917

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