Drame à N’Zérékoré : « Il faut identifier tous les présumés auteurs, complices et commanditaires » (Kaly Diallo)

La tragédie survenue à la finale du tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya à N’Zérékoré continue de susciter l’indignation des défenseurs des droits de l’homme. Parmi eux, Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits humains, qui s’est exprimé au micro d’un reporter de Guineematin.com jeudi 05 décembre 2024. L’activiste dénonce ce qu’il qualifie de violation des droits fondamentaux et appelle à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur cette affaire.

D’entrée, Mamadou Kaly Diallo a dénoncé la banalisation de la vie humaine dans notre pays. « C’est une réaction d’indignation, car la vie humaine est banalisée en République de Guinée, malgré le fait que l’État a l’obligation de protéger tous ses citoyens en toutes circonstances, sans discrimination, sans tenir compte des races, des ethnies, des régions et des religions. Malgré le fait que la Guinée dispose de textes juridiques qui sacralisent la vie humaine, nous constatons de nombreuses atteintes à cette vie humaine, allant jusqu’à la banaliser. Il est important de rappeler qu’en vertu de l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. Cela constitue l’un des devoirs impérieux, une des obligations régaliennes de l’État, de garantir ces droits en toutes circonstances. Il est nécessaire de chercher la vérité ».

Poursuivant, cet activiste des droits humains appelle à la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour éclairer la lanterne de l’opinion sur cette affaire. « Nous savons qu’il existe une crise de confiance entre la justice et les justiciables, ainsi qu’une autre crise de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Je pense qu’il est crucial de mettre en place une commission nationale d’enquête indépendante, qui pourrait identifier à la fois les causes exactes des violations des droits de l’homme, le nombre exact de morts, le nombre exact de blessés, et éventuellement, ce qu’il est advenu des personnes disparues. Une commission d’enquête indépendante pourrait élucider cette affaire et pourrait contribuer à créer un climat de confiance, à condition que toute la vérité soit révélée. Il ne faut pas s’arrêter là. Il faut identifier tous les présumés auteurs, complices et commanditaires, s’il y en a, et les traduire devant un tribunal impartial et indépendant. En cas de violations des droits de l’homme, il faut analyser comment l’enquête a été menée. Le rapport des organisations sous-régionales de défense des droits de l’homme précise bien que cela découle de témoignages, c’est-à-dire de sources connues, telles que les chefs de quartier, les religieux, les morgues et les hôpitaux. Il faut documenter qui a été victime et qui ne l’a pas été. Sur la base de cette documentation, on peut arriver à la conviction que c’est la vérité. C’est un début de vérité, car tout n’est pas encore connu. Comme l’ont dit ces organisations, il y a des personnes disparues. Ainsi, il est important de mener les enquêtes de manière sincère et indépendante, et de dire la vérité. En attendant, il sera difficile de croire au chiffre de 56, d’autant plus que c’est sur la base de la documentation qu’on a avancé ces chiffres. Pour le moment, elles ont donné un chiffre de 135. Je pense même qu’on pourrait envisager une commission mixte, c’est-à-dire État et société civile, pour mener à bien ces enquêtes. L’intérêt général et le bénéfice de ces investigations pourraient permettre de faire en sorte que la vérité soit connue. Évidemment, si la vérité est révélée et les responsabilités établies, cela pourrait ouvrir la voie à un pardon sincère. Mais avant cela, il sera très difficile d’y parvenir. Je pense qu’il faut aller dans cette direction », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, Mamadou Kaly Diallo invite le Président de la transition au respect des droits de l’homme et au respect des engagements pris tout en organisant les élections. « Malheureusement, c’est ce qui se passe dans les pays moins avancés en matière d’instauration de l’état de droit, de promotion de la démocratie et du respect des droits humains. On pense que les défenseurs des droits de l’homme sont des opposants, alors que ce sont des règles et des principes universels, sans lesquels la cohésion sociale ne peut être possible. Ainsi, il est urgent de promouvoir et de respecter les droits de l’homme, afin de permettre à la paix, à l’entente et à la cohésion sociale de vivre, en toutes circonstances. Je pense d’ailleurs qu’il serait nécessaire que le président de la transition fasse une déclaration solennelle sur le respect des droits de l’homme et des libertés publiques en République de Guinée. Il faut aussi organiser des élections libres et transparentes afin de sortir de la transition. Je pense qu’un des éléments clés de cela est le respect des engagements pris. Le respect de ces engagements permettra de recréer ou de créer un climat de confiance entre les gouvernants et les acteurs sociopolitiques du pays, en mettant en place un cadre de dialogue inclusif, serein et sincère, afin de discuter de l’avenir de la transition et de comment revenir à un ordre constitutionnel dans un climat de paix et d’apaisement », a souligné l’activiste.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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