Malgré le bilan élevé de morts et de blessées, certains citoyens ont réussi à s’extirper de « l’enfer » du stade du 3 avril de N’Zérékoré. Alors que certains étaient venus pour assister à cette finale et supporter leur équipe, d’autres assuraient la couverture médiatique de cet événement sportif. C’est le cas de Pépé Blaise Théa, journaliste à la radio émergence FM de N’Zérékoré, qui dit avoir vécu une soirée difficile. Dans son récit, le journaliste dit avoir eu la vie sauve grâce au concours d’un bon samaritain. Dans un entretien accordé à l’équipe de Guineematin.com basée dans la préfecture de N’Zérékoré, il a expliqué sa mésaventure et réclamé justice.
« Comme vous le savez, c’était un tournoi où mon site a été invité pour couvrir l’évènement. Une fois que nous sommes arrivés au stade, le match avait très bien commencé avec les discours officiels. A un moment donné, il y a eu quelques faits de jeu au terrain. Et à chaque arrêt de jeu, les supporters commençaient à jeter des sachets d’eau, d’autres avec des bois voire même des pierres au terrain. Mais à chaque fois que le match commençait, le public se calmait. Il y a eu un autre fait de jeu où un joueur est resté couché longtemps au sol et qui ne voulait pas se lever. Il fallait appeler la croix rouge pour le sortir du terrain, mais il a refusé. Et donc, l’arbitre a décidé de lui donner un carton rouge. Pour l’arbitre, il devait sortir, mais le joueur en question n’avait pas reçu un carton, et il a annulé le carton rouge. Il y a un joueur de l’équipe de Labé qui est venu taper sur la poitrine de l’arbitre. Cela l’a énervé, et il lui a donné le carton rouge », explique notre confrère.
Poursuivant, Pépé Blaise Théa est revenu sur le pénalty qui a mis le feu aux poudres. « Après ça, le jeu avait continué, et à la 83ème minute, vu que l’équipe de N’Zérékoré avait obtenu un pénalty, l’équipe de Labé a protesté et ils s’en sont pris à l’arbitre, le pourchassant sur le terrain. A un moment donné, le terrain était envahi par plusieurs personnes. Entre-temps, la police avait commencé à lancer des gaz. En ce moment, j’étais avec une collègue journaliste avec qui on s’est sauvé pour aller vers la grande porte. Chose qui était difficile et impossible pour nous puisqu’il y avait assez de monde. Dans cette foule, il y avait des véhicules pour sortir, mais c’était très difficile. Nous avons décidé d’escalader le mur, mais c’était impossible. Ma camarade disait qu’elle ne pouvait pas escalader, et on avait finalement décidé de s’arrêter. La chance pour nous, il y avait la voiture d’un inspecteur de la ville qui était garée. Et, c’est vers ce dernier que nous sommes allés et qui nous a acceptés, chose qui nous a sauvés », révèle-t-il.
Par ailleurs, notre confrère raconte le calvaire de certains adolescents. « Je vous avoue que c’était très pénible. Les enfants étaient venus monter derrière le pick-up, et d’autres étaient devant la voiture en demandant de l’aide pour les sauver. Nous sommes restés, le renfort est venu à 20h 30 environ parce qu’on avait peur pour notre sécurité. Donc, on était obligé d’y rester. C’est à l’arrivée des renforts qu’on a pu aller à la maison », a fait savoir Pépé Blaise Théa.
Malgré cette bousculade, le journaliste dit s’en être sorti sain et sauf. « Par la grâce de Dieu, rien ne nous est arrivé de grave. Seulement au début, le gaz nous a étouffés. Heureusement qu’on avait vu la voiture de cet inspecteur, et c’est ce qui nous a sauvés. Si ce n’était pas ça, je ne sais pas ce qui allait nous arriver. Peut-être que les gens allaient dire que deux journalistes sont restés dans cet évènement. Seul cet inspecteur qui nous a sauvés du fait qu’on soit monté dans sa voiture. Je n’ai pas perdu de matériel. Heureusement, je n’étais qu’avec mon téléphone et le dictaphone. Et c’est bien ce que je dis, si ce n’était pas la voiture de cet inspecteur, on allait tout perdre. Mais ma camarade qui était avec moi avait perdu sa moto », a-t-il fait comprendre.
En outre, le jeune homme demande à ce que toute la lumière soit faite sur cet événement. « Je demande aux autorités de prendre leurs dispositions pour ce genre d’événement. Et, il faut surtout la sécurité dans ces mouvements pareils. Je demande à ce que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé au stade, et que les gens reconnaissent leur tort. Sinon, cela pourra être continuel parce que N’Zérékoré est devenue une ville où les problèmes ne se résolvent pas. Je prie que l’âme des défunts repose en paix », a dit Pépé Blaise Théa.
De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com
Tel : (+224) 620.58.60.02